Nul besoin d’attendre l’évaluation de cette mesure pour en tirer quelques constats dont l’éventuel succès ne remettrait pas en cause.
Tout d’abord, il pourrait être discuter de la nature de la récompense. Cette expérience menée, également à Marseille, au lycée professionnel Mistral, dans le VIIIe arrondissement, consiste à accorder aux élèves les plus assidus à des places pour assister aux matches de l’OM. On peut regretter ce choix qui n’a rien de culturel. Si on garde l’option d’une récompense, ce qui est contestable comme nous le verrons ultérieurement, alors il serait préférable de leur offrir plutôt un voyage scolaire humanitaire afin qu’ils aillent voir ailleurs ce qu’est vraiment une vie difficile. Beaucoup de personnes, de par le monde, envient notre école de la République, gratuite et ouverte à tous. En France les fainéants sont « rémunérés » pour aller en cours.
Cette expérimentation est exemplaire du renversement des valeurs. Ponctualité, assiduité, respect, travail sont des « pré-requis ». La récompense doit se faire par l’obtention d’un diplôme. N’est-ce pas, ainsi, reconnaître implicitement que les jeunes ont de bonnes raisons de sécher les cours ? Par cette disposition, le gouvernement Fillon reconnaît son échec et avoue son impuissance. Il faudra désormais rémunérer les élèves pour qu’ils respectent leurs obligations scolaires. Voilà comment se traduisent les beaux discours de campagne de sarkozy sur l’effort. Nous sommes en train de créer des générations de Français qui n’auront pour toutes valeurs, que celle de l’argent roi. Le rôle de l’école n’est pas d’apprendre aux élèves comment gagner de l’argent par tous les moyens, mais de leur transmettre du savoir et des valeurs, notamment humaines.
La récompense est collective afin de développer une certaine solidarité. C’est un des arguments développés. Mais la perversité de cette mesure est que cela va créer un problème en cas d’absence d’un élève pour un réel motif : Les autres élèves pourront lui en vouloir. Bientôt, les élèves n’iront en cours que pour l’argent et rien d’autre et à l’extrême, les élèves pourront aussi se mettre en grève s’ils ne s’estiment pas assez récompensés.
Si l’absentéisme des élèves de plus de 16 ans pose problème, pourquoi ne pas modifier l’âge de la scolarité obligatoire en le portant, par exemple, à 18 ans ? Sarkozy et son gouvernement Fillon accroissent les dépenses alors même qu’ils nous disent que le budget de l’enseignement est conséquent et que le projet de loi de finances pour 2010 prévoit un déficit de 116 milliards. Cette incohérence prend toute son importance au regard des économies préconisées, par ailleurs, au détriment de notre santé, de nos retraites.
Pour sarkozy, et beaucoup d’autres hélas, tout s’achète.Alors, pour eux, pourquoi ne pas acheter la présence des élèves, la paix sociale.