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Commentaire de regorama

sur Lorsque le héros est un homme


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regorama regorama 5 octobre 2009 17:42

La diversité de la pensée juive et la richesse de ses opinions permettent de comprendre qu’un héros de la dimension de Marek Edelman, qui vient juste de s’éteindre, ait contesté toute sa vie, l’existence de l’état d’Israël.

L’appartenance de Marek Edelman au Bund (Union Générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie) explique son opposition au sionisme et sa préférence pour une reconnaissance des juifs comme un groupe ethnique ayant un statut légal de minorité nationale.

Du point de vue du crypto marxiste nourri au sein de la pensée universaliste, les juifs, d’abord et avant tout citoyens de leurs pays respectifs, ne sauraient prétendre à bénéficier d’un particularisme qui de près ou de loin aurait à faire avec la religion.

Comme quoi, on peut être à la fois un héros digne d’éloges et un homme ancré dans ses certitudes. Son rejet viscéral des religions et en particulier de la religion juive lui faisait voir ce particularisme juif comme de nature essentiellement religieuse, à tort.

 

S’il existe un vocable extrêmement difficile à définir c’est bien le mot juif.

Les juifs sont-ils une ethnie ? Une race ? Une religion ? Un peuple ? Une nation ?

Est-ce l’antisémite qui a crée, perpétué et renforcé la singularité juive ?

De grands penseurs comme Karl Marx et Jean-Paul Sartre se sont essayés à lui trouver un sens, alors que, selon l’angle de vue sous lequel on l’examine, il en a une multitude.

Pour les uns est juif celui qui est israélite, pour d’autres est juif celui qui se dit juif ou encore celui qui descend des Hébreux.

Par conséquent on peut être pour ou contre l’existence de l’état d’Israël selon la combinaison et le dosage de chacune de ces tentatives de définition du particularisme juif.

 

Alors qu’il a lui-même vécu l’insécurité de la condition juive et qu’il ne pouvait ignorer qu’elle s’est exercée quels que soient le lieu, le temps et le régime politique, comment a-t-il pu s’opposer à la création d’un état-refuge, pour au minimum, accueillir tout juif qui se sentirait en danger ?

Aucun régime européen fut-il démocratique comme l’était celui de l’Allemagne sous la République de Weimar ne s’est dispensé d’infliger, à un moment donné, des persécutions à ses ressortissants juifs. (Jean-Claude Milner - Les penchants criminels de l’Europe démocratique, Verdier, 2003) 

Aucun groupe d’individus n’a subi une telle continuité dans la persécution pendant le long cours de l’Histoire et n’a été aussi souvent considéré comme étranger dans son propre pays, selon les circonstances.

 

L’indicible ayant été atteint avec la Shoah, les nations ont alors fini par accorder une terre d’exil à ceux qui avaient échappé aux massacres, faisant de ces morts-vivants, un peuple et une nation.

Depuis, les juifs des pays musulmans, victimes de discriminations et de pogroms incessants ont trouvé à leur tour le refuge d’une terre d’accueil.

Quant à la question de l’implantation de cet état juif dans une région surpeuplée de musulmans hostiles à son existence, il s’agit d’un autre débat.


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