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Accueil du site > Tribune Libre > Castration chimique : Justice Fast-food

Castration chimique : Justice Fast-food

Michèle Alliiot-Marie dévoile aujourd’hui une partie de la loi sur la récidive qui sera présentée au parlement la semaine prochaine. Cette loi a été commandée , juste après l’assassinat d’une femme dans l’Essonne en septembre dernier, par le président.

Suite à l’émotion suscitée par ce meurtre, Michèle Alliot-Marie tape vite et fort puisqu’elle va rendre la "castration chimique obligatoire" après la sortie de prison. Une peine à vie sera donc infligée à des individus ayant purgé leurs peines mais ne souhaitant pas prendre ce traitement puisqu’ils retourneront alors en prison.

Encore plus loin, encore plus fort et encore plus sensationnel, la castration physique est également du menu - je cite Michèle Alliiot-Marie : "Je pense que cela mérite une analyse et qu’aujourd’hui la question de la castration physique peut se poser et être débattue, y compris au Parlement". Le billot revient donc par la petite porte de la castration.

La castration sous toutes ses formes

Je me suis déjà exprimé au sujet de la castration chimique qui est pour moi une régression importante de notre société. J’ai publié ce billet sur Agoravox pour toucher un public plus large, puisque je pense que c’est à nos valeurs et à notre civilisation que cette loi est en train de s’en prendre, j’ai été surpris par les commentaires qui ont été d’une rare violence. Un ami blogueur est également en désaccord sur ce thème avec moi.

J’écrivais dans ce billet : "La punition infligée - au nom de la société saine de corps et d’esprit, celle-là même qui décide de ce qui est a-normal - serait donc la mutilation !."

Nous avons une proposition de loi décidée sous le coup de l’émotion. La loi sera donc une loi cynique au regard du droit. Elle sera au regard de notre justice ce qu’est le Fast Food à la cuisine traditionnelle : du Quick and Dirty.

C’est de cette société-là dont je ne veux pas et qui m’est étrangère : celle d’un Frédéric Lefebvre, instigateur de la castration chimique, devenu depuis lors avocat à ses heures perdues. Il est le meilleur symbole du pouvoir actuel, tout à la fois imprécateur, procureur, juge, avocat et peut-être bientôt directeur de prison et visiteur de prison.

Quel est donc ce mélange des genres !

Les réactions

La réaction du syndicat de la magistrature a été prompte et sans équivoque :

"Prenant acte de cet hommage au Moyen Age, le Syndicat de la magistrature suggère une simplification de l’échelle des peines :

  • l’amputation de la main pour les voleurs et de l’autre main pour les voleurs récidivistes (dans le respect des principes qui gouvernent la loi sur les « peines-planchers »)

  • l’ablation de la langue pour les escrocs et le prélèvement du foie pour les conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique

  • le supplice dit du « croc de boucher » pour les auteurs de dénonciations calomnieuses

  • S’agissant des infractions économiques et financières, un simple retrait des boutons de manchette en place publique devrait suffire.

Le syndicat rajoute :

La suggestion de Michèle Alliot-Marie pourrait prêter à la dérision si elle ne traduisait une conception caricaturale et abjecte du traitement de la délinquance sexuelle. La « réflexion » que propose d’engager le garde des Sceaux consiste rien moins qu’à évaluer l’opportunité de recourir à un traitement inhumain et dégradant dans une logique de « précaution ».

On retrouve ici le fantasme malsain d’une justice d’élimination qui tend progressivement à défigurer notre droit pénal. Il s’agit en somme, comme avec la « rétention de sûreté », de renoncer à l’effort de réinsertion en ciblant le corps du condamné. Ainsi, pour ceux qu’ils considèrent comme « irrécupérables », les idéologues de l’élimination n’ont d’autre projet que l’enfermement préventif, potentiellement perpétuel, ou la mutilation définitive.

Au fond, ces reculs de civilisation expriment la frustration de ceux qui n’ont jamais pu se résoudre à l’abolition de la peine de mort.

