@ Luc-Laurent
Salut mon ami. J’ai lu l’un de
tes livres, comme je te l’avais promis dans un précédent échange (où on s’est
bousculé à propos des thèses girardiennes). J’y ai pris beaucoup de plaisir. Tu
es parfaitement clair et brillant : peut-être me convertiras-tu !!!
Au fait, tu n’étais pas à la conférence CERI-OCDE de 2002 ?
@ Eric de Trévarez
Les parents et les enseignants ne
sont pas des maîtres, mais des guides. C’est la meilleure façon de fonctionner.
Et vous idéalisez le passé. Les choses ne se passaient pas comme le croyez. On
taisait beaucoup de choses. Si vous ne souhaitez pas lire les ouvrages sur l’histoire
de l’éducation (dont le style est souvent lourd), vous pouvez lire des
autobiographies. Je crois que vous n’avez pas la formation adéquate pour
discourir sur ce que vous ignorez. Luc-Laurent est ici une source fiable et
pertinente. Votre pensée vient de la bile. Que connaissez-vous des stades de développement
piagétien, ericksonniens (apprentissage réflectif), de Vigotsky ou plus
récemment de Gardner ? Il n’y a pas eu de mai 68 aux US, pourtant les
problèmes sont pires qu’en France. Il n’y a pas eu de mai 68 en Finlande, pays
montré à tort par PISA comme un modèle. Pourtant un élève a massacré ses
camarades dans l’enceinte de son établissement. Alors qu’en France, malgré tous
les problèmes, ça n’est encore jamais arrivé ! Mais vu la violence de la
politique du gouvernement, cela va se produire. La violence appelle la
violence. Et n’oublions pas que l’adolescence est le stade où l’on veut être
tout-puissant.
Vous voulez des élèves qui se
taisent et obéissent à un maître tout-puissant. La restauration d’une illusoire
autorité absolue (Platon se plaignait déjà du comportement de ses élèves). Et
bien voici ce qui se passerait : la toute puissance d’un maître conduit à
ce qu’on appelle l’harm avoidance. Cela entraîne l’inhibition et la timidité
(racine de timidité : lâcheté), cela empêche de nourrir des projets, de
faire, d’expérimenter, brise la motivation comme rien d’autre, engendre des
frustrations. On fuit les protéines qui déclenchent la dopamine (c’est ça qui
donne envie de faire et d’expérimenter sur le plan neuro). Parmi les 5
problèmes majeurs dans les disfonctionnements des lobes frontaux qui affectent
la réflexion et l’apprentissage, les neuropsychologues Stuss et Benson (1993 je
crois) ont noté la perte d’ambition et de motivation qui conduisent à la
léthargie et l’apathie. Donc, une société autoritariste et absolument mauvaise.
Toutes, et j’insiste – toutes –
les recherches en neurobiologie, neuropsychologie, psychologie comportementale,
pédagogie, philosophie rejettent l’apprentissage par la peur et la menace.
Avez-vous entendu parler du système d’apprentissage émotionnel ?
A la fin des années 80 (je
crois), un chercheur américain a suivi une classe de Boston qui avait respecté
à l’école primaire, la pédagogie piagétienne. Ce n’étaient pas des élèves issus
de familles favorisées. Douze ans plus tard, aucun d’entre eux n’a fait preuve
d’un comportement violent !!!
Pour conclure, bien qu’il y
aurait encore une fois matière à disserter pendant des années – mais je sens
que Luc-Laurent est en forme -, le jeu est essentiel. Voir : Dunn &
Dunn + Robert Sylwester (A celebron of neurons + a biological brain in a
cultural classroom) + Panksepp et pourquoi pas Damasio. Sans compter tous les
autres, mais bon, la liste est longue. En tout cas les sources proposées ne
sont pas d’affreux soixante-huitards. Encore une fois, Bruno Hourst est un bon
vulgarisateur, et il a puisé aux bonnes sources. Tout le monde peut le lire.
Salut à tous, je m’en retourne à
mes recherches. C’est repos aujourd’hui ! Parce qu’étudier est un plaisir,
n’est-ce pas Eric ?
@ Luc-Laurent
Si tu as le temps, je crois qu’il
faudrait écrire des billets sur le sujet. Parce qu’on ne peut pas laisser dire
n’importe quoi. Cette société est déjà trop polluée par la sarkozite aiguë.