Je viens aussi de voir passer cet article diffusé par Indymédia :
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=72932
Les adhérents des partis représentent un centième de la population
L’élection de Ségolène Royal en tant que candidate du Parti Socialiste Français aux présidentielles de 2007 a donné lieu à un grand nombre de dépêches, dont certaines rappellent le nombre total des adhérents de ce parti : un peu plus de deux cents mille. De son côté, l’UMP revendique un chiffre légèrement en dessous de trois cents mille. Globalement, le nombre total d’adhérents de l’ensemble des partis politiques français représente un centième de la population du pays. Pourtant, à l’approche des élections présidentielles et législatives, les campagnes d’adhésions organisées par ces partis n’ont pas manqué... Dans les débats sur la Toile, des internautes ont soulevé une simple question : quelle est, dans ces conditions, la représentativité d’un monde politique qui détient, par le biais des exigences de signatures d’élus et des investitures de candidats, un réel monopole de la vie politique et administrative française ? Et combien, parmi ce centième de la population, disposent de moyens et d’informations permettant de participer vraiment à des prises de décision politiques ? Que peuvent attendre les citoyens d’une telle « représentation » ?
Les adhérents des partis politiques français représentent un centième de la population
En quoi consiste vraiment la tant vantée « démocratie française » ?
219.000 adhérents le Parti Socialiste, 290.000 l’UMP, 140.000 le Parti Communiste, 35.000 l’UDF... Pour l’ensemble des partis, on arrive globalement à un chiffre d’environ sept cents mille adhérents, alors que d’après l’INSEE la population française se situe autour de soixante-trois millions d’habitants. La politique de la France est donc faite par un centième de sa population et encore, au sein de ce centième, c’est une petite minorité qui dispose d’un pouvoir réel et d’un véritable accès aux dossiers et informations indispensables à une participation effective à la prise de décisions.
Par exemple, qui peut vraiment savoir ce qui a été dit, fait et décidé à l’Elysée dans la période 1982-88, lorsque Ségolène Royal était chargée de mission de François Mitterrand « pour les questions de santé, d’environnement et de jeunesse » ? Une fonction dont l’exercice même comporte, par définition, un certain nombre de secrets d’Etat. Or, 1982-88, c’est une période comprenant la campagne de promotion du Front National, l’attentat contre le Rainbow Warrior, l’accident de Tchernobyl, un certain nombre de désinformations d’Etat sur cet accident et sur les essais nucléaires... Lorsque Ségolène Royal a récemment répandu, avec l’aide très peu critique des grands médias, des déclarations affirmant même qu’en 1985 elle était opposée aux essais nucléaires français et favorable à l’action de Greenpeace, qui est en mesure de vérifier ses dires ? Tout ce que peut faire le citoyen ou le militant, c’est constater la parfaite incompatibilité entre ces prétendues prises de position et la cohérence de l’exercice de la fonction de chargée de mission de la Présidence de la République. Or, après l’attentat contre le Rainbow Warrior, l’intéressée est encore restée en poste pendant trois ans avant d’être parachutée par François Mitterrand dans les Deux-Sèvres en 1988 et nommée ministre en 1992.
Même des informations plus ou moins publiques, que l’on peut trouver par une recherche patiente, ne sont pas forcément connues des adhérents des partis. Par exemple, combien de militants du Parti Socialiste sont au courant de l’appartenance de Dominique Strauss-Kahn au Siècle, ou de Laurent Fabius à la Trilatérale ? Il ne semble pas que les infos du PS en parlent guère... Pareil pour d’autres partis (UMP, UDF...), dont les dirigeants fréquentent également toutes sortes de cercles d’influence et de réseaux. Et combien, parmi les adhérents du PS, avaient connu en temps utile les déclarations de janvier dernier de Ségolène Royal sur les horaires des enseignants ?
Il reste qu’un centième de la population représente, vu par le système, le pourcentage idéal pour rendre possible la conduite de la politique française en cercle fermé par une petite « élite », avec l’aide d’un nombre restreint de militants dont une partie significative jouit d’une position sociale aisée et dont beaucoup peuvent trouver un intérêt de carrière direct aux éventuelles réussites électorales. Au sein d’organisations de cette taille, les représentants directs du patronat, de professions devenues de plus en plus ses auxiliaires, de l’appareil d’Etat, de l’ « élite » gestionnaire, des hiérarchies des administrations... détiendront nécessairement un poids décisif dans la plupart des cas. Ce n’est pas un contexte qui puisse encourager à se poser trop de questions à l’intérieur des « grands partis ». Encore moins, à faire preuve d’une réelle transparence devant la majorité des citoyens qui, submergée par une véritable avalanche de problèmes immédiats graves, peut difficilement consacrer du temps à une réelle action politique. A fortiori, compte tenu des rudes déceptions des deux dernières décennies.
Doit-on s’étonner si, même après des affaires comme celles du Rainbow Warrior ou d’Outreau, ou après l’accablant rapport sur les prisons françaises du commissaire européen Alvaro Gil-Robles, et bien d’autres signes de profonds dysfonctionnements, aucun parti ne propose une réelle réforme des institutions ? Si, malgré la généralisation des situations de détresse, quasiment personne dans le monde politique ne met vraiment en cause les délocalisations, les privatisations, la généralisation de la précarité et de la misère, l’évolution constante vers une justice de plus en plus expéditive et sommaire ou vers un fonctionnement de plus en plus brutal de l’ensemble des administrations à l’égard des « petits administrés »... ? Et pourquoi les institutions ayant pour mission le contrôle de l’action du gouvernement et des administrations (Conseil d’Etat, tribunaux administratifs...) restent particulièrement intouchables ? Tout comme l’Ecole Nationale d’Administration, devenue un véritable centre unique de formation des « décideurs » et de l’appareil du pouvoir, et source naturelle d’une vaste confusion d’intérêts dans la gestion publique. Ou l’administration fiscale, dont les méthodes à l’égard des « petits contribuables » en difficulté ne cessent de ce durcir. Etc...
Ségolène Royal a même pu se permettre de parler d’un « encadrement militaire » et de « camps humanitaires » à l’égard de certains jeunes, alors qu’elle était candidate à l’investiture de son parti pour les présidentielles de 2007. C’est la voie ouverte à des pratiques extrêmement dangereuses dont la généralisation peut devenir incontrôlable, mais aussi la preuve que la « classe politique » sait très bien que rien ne va s’améliorer et que la débâcle sociale de la France ne fera que s’accélérer. Le développement de nouvelles filières répressives est devenu un sujet d’actualité, faute de la moindre intention de s’attaquer à la source sociale du problème. Le silence des politiques sur les causes économiques et sociales évidentes de la montée des infanticides maternels présumés, relève de la même stratégie. Ce n’est pas la souffrance des pauvres qui infléchira l’implacabilité des super-riches qui tirent les ficelles de la grande majorité du monde politique.
En réalité, dans cette « démocratie » de façade, une petite minorité sous contrôle a pris en otage l’ensemble de la population sur le plan politique et électoral. On a ainsi verrouillé de facto la représentation, déjà fort théorique, des citoyens. Phénomène générateur de dangers sans précédent depuis l’après-guerre, et qui appelle de toute urgence une prise de conscience, une dénonciation de la mascarade, une réaction conséquente... de la part de la véritable majorité qui souffre au quotidien des agissements de ce système pervers.
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