Une loi en service commandé

Nous avons donc eu un appel d’offre de la part d’un Nicolas Sarkozy souhaitant lisser dans le sens du poil les sentiments les plus bas qui siègent au coeur de l’esprit humain. Le résultat est à la hauteur des espérances, puisque l’imprécation un peu folle d’un Frédéric Lefebvre du mois dernier est en passe d’être transcrite dans la législation.

La séparation des pouvoirs, cette notion intangible pourtant toujours sur la brèche, est en régression constante. Ce n’est sans doute pas un hasard si le classement de la France baisse encore et toujours dans le classement international de RSF pour la liberté de la presse.

Qu’importe si cette loi, n’arrive maintenant que pour rasséréner un gouvernement en mal de stratégie et en butte à une forte résilience populaire. Elle ne sera qu’un alibi de plus à sa soi-disant pugnacité.

 

 

 


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25 réactions à cet article    


  • armand armand 26 octobre 2009 10:05

    Encore un billet de ceux ou de celles qui confondent la « civilisation » avec le respect maladif de l’intégrité physique des criminels les plus violents. Les mêmes sans doute qui approuvent une mère qui porte plainte quand son braqueur de fils se fait rosser par ses victimes, ou qui versent des larmes d’indignation quand un homme agressé avec toute sa famille par un psychopathe armé parvient à éliminer celui-ci à mains nues.

    J’assume parfaitement une différence philosphique majeure avec vous. Vous mettez en cause ceux qui ne se sont jamais faits à l’abolition de la peine de mort ; à mon tour d’accuser ceux pour qui l’abolition de la peine de mort n’est qu’un premier pas vers la réduction systématique et modulable des peines sous prétexte que tout criminel ne serait qu’un malheureux récupérable.
    Vous n’avez pas le droit de jouer avec la sécurité des gens en appliquant sur leur dos vos théories fumeuses. Le torchon dy Syndicat de la Magistrature est une vaste plaisanterie - en quoi l’amputation de la main (qui sert à pratiquement toutes les taches de la vie quotidienne) est-elle comparable à la castration chimique d’un organe dont le possesseur en fait une arme ? Pour lui laisser la chance, une fois ’guéri’, d’engendrer, par exemple ? D’épouver encore un plaisir dont il a définitivement guéri ses victimes ?

    De plus, vous faites le lit d’une partie croissante de la popmulation qui estime n’avoir plus rien à attendre d’une justice défaillante, et qui serait tentée par l’autodéfense - qui est, elle, un droit naturel et impréscriptible dès lors que les institutions chargées de nous défendre se dérobent sans cesse.


    • sisyphe sisyphe 26 octobre 2009 11:57

      Ooooooh...

      Le brave Armand qui vient au secours des tortionnaires du moyen-âge ; c’est émouvant...

      Il fait partie de ceux qui n’ont toujours pas digéré la peine de mort, l’Armand...

      Pour un oeil, les deux yeux, pour une dent toute la gueule ; c’est la conception de la justice d’Armand..

      Pétard, il y en a qui ont vraiment honte de rien...

      Entièrement d’accord avec le syndicat de la Magistrature ; c’est vraiment le retour à la barbarie, là ; on croit carrément rêver ... ou plutôt cauchemarder...

      Normal, dans une « république » qui n’ est plus qu’une carcasse vide, où la justice est de plus en plus à la botte d’un pouvoir qui a érigé le fait divers en fait de société, et qui ne fait voter des lois de plus en plus liberticides, criminelles, que pour surfer sur ce qui l’a fait élire ; l’insécurité ... brrrrr......, (ça tremble dans les chaumières), pour essayer de compenser toute sa popularité perdue dans la conduite d’une politique épouvantable d’injustice, d’oppression, de paupérisation, d’aggravation des inégalités, de répression, de destruction du système social.

      La France est en train de devenir la honte des pays dits « civilisés », sous les applaudissements des Armand qui se rêvent dans la foule devant l’échafaud, pour assister, jouissifs, à l’éxécution de parfaits boucs émissaires.

      Cette proposition de loi est un scandale sans précédent dans l’histoire de la République ; si elle parvenait, par malheur, à passer, il y aura vraiment de quoi sonner la révolte, pour de bon.


    • sisyphe sisyphe 26 octobre 2009 12:03

      Allez, Armand ; profite de ton « droit imprescriptible » ; crée ta milice !
      ksssss....  kssss.....


