Bonjour Mickaël,
Pour ajouter un angle de vue différent à la paranoïa je souhaiterais évoquer un contexte très particulier ou cette dernière trouve sa justification pleine et entière.
En Algérie, durant la décennie sanglante de guerre civile qui suivit l’interruption du processus électoral qui aurait du accoucher d’une république islamique, les citoyens de ce pays ont du ressentir les affres de la paranoïa face aux exactions commises par les deux camps. La question qui brulait les lèvres et s’affichait ostensiblement en gros titres sur les torchons de l’époque était « Qui tue qui ? »
Pareillement au Rwanda à l’époque où le génocide fut perpétré, quand la radio des milles collines crachait son venin, à qui se fier pour rester en vie et protéger ses proches, sinon à son instinct et à la paranoïa qui veille et nous fait suspecter les évènements les plus anodins.
Je me rappelle l’anecdote d’une de mes connaissances, un Algérien qui travaillait en France à l’époque des faits troubles qui eurent lieu en octobre 1961 à Paris, ainsi que l’année suivante. Il me racontait qu’ils étaient plusieurs centaines à attendre dans le métro et qu’ils devaient remonter pour rejoindre le lieu des manifestations pacifiques. Il m’a dit qu’avec un petit groupe d’autres personnes ils avaient le pré-sentiment que quelque chose n’allait pas et lui et ses compères restèrent en sous-sol, ce qui leur valut la vie sauve.
La paranoïa semble avoir une fonction irrationnelle mais pas moins réelle et efficace dans les contextes ou notre vie est en danger imminent.