Le loup est de nouveau en France depuis une quinzaine d’années au moins (Sauf dans lesAlpes où effectivement des meutes de Loups des Abbruzzes s’y sont oujours baladées). Si certains loups dans les pyrénées puissent être d’origine espagnole, il semble que des loups italiens aient aussi pu rejoindre les pyrénées orientales via la Lozère.
Le silence de ceux qui ont relevé sa présence s’explique par la mauvaise image véhiculée par les contes enfantin au sein de la population et l’effroi sans fondement que suscite la seule évocation de se présence en un lieu. Révéler la présence du loup va se solder en effet par un tollé.
Pourtant le loup n’est pas dangereux, et il faut des conditions très particulières pour qu’il s’en prenne directement à l’homme. Si l’été il se contente de petites proies, l’hiver les loups forment des meutes plus conséquentes pour s’en prendre à des gibiers plus conséquents (cervidés et autres).
Quelques lynx espagnols viennent se balader sur les versants français des pyrénées (j’avais relevé une de leurs empreintes il y a une vingtaine d’années).
Les vautours sont à présent vus comme des prédateurs potentiels suite à des observations d’attaques sur des vaches, mais pour la plupart il s’agissait soit de vaches vêlantes ou soit souffrantes (blessées). Ces observations inhabituelles, le vautour étant capable d’attendre plusieurs jours pour s’en prendre à une carcasse, sont la conséquence de l’arrêt du nourrissage sur sites des vautours sur le versant espagnol.
Il ne faut pas confondre ces cas là de reconquête du milieu par des espèces avec les cas de réintroduction forcée.
Originaire des Pyrénées, j’ai grandi avec la présence de l’ours, les histoires fantasmatiques du copain qui le week-end a vu l’ours au cours d’une randonnée avec son père, ou de l’oncle qui..., etc. Et les photos de presse, présentant un groupe de valeureux chasseurs et bergers qui posaient autour de la dépouille de l’ours qui terrorisait leurs troupeaux... Lou Moussû (le monsieur) comme on dit chez nous, inspiré à la fois la crainte, le respect d’une montagne sauvage abritant encore un fauve dans l’hexagone, et parallèlement un sentiment de fierté, celui de vivre dans la région de l’ours. Après les coupures de presse relatant les exactions du moussû et les battues qûi s’ensuivaient, vint le temps des articles sur la raréfaction de l’ours dans les endroits où il avait toujours vécu, s’éloignant de plus en plus vers les massifs des pyrénées centrales, et le triste compte à rebours de leur nombre.
En 1986, alors que je passais une estive en montagne, j’ai eu l’occasion de trouver des traces de sa présence en vallée d’Aspe, pourtant le vacher qui passait toutes ses estives entre 1800 et 2200 depuis une quarantaine d’années ne l’avait plus vu depuis une quinzaine d’année. Et quand il le voyait, il s’en était quitte d’une sacrée frousse lors des rencontres nez à nez, ou se limiter à le regarder à distance, depuis sa cabane, se servant de ses griffes comme un peigne pour se gaver des myrtilles, sans même s’intéresser au troupeau de vache dans les enclos juste à côté. Il suffisait parfois que les patous interviennent pour qu’il s’en aille.
Il aurait été possible de protéger l’ours, mais pour cela il fallait protéger la montagne, ses forêts et ceux qui y vivaient il y a une quarantaine d’années. Lorsque la population des ours pyrénéens est tombée à moins d’une vingtaine d’individus, c’était déjà presque fichu. A ce moment là une réintroduction aurait pu vouloir dire quelque chose, l’économie éco-pastorale d’alors était encore compatible avec l’ours. Ce n’est plus le cas. Les troupeaux de brebis sont maintenant souvent livrés à eux-mêmes dans la montagne, les éleveurs se contentant de les surveiller à distance à leurs jumelles depuis leur 4x4. Les orages, les chiens lâchés par des touristes inconscients, sont davantage responsables des pertes de brebis que l’ours.
Vouloir réintroduire l’ours à présent fait plus l’office d’un alibi écologique que d’autre chose. Réintroduire l’ours ne peut se faire sans un retour des bergers au côté de leurs troupeaux... et c’est cette vie que beaucoup d’éleveurs ne veulent plus. Les bergers qui sont les moins hostiles à l’ours sont ceux qui aiment et connaissent le mieux la montagne parce qu’ils continuent à la vivre, quand d’autres veulent juste en vivre, car la passion d’une vie de berger a dû mal à le faire vivre. D’ailleurs, les bergers que l’on voit sont souvent des salariés des grands propriétaires des troupeaux.