    • sisyphe sisyphe 26 octobre 2009 12:08

      ... et après une castration particulièrement réussie, sous les vivats de la foule en délire, le bourreau aura droit aux deux couilles et à la queue...


    • armand armand 26 octobre 2009 18:19

      Vraiment un pauvre type, Sisyphe - aucune discussion sur le fond, le droit de la société à se défendre contre ses ennemis, le droit de chaque individu à vivre en paix, avec sa famille, sans souffrir des déprédations d’un malade que la justice a libéré trop tôt.

      Non, ce qui t’intéresse c’est les ironies stupides, les attaques ad hominem, les jérémiades de petit gauchiste à la noix, tout juste bon à figurer parmi les caricatures. T’es bien à ta place parmi les petits bolchos des beaux quartiers qui trustent le syndicat de la magistrature.

      Moi j’ai honte de vivre dans un pays qui laisse des multirécidivistes sortir avant terme, s’installer à deux cents mètres de leur victime, et recommencer, cette fois en assassinant une passante.

      Sur ce point là il y a discussion.
      Maintenant, si tu veux continuer tes attaques stupides, alors convenons-nous d’un rendez-vous et aies le courage de me les proférer en personne. Le jour où tu reviendras dans ton pays que tu t’arroges le droit de conspuer à distance.


    • 1984 26 octobre 2009 20:08

      Armand il y a un abime entre laisser sortir des personnes terriblement dangereuses...et les castrer !

      Cet abime s’appelle civilisation !

      En souhaitant des mesures barbares tu réduits à néant la civilisation et rejoint les violeurs et meurtriers ainsi que les naïfs qui laissent en liberté des criminels sexuels.

      De plus le véritable organe sexuel c’est le cerveau, va donc imaginer ce qu’un violeur inventeras qu’en on l’aura castré !


    • 1984 26 octobre 2009 21:16

      Et pardon pour le florilège de fautes !


    • sisyphe sisyphe 26 octobre 2009 22:57

      @ Armand

      Déjà, la réponse ci-dessus de 1984 devrait suffire.

      Il faut arrêter
       1) de faire un focus sur le moindre fait divers, pour justifier des lois de plus en plus liberticides et barbares. Que je sache, il n’y a pas eu d’explosion exponentielle des violeurs en série , ça a toujours existé, et, malheureusement, ça existera toujours ; les délinquants sont les symptomes des maladies des sociétés

      2)de vouloir, sans cesse, renforcer la répression,quand on sait qu’elle n’est, en rien dissuasive ; tous les chiffres le prouvent. Il faudrait songer à se pencher un peu plus sur la prévention, et s’attaquer aux causes plutôt qu’aux effets

      Ensuite, qu’est-ce que c’est que ce couplet sur « la justice défaillante » ; alors que les solutions préconisées n’ont plus rien à voir avec la justice, mais tout avec la police, la loi du talion, le retour à la barbarie ?

      La justice n’est pas défaillante ; elle est de plus en plus, contrairement aux fondements de la démocratie, à la botte du pouvoir législatif ; ce ne sont pas les juges, que je sache, qui font voter les lois.
      Le pouvoir politique veut une justice aux ordres, il supprime les juges d’instruction, pour donner tout pouvoir aux procureurs (eux nommés par le pouvoir politique), et on vient, en plus, accuser la justice d’être défaillante ?
      Du n’importe quoi le plus total.

      La délinquance est directement liée à l’évolution de nos sociétés, de nos modes de vie, de la paupérisation croissante d’individus livrés à eux-mêmes, et la délinquance sexuelle, indépendamment de personnages atteinte de troubles psychiques comme il y en a toujours eu (cf Landru, l’étrangleur de Londres, etc...), est également peut-être à chercher du côté de la permanendce de sollicitations et de stimuli sexuels prosuits par la société de consommation, sans que beaucoup aient les moyens de satisfaire à ces stimulations.

      Enfin, le dernier chapitre de on intervention est carrément grotesque ; « partie croissante de la population qui estuime n’avoir plus rien à attendre d’une justice défaillante,.... et tentée par l’autodéfense, droit naturel et imprescriptible... » ; non, mais, fanchement, tu relis ce que tu écris, ou tu le penses vraiment ?
      On croirait un discours des thèses du FN telles qu’elles ont été reprises par Sarkozy pour se faire éliré, sur la peur et l’insécurité (zalors que, sous son autorité, l’insécurité n’a jamais baissé, au contraire).

