Sisyphe,
La seule justification de l’Etat c’st la protection qu’il offre aux administrés, en échange de laquelle ils ont abdiqué leur droit de se faire justice eux-mêmes. C’est ce que les philosophes décrivent dans le passage de l’état de nature à l’état de société. Mais seulement à condition que l’Etat remplisse ce rôle. Or il ne le remplit pas s’il revient sur des peines d’emprisonnement, relâchant avant terme des criminels dangereux. Et tout ton fatras de raisonnements sociaux n’y changera rien (même si, dans l’absolu, ils tiennent la route). C’est hic et nunc qu’il faut réagir. Et je n’ai pas plus d’états d’âme à mettre des criminels hors d’état de nuire que de défendre les frontières de mon pays contre des envahisseurs.
Mais je suppose que dans ta grandeur d’âme tu tolérerais que le violeur de ta fille, par exemple, vienne la narguer en venant s’installer à quelques centaines de mètres de votre domicile.
Dans cet espit j’assume parfaitement mes propos sur l’autodéfense - devant une justice défaillante, les habitants du village auraient été fondés à expulser l’intrus, voire à le pendre à un réverbère. Une femme innocente serait encore en vie.
Ton allusion aux manipulations du pouvoir ne tient pas la route - le pouvoir actuel se veut tatillon et vexatoire pour les petits, timide et impuissant pour les grands - ou devant tout groupe, depuis les banquiers jusqu’aux bandes de banlieue, les deux versants d’un même système, disposant d’une capacité de nuisance. Beaucoup d’effets de manche, « karcher » et compagnie, mais pas d’actes. Sauf d’accroître les capacités de surveillance omniprésentes de la police, ce qui est le contraire d’une société de personnes autonomes, fières et susceptibles de se défendre, que je préconise.
Quant au mot de 1984, désolé, il n’y a pas de crime sans châtiment, et nous priver de ce contrepoids c’est livrer la société pieds et poings liés aux assassins.