Petit ajout personnel au 2. de Valmour (s’il m’y autorise)
A propos des problèmes d’écoute « active ». Les enfants de maintenant sont dans un bain constant de bruit. Télévision, auto radio, magasins, centre-ville... On leur « parle » tout le temps. Ils ont pris l’habitude, pour leur survie psychique (c’est sûr et certain !), de ne plus entendre. Cette habitude se voit en classe par l’impossibilité pour le maître de passer par l’oral collectif. Cela ne concerne pas toutes les classes. Certaines cuvées seulement. (Et l’autorité du maître n’est pas en cause, puisque d’une année sur l’autre on peut ou on ne peut pas faire de l’oral en classe, selon le nombre d’élèves dont le comportement a été formaté par le fond sonore omniprésent).
Petite scène d’illustration dans une classe particulièrement représentative :
Le maître énonce le sujet de réflexion, la problématique, la question...
Tout se passe comme si l’élève lambda se disait : le maître ne s’adresse pas à moi personnellement, c’est un message d’ordre général, je peux donc appliquer le modèle « télévision fond sonore » : je n’écoute pas (voire même : je peux en profiter pour discuter avec mon voisin, qui réagit comme moi). Un rappel du maître le reconnecte une minute sur ce qui se passe en classe (ah oui, c’est vrai, j’ai oublié d’écouter) puis il replonge dans son univers parallèle. Soudain,un autre élève qui, lui, participe (ou se trouve interrogé par le maître) va émettre un mot qui va réveiller l’attention du télé-formaté et ce dernier va « participer au débat » en alignant deux ou trois lieux communs ou « expériences personnelles » sans lien avec l’intervention précédente. Perte de temps et d’attention pour ceux qui s’accrochent malgré la tentation de papillonner. Aucun intérêt pour le débat en cours.
Le fond sonore de la classe commence à monter car lorsqu’un troisième s’exprime à son tour.. cela veut sans doute dire qu’on a le droit de parler, se dit un autre qui n’écoute pas plus... Surtout que j’ai un bon mot à faire sur « maths et dessin »...
Soit le maître continue pour les douze qui suivent, tout en distribuant à tour de bras punitions pour les gêneurs, ou en alignant les chuts tous les trois mots (cela peut rendre fou !), ou en expédiant les irréductibles, qui dans le couloir, qui chez le collègue d’à côté, qui chez le directeur....
Soit le maître décide d’arrêter le massacre (moins de la moitié de la
classe suit ce qui se passe) et il renonce à sa séance orale. On pose la question par écrit. Il n’y aura pas de discussion, de partage, de confrontation, d’argumentation....
Évidemment, le maître n’est pas suicidaire, il renonce ! Ce qui veut dire, accessoirement, que l’élève qui ne sait pas écouter, ne pourra pas non plus l’apprendre en classe !!
Qu’on ne s’y méprenne pas. Ces élèves ne sont pas chahuteurs. Ils savent travailler sérieusement et silencieusement tant qu’ils doivent gratter du papier. Dès que cela passe par l’oral, ils ne maîtrisent plus leur comportement.
Ils n’arrivent pas à écouter : leur subconscient leur a appris, pour ne pas tourner dingue, à ne surtout pas le faire !!!
Notre société parle pour ne rien dire. Les enfants s’en sont rendu compte ! Le maître qui parle dans la classe, c’est un bruit de fond comme un autre.
Il rame, le maître, pour avoir une ou deux minutes d’attention aux moments clés. Mais une solution existe sans doute : instaurer un jingle pub avant toute passation de consigne de travail à l’oral !