      Autodéfense ; droit naturel et imprescriptible ; non, mais sérieux, tu te crois où ? Au Far-west ?
      T’inquiète ; pour ceux qui ont les moyens, il y a, de plus en plus, les milices privées que tu peux te payer ; comme ça, pour le coup, la justice sera définitivement mise à la poubelle de l’histoire.

      Le communqiué du Syndicat de la Magistrature, lui, est parfait pour répondre à cette ahurissante proposition de castration, qui nous ferait croire effectivement revenus au Moyen-Age ; il en pointe parfaitement l’invraisemblance et l’hallucinante connerie.
      Et il émane de gens dont la justice est le métier, au quotidien ; ils savent de quoi ils parlent, eux.


    • armand armand 27 octobre 2009 00:47

      Sisyphe,

      La seule justification de l’Etat c’st la protection qu’il offre aux administrés, en échange de laquelle ils ont abdiqué leur droit de se faire justice eux-mêmes. C’est ce que les philosophes décrivent dans le passage de l’état de nature à l’état de société. Mais seulement à condition que l’Etat remplisse ce rôle. Or il ne le remplit pas s’il revient sur des peines d’emprisonnement, relâchant avant terme des criminels dangereux. Et tout ton fatras de raisonnements sociaux n’y changera rien (même si, dans l’absolu, ils tiennent la route). C’est hic et nunc qu’il faut réagir. Et je n’ai pas plus d’états d’âme à mettre des criminels hors d’état de nuire que de défendre les frontières de mon pays contre des envahisseurs.
      Mais je suppose que dans ta grandeur d’âme tu tolérerais que le violeur de ta fille, par exemple, vienne la narguer en venant s’installer à quelques centaines de mètres de votre domicile.
       Dans cet espit j’assume parfaitement mes propos sur l’autodéfense - devant une justice défaillante, les habitants du village auraient été fondés à expulser l’intrus, voire à le pendre à un réverbère. Une femme innocente serait encore en vie.

      Ton allusion aux manipulations du pouvoir ne tient pas la route - le pouvoir actuel se veut tatillon et vexatoire pour les petits, timide et impuissant pour les grands - ou devant tout groupe, depuis les banquiers jusqu’aux bandes de banlieue, les deux versants d’un même système, disposant d’une capacité de nuisance. Beaucoup d’effets de manche, « karcher » et compagnie, mais pas d’actes. Sauf d’accroître les capacités de surveillance omniprésentes de la police, ce qui est le contraire d’une société de personnes autonomes, fières et susceptibles de se défendre, que je préconise.

      Quant au mot de 1984, désolé, il n’y a pas de crime sans châtiment, et nous priver de ce contrepoids c’est livrer la société pieds et poings liés aux assassins.


    • sisyphe sisyphe 27 octobre 2009 04:22

      Armand,


      "La seule justification de l’Etat c’est la protection qu’il offre aux administrés, en échange de laquelle ils ont abdiqué leur droit de se faire justice eux-mêmes. C’est ce que les philosophes décrivent dans le passage de l’état de nature à l’état de société. Mais seulement à condition que l’Etat remplisse ce rôle. Or il ne le remplit pas s’il revient sur des peines d’emprisonnement, relâchant avant terme des criminels dangereux.« 

      Oui ; seulement à condition que l’état remplisse ce rôle.
      Or ; et d’une, dans une démocratie digne de ce nom, le pouvoir judiciaire est séparé du pouvoir législatif ; ce qui permet d’avoir une justice indépendante, et sereine, ce qui n’est plus le cas dans notre petite autocratie ; d’où des jugements évidemment favorables aux »gros« , et impitoyables pour les »petits« , comme tu le dis toi-même.

