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Commentaire de Catherine Coste

sur Le don d'organes, c'est comme les antibiotiques, c'est pas automatique !


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Catherine Coste Catherine Coste 24 octobre 2009 13:27

Claude,
Merci pour toutes ces recherches ! Les spécialistes des transplantations disent que pour avoir des organes vitaux viables à des fins de transplantation, il faut que le donneur meurt vite. Seule une mort rapide permet le don d’organes. D’où la nécessité d’un constat légal de décès anticipé. Les chirurgiens transplanteurs disent que la mort du donneur d’organes survient au bloc, au moment où on clampe l’aorte du donneur, et où la première équipe de prélèvement d’organes va intervenir pour prélever les organes (si prélèvement du coeur il y a, c’est l’organe prioritaire). Dans le film « Une affaire de coeur », qui montre la greffe de coeur de la petite Lorena, l’anesthésiste dit bien que son rôle s’arrête lors du clampage de l’aorte du donneur, c’est-à-dire lorsque le coeur du donneur est arrêté. Avant ce temps de clampage de l’aorte, à chaque prélèvement d’organes, les équipes chirurgicales marquent d’ailleurs un temps d’arrêt. On entend souvent : « Tout le monde est prêt ? » Chaque acteur de ces prélèvements sait bien que la mort physiologique du donneur suvient à ce moment. Mais sur le plan légal, ce donneur était déjà mort avant d’aller au bloc. Cette situation pour le moins bizarre, ce décalage entre mort légale et mort physiologique du donneur d’organes provient de la « règle du donneur mort », inscrite dans la loi : la mort cérébrale est la mort légale, justement pour permettre le prélèvement d’organes. C’est un comité de la Harvard Medical School qui avait fait équivaloir la mort cérébrale à la mort légale en 1968. Depuis août 2008, cette même Harvard Medical School appelle à la suppression de la « règle du donneur mort », en disant que cette règle est hypocrite, et qu’elle ne correspond pas à la réalité des prélèvements d’organes, telle que décrite plus haut. Il n’empêche que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il pourrait être dangereux de supprimer cette règle. Après tout, le corps médical a toute autorité pour déterminer la définition (et donc le moment) de la mort.

Mais comme vous l’expliquez, Claude, la seule science médicale échoue à donner une définition de la mort qui fasse consensus. C’est pourquoi il me semble important de réintroduire la question de la mort dans la question du don d’organes. Le don fait consensus ; la mort fait dissensus. D’où l’idée de dire que le don d’organes, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique ...


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