Bonsoir morice,

Ai lu vitre démonstration avec intérêt - sans partager toutes vos analyses je la trouve néanmoins assez juste.

De tout temps il y a eu une ambiguité dans l’antisémitisme qui lui a permis de ratisser à droite et à gauche pour, finalement, recouvrir la même géographie. Et on n’a pas du tout attendu la création d’Israël, car force et de constateur que les même diatribes antisémites - parfois même la même terminologie, je pourrais en donner des exemples, étaient formulés dans les années ’20, et associant les conspirations des banquiers juifs, des francs-maçons, et les bolcheviks de la toute nouvelle Union soviétique.

Contrairement à ce que mes attitudes polémiques pourraient suggérer par moments (on est parfois obligé de défendre le moindre mal contre l’outrance) je peux cautionner des critiques sévères de la politique israëlienne ; je peux même, en jouant aux uchronies, imaginer parfaitement un monde qui, faisant l’économie de la Première guerre mondiale et a fortiori de la seconde, n’aurait jamais eu besoin d’un état juif - et de la quasi totalité des états nationaux qui se sont chamaillés, fait la guerre, et empoisonné la diplomatie depuis 1918.En revanche, je dénonce l’antisionisme fanatique lorsqu’il prend pour cible non pas les errements ou les crimes d’Isräel, mais une fantasmagorique conspiration de puissants, tous juifs comme par hasard, siégeant tout autant à la tête des grandes banques que des organisations politiques, médiatiques, ésotériques et que sais-je encore. En somme, le ’complot sioniste’ épouse à la perfection les contours du ’complot juif’ d’antan - mêmes organisations, mêmes personnes, même puissance fantasmée. Difficile dans ce cas de ne pas estimer que l’un n’est que la copie carbone de l’autre.

D’ailleurs les antisémites d’antan, contrairement à ce qu’on allègue pour disculper certains antisionistes fervents, n’avaient rien, non plus, contre la simple expression de la religion juive. « Nous ne vous empêchons pas d’aller à la synagogue, nous vous empêchons d’aller dans nos poches » affirmait Guérin, l’un des fondateurs de la Ligue antisémitique, qui s’est distingué lors de la pantalonnade de Fort Chabrol. Des Juifs bien discrets, bien humbles étaient tolérables. C’est exactement ce que pensent les franges radicales de l’antisionisme actuel. Seulement, si à l’instar des vieux antisémites d’il y a cent ans ils décrient la puissance juive, cosmopolite et manipulatrice, au pouvoir dans les pays où les Juifs sont minoritaires, ils veulent en plus leur interdire un foyer national.