      - et de deux ; le rôle de la prison (là, nous ne sommes plus dans le domaine de la justice, mais dans celui de l’état), est, en même temps, l’accomplissement de la peine, ET les mesures de réinsertion ; rôle où l’état français est totalement défaillant. Et ce n’est pas anecdotique ; ça conduit, justement, une fois la peine accomplie, à relâcher des prévenus toujours en proie aux mêmes pathologies, quand les conditions de détention ne les aggravent pas.
      Chacun sait que, telle qu’elle existe aujourd’hui en France, la prison est beaucoup plus un terreau de la délinquance et de la criminalité, qu’un passage de réadaptation et de réinsertion.

      Et si la loi sur la castration chimique passe, je ne me fais aucune illusion, sur l’impunité des »gros«  ; adeptes, par exemple, du tourisme sexuel (plus pratique à l’étranger, évidemment), de passer à travers les mailles, quand les malades (car il s’agit bien de malades) eux, en place de mesures thérapeutiques, se verront ainsi condamnés.

      Par ailleurs, comme le dit 1984, ce qui est en cause, dans le comportement de la déviance sexuelle, »l’arme", comme tu dis, ce n’est pas le sexe, mais bien le cerveau. Un castré chimique pourra toujours céder à ses pulsions, sous l’emprise de pulsions incontrôlables.

      Quand à la castration organique, alors là, on est dans un retour à la barbarie, à l’effacement de siècles de civilisation, carrément hallucinant.

      Tout ça, pour UN cas de récidiviste.
      Tu raisonnes comme si on était entouré de détraqués sexuels, avec une contagion exceptionnelle de cas, alors que ce n’est absolument pas la réalité ; regarde les statistiques ; elles sont tout à fait parlantes.
      (extrait :

      Cinq ans après une libération, le taux de retour en prison d’anciens détenus, tous délits et crimes confondus, est en moyenne de 41 %. Mais en ce qui concerne les homicides, le chiffre tombe à moins de 0,5 %, et pour les agressions sexuelles sur mineur à 1 %. L’information prend le contre-pied les déclarations de Nicolas Sarkozy qui, durant la campagne présidentielle, avait dénoncé un taux de récidive « considérable ».

      « La probabilité que son enfant soit agressé par un récidiviste est quasi nulle »

      «  Forcément, cela influence la population, regrette Pierre Tournier. Je me rappelle avoir écouté une émission radio, après le meurtre de la petite Julie pour lequel le multirécidiviste Pierre Bodein avait été condamné en première instance. À l’antenne, un père de famille témoignait du fait qu’il ne laisserait plus sortir sa fille seule. Si, à chaud, sa réaction est normale, elle est déraisonnable et disproportionnée. La probabilité que son enfant soit agressé par un récidiviste est quasi nulle. »

      Les statistiques du chercheur n’appellent pas de contestation de la part de la chancellerie, dont les propres chiffres confirment la rareté de la récidive criminelle, même à partir d’une autre approche. Dans son bulletin Infostat, le ministère de la justice publiait ainsi en 2004 une étude démontrant que seuls 2,2 % des condamnés pour homicide et 1,3 % des violeurs avaient déjà un antécédent criminel.

      Il faut cesser, sous couvert de protéger la population, d’agiter l’épouvantail et le spectre des sanguinaires à la porte de chacun de nos foyers, de faire voter des lois de plus en plus régressives et liberticides ; punition, bien sûr, sans laxisme, mais également prévention, et mesures de réinsertion, sont les bases d’une société où la justice, la même pour tous, est dans son rôle, et l’état dans le sien.

      Je te renvoie également à cet excellent article d’ Henry Moreigne, paru sur AVox voici moins d’un mois.

      La civilisation, c’est la protection des citoyens, certainement pas la loi de la jungle, ni celle du talion.


    • armand armand 27 octobre 2009 09:37

      Sisyphe,

      Sur le plan des principes et de l’argumentaire, pas de désaccord fondamental avec ce que tu viens d’écrire (comme quoi, au lieu de céder à des caricatures faciles on peut discuter). Mais tu évites toujours les problème des libertés conditionnelles et des réductions de peine. Alors joignons les deux raisonnements - sans mesure d’accompagnement, point de liberté conditionnelle et de réductions de peine. Car comme tu le dis toi-même, la prison à l’heure actuelle est criminogène (et la France tient le pompon dans le domaine) dont relâcher trop tôt c’est infliger à la société un risque qui, pour limité qu’il soit, est inacceptable.

