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Commentaire de prolapsus

sur Le temps des geigneurs


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prolapsus 30 septembre 2009 20:04

En somme, toute information auquelle l’homme ne peut répondre lui apporte chagrin et colère.

On peut modérer cette affirmation par l’exemple du parcours scolaire d’un étudiant qui engrangera des informations pendant de nombreuses années sans que cela ne lui apporte ni chagrin ni colère, juste des connaissances supplémentaires qu’il n’aura ni la possibilité de réfuter, ni la disposition d’esprit pour les remettre en cause. Ces informations constitueront un cocon protecteur, des certitudes relatives, et autant de références « solides » sur lesquelles il pourra s’appuyer pour démarrer une carrière conforme.

A l’heure des mass-médias, ce dépit devient une habitude car nous recevons beaucoup d’information involontairement ou contre notre gré : les affiches publicitaires sont l’exemple évident.

C’est vrai que les messages publicitaires polluent inutilement mais il ne faut pas perdre de vue que le cerveau humain effectue un triage des informations qu’il reçoit, notamment en leur attribuant une importance relative à la charge émotionnelle, entre autres facteurs.

Mais il y a aussi toutes les informations sur lesquelles nous pouvons exercer un contrôle. Regarder un divertissement télévisuel est naturel : cela détend, apporte du plaisir. 

Vous avez raison mais vous semblez donner une certaine importance aux notions de plaisir / déplaisir bien que ces dernières ne soient pas toujours en phase avec l’intérêt d’un individu. Manger apporte du plaisir, fumer une cigarette aussi, ainsi que faire l’amour et des milliers d’autres actes, mais cela peut aussi nous tuer lentement. Quand au divertissement télévisuel, s’il ne nous est pas directement nuisible il ne favorise pas plus l’interactivité et la réflexion, il conforte plutôt nos habitudes de consommation et notre inertie.

A l’inverse s’informer des actualités est souvent une expérience désagréable : les informations sont souvent négatives et dépassent nos possibilités d’actions.

Encore une fois vous avez raison mais s’informer est un mal nécessaire puisque nous vivons en société. Bien que je ne considère pas les médias « mainstream » comme sources d’informations des plus fiables, ils permettent une lecture des faits, selon leur politique éditoriale respective. L’information orientée n’a pas pour vocation de susciter une réaction mais de nous mettre dans certaines dispositions d’esprit.

Pourquoi s’en informer, alors ? Par curiosité et par orgueil : pour l’espoir d’une bonne nouvelle et pour les plaisirs direct et indirect de la connaissance : direct quant à notre croyance en la supériorité (quantité et/ou qualité) de notre savoir, indirect quand cela nous sert à informer, instruire, autrui. Evidemment, curiosité comme orgueil sont choses naturelles, bien qu’aussi irrationnelles.

Ne peut-on prétendre ici que la principale motivation des personnes qui souhaitent s’informer est tout à fait légitime. Au delà de l’orgueil et de la curiosité qui sont incontestables pour certains, il serait exagéré de déclarer que ce soit les seules raisons qui poussent les internautes (par exemple) à s’informer de manière compulsive.

Nous ne sommes pas tous égaux devant les flux d’informations auxquels nous avons accès. Entre ceux qui prennent tout au pied de la lettre et ceux qui sont capables de qualifier une source d’information, de procéder à des comparaisons et des recoupements de sources divergentes, il y a un pas que je ne franchirais pas.

Contrairement aux médias traditionnels qui poussent l’information vers le lecteur (l’auditeur et le téléspectateur aussi) en prenant acte de l’énorme avantage de son inertie et de l’impossibilité qui lui est faite de répondre, Internet apporte de nouvelles possibilités et de nouveaux dangers avec.

Entre avoir une version des faits proposée à l’unisson par les médias aux ordres et avoir une multitude de versions divergeantes venant de sources plus ou moins dignes de confiance, je préfère encore la seconde alternative car la qualité de l’information relève alors plus de la compétence du lecteur que du bon vouloir de ceux qui règnent en maitres sur les salles de rédaction.


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