      Quant aux peines elles-mêmes, il y aurait beaucoup à dire. Je rejette la philosophie du syndicat de la magistrature tendant à renvoyer dos-à-dos la peine infligée, quand elle est réputée cruelle, et le crime ainsi puni. La justice était autrefois beaucoup plus soucieuse de la notion de ’contrainte’ - rien ne contraint le criminel à accomplir son forfait ; en revanche, l’innocent qui se défend, l’Etat qui punit, sont sous la ’contrainte’ de réagir. L’Etat (ou l’individu) qui se défend n’est pas amené à s’amender et ne représente pas de danger pour son environnement, le criminel si.


    • Fergus Fergus 26 octobre 2009 10:35

      Je suis en total désaccord avec la position d’Armand parce que son propos va dans le sens d’une opinion vengeresse dont nos personnages politiques actuels flattent dangereusement les pires instincts au lieu d’en appeler à la raison.

      Oui, il faut trouver des solutions pour écarter le plus possible les criminels dangereux ou limiter, pour les délinquants sexuels, les risques de récidive. Mais pas à n’importe quel prix, et surtout pas en érigeant en droit le recours à la barbarie pour répondre à la barbarie.

      Personnellement, je suis pour la castration chimique volontaire, parce qu’elle est réversible, et le port d’un bracelet électronique à vie s’il le faut pour les plus dangereux récidivistes. Et sans doute faudra-t-il aller plus loin, mais dans le respect des personnes, aussi monstrueuses puissent-elles nous apparaître, car c’est précisément ce qui fait de nous des êtres... humains.

      Quant à la justice, il est incontestable qu’elle porte une importante responsabilité dans certaines bavures dramatiques. Mais il est parfaitement démagogique d’en tirer des conclusions générales tant ces bavures sont heureusement très marginales.


      • armand armand 26 octobre 2009 11:53

        fergus :

        La « raison » consiste justement à protéger les innocents contre les attaques des criminels. Comme on protège son pays contre une agression extérieure. Dans ce cas, point d’états-d’âme.
        En revanche, c’est l’émotion qui a conduit, depuis quelque temps, au nom d’une humanité commune, à vouloir déceler chez le criminel un être à réinsérer. Sur le plan philosophique, c’est sans doute vrai. Mais dans les faits, en cas d’agression on se protège d’abord et on met hors d’état de nuire l’agresseur.

        Ou alors il faudrait laisser à chacun le droit de se défendre. Mais à l’heure actuelle la légitime défense est entourée de telles précautions qu’on hésite bien souvent à s’en prévaloir.


      • Fergus Fergus 26 octobre 2009 16:46

        Encore une fois, pas d’accord avec vous, Armand : « l’émotion » dans une opinion publique, particulièrement lorsqu’elle est soutenue par des politiques boute-feu, agit presque toujours contre les criminels, très rarement en leur faveur. Et cela peut se comprendre (sur ce point-là, je vous suis).

        C’est pourquoi il appartient aux décideurs de garder la tête froide et d’agir pour le mieux tant dans le respect des victimes de crimes que dans celui, sinon de leurs auteurs (on ne peut respecter que des personnes respectables), du moins de leurs droits.

        Si les grands criminels doivent être isolés pour protéger durablement la société, qu’ils le soient, comme cela se fait dans d’autres pays à l’issue de leur peine de prison, en assignation à résidence dans des complexes spécialement aménagés pour qu’ils puissent vivrent dignement dans un logement indépendant. Avec des permissions de sortie pour effectuer leurs courses, voire travailler dans les environs immédiats, impérativement munis d’un bracelet électronique.


      • La râleuse La râleuse 26 octobre 2009 11:07

        Personnellement, je suis Et pour la peine de mort Et pour la loi du talion.
        Qui plus est, depuis quand viole t-on quelqu’un uniquement avec son zizi ?
        Croire que la castration, qu’elle soit chimique ou physique, empêchera le viol est illusoire. Le seul moyen d’empêcher un violeur de récidiver, c’est de l’enfermer à perpétuité dans un asile. Et quand je dis à perpétuité c’est jusqu’à la fin de sa vie et non pas pour le relâcher soi-disant guéri au bout de quelques années.


        • bright13 bright13 26 octobre 2009 11:30

          @ Fergus
          d’accord avec vos propos toutefois je voudrais souligner que les « bavures » de la justice ne sont en fait que des bavures du droit. les magistrats chargés de décider de la sortie d’un condamné le font en accord avec les textes votés par le parlement. Ils ne font qu’appliquer la loi. Celle-ci ne peut être parfaire et le risque zéro n’existe pas. Heureusement car cela signifierait que le principe dit de précaution a eu définitivement raison de nos libertés...


          • Fergus Fergus 26 octobre 2009 16:53

            Vous avez raison, Bright13, la plupart des incidents, aussi déplorables soient-ils, sont imputables à l’état du droit, parfois à ses contradictions, plus rarement à une jurisprudence inexistante.

            Cela dit, il reste néanmoins de vraies bavures, imputables à des erreurs de procédure entraînant des vices de forme (procès-verbaux non signés, dates de procédure erronées, saisies de preuves hors commission rogatoire, délais de renvoi dépassés ou instructions bâclées, etc.).


          • bright13 bright13 26 octobre 2009 11:41

            parfaite pardon...


            • armand armand 26 octobre 2009 11:48

              bright13,
              Vos confondez « nos libertés » avec la liberté d’un violeur récidiviste à sortir avant terme par simple décision de magistrat ?

              Le risque d’une erreur judiciaire a eu raison de la peine de mort ; Effectivement, si je n’ai aucun problème pour supprimer les Fofana et les Fourniret, en revanche, le risque qu’un seul innocent soit exécuté à tort m’est insupportable.
              Alors le risque, même mineur, de récidive, devarait conduire à refuser ces remises de peine automatiques et traficotages laissés à l’appréciation de pseudo-experts. La peine doit être appliquée intégralemnet, sauf nouveaux éléments dans le dossier.
              Mais comme je l’ai dit plus haut, toute une frange de la magistrature ne se préoccupe que de réinsertion, et non de châtiment, oubliant au passage le crime, la victime, ses proches.


              • 1984 26 octobre 2009 20:14

                Chatiment ???

                Un mot aussi exécrable que castration et n’ayant AUCUN rapport avec justice.


              • bright13 bright13 26 octobre 2009 13:55

                @ armand
                il semble que nous n’ayons pas la même approche de la vie en communauté... la société ne pourra JAMAIS garantir que l’auteur d’un crime (au sens judiciaire du terme) ne recommence pas : cela revient à l’absurdité de maintenir en détention l’auteur à perpétuité.
                Et ne confondez pas justice et droit.... les magistrats font leur travail en fonction des lois de la République... si celles ci ne vous conviennent pas... faites le savoir à votre député.


                • armand armand 26 octobre 2009 18:23

                  La société peut garantir au moins qu’un condamné ne sorte pas avant terme. C’est la moindre des choses. Après, effectivement, c’est un risque qu’il faut prendre.


                • curieux curieux 26 octobre 2009 14:13

                  Si vous avez vu Sine Hebdo la semaine dernière. Il dit que la castration chimique aurait du exister il y a 55 ans. Je me demande qui il visait ?


                  • Vilain petit canard Vilain petit canard 26 octobre 2009 17:19

                    Ben voyons, celui qui a péché par les roupettes, on lui coupera les roupettes. Celui qui a fait une grosse faute genre meurtre, on le garde enfermé toute sa vie, et d’ailleurs ses descendants aussi, puisque c’est génétique. On dépénalise le droit des affaires. Et on dissout le droit du travail. Pourquoi se gêner, allons-y, revenons à la Question et aux crimes de lèse-majesté. Et pourquoi pas , pouvoir choisir sa femme en l’assommant et en la ramenant en la tirant par les cheveux ?

                    On a vraiment un gouvernement de dingos.


                    • Le péripate Le péripate 27 octobre 2009 09:58

                      J’ai trouvé les chiffres suivants : 63 397 détenus Mai 2009. 8,8% pour homicides volontaires, 21,4% pour viols, soit moins d’un tiers du total.
                      L’État remplirait mieux sa mission s’il se concentrait réellement sur les criminels authentiques.

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