• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Mule hollandaise

sur Le système prépa


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Mule hollandaise 30 octobre 2009 14:33

Bonjour,

Je trouve l’article plutôt inexact, et qu’il formule donc des accusations à l’emporte-pièce...

Je viens pour ma part de sortir de prépa, donc je connais plutôt bien le système, assez pour pouvoir vous répondre sur plusieurs points.

En premier lieu, juste une petite précision : vous parlez là des classes préparatoires scientifiques, mais il y a des prépas dans la filière éco (pour préparer HEC par exemple), bio (écoles vétérinaire, géologie...) et littéraires (critique littéraire, analyse linguistique...). J’ai fait les classes prépa scientifiques pour ma part, mais bon je pense que certains pourraient vous laisser des commentaires en disant « et la prépa éco, c’est du boudin peut-être ? »...

Tout d’abord, dans votre premier paragraphe, où vous parlez de la culture générale que l’on enseigne dans les classes préparatoires (ce qui est vrai, mais vous avez oublié de mentionner le français, où l’élève doit réfléchir sur un thème orienté par trois textes, ce qui vise à tester la culture littéraire, l’orthographe (bête à dire, mais...) et l’esprit d’analyse). Mais vous concluez par "Il n’est pas exclu de se réorienter vers la recherche mais rien n’y pousse, surtout pas les meilleurs".
Au contraire ! Par exemple vous ne mentionnez nulle part dans votre article les Ecoles Normales Supérieures d’Ulm, Lyon, Cachan et Ker Lann, qui sont les écoles au concours le plus sélectif (au moins aussi difficile que Polytechnique), et dont le credo est "l’enseignement par la recherche pour la recherche". Ces écoles de haut niveau visent à former les chercheurs de demain dans toutes les disciplines (littéraires comprises) ; il est donc incorrect de dire que la seule possibilité est l’ingénierie, surtout pour les meilleurs. De plus l’école Polytechnique a d’excellents laboratoires de recherche et offre la possibilité à ceux qui veulent de passer une thèse. De plus, bon nombre d’écoles d’ingénieur offrent la possibilité de poursuivre le cursus d’ingénieur par une thèse, débouchant ensuite sur des possibilités de recherche.
Ensuite vous parlez du faible nombre de prix Nobel, et en substance, si j’ai bien compris, du faible niveau de la recherche vu que les meilleurs partent en école d’ingénieur à Polytechnique. Rien n’est moins faux ! La France est cinquième au rang des pays ayant le plus de prix Nobel de Physique (dont un il y a deux ans), et quatrième pour les Nobel de médecine (dont deux l’an dernier pour la découverte du SIDA), et deuxième pour les médailles Fields (équivalent du prix Nobel en mathématiques). Je trouve cela plutôt honorable, non ?
Puis, pour revenir sur le cours de relativité de Polytechnique, la question du niveau ne se pose pas : en tant que 38è université mondiale, cette école se doit sans doute d’assurer des cours de haut niveau pour ceux qui le veulent - car tous les cours ne sont pas obligatoires ! (il me semble) Au contraire, en tant qu’école généraliste, l’école doit proposer des cours dans tous les domaines, donnant la possibilité aux élèves de suivre les cours de leur choix et de constituer leur parcours. Il est totalement faux de dire que les carrières d’ingénieur ne laissent pas l’individu composer son parcours  : il y a une multitude d’écoles d’ingénieur spécialisées dans un domaine offrant une formation pointue dans le domaine (libre à l’étudiant de vouloir aller dans telle ou telle école) et les écoles généralistes sont généralistes, et proposent donc des cours dans tous les domaines pour former tout un tas d’ingénieurs qui se spécialiseront (dans leur dernière année en général) vers le domaine de leur choix.
Certes, c’est dans la majorité des cas la recherche fondamentale qui fait "progresser la science", mais les ingénieurs font aussi progresser la science et le monde ! Ce sont les ingénieurs qui construisent les avions et modélisent les flux d’air sur leur prototype, ce sont les ingénieurs qui inventent les applications de la recherche fondamentale, ce sont les ingénieurs qui construisent les instruments de mesure des chercheurs ! Si le monde est ainsi technologique de nos jours, c’est certes grâce à la recherche fondamentale (mécanique quantique par exemple), mais aussi grâce aux multitudes d’inventions, d’innovations et d’applications que l’on doit aux ingénieurs.

De façon générale, je trouve votre argument erroné : on ne devrait pas conduire tout le monde (ou « l’élite des lycées », comme vous la nommez quelque part) vers une thèse. La recherche et la carrière d’ingénieur sont deux choses totalement différentes, et chacun (en prépa) a une inclinaison vers l’un ou l’autre, mais ce sont réellement deux façons de faire totalement différentes. Certains veulent faire de la recherche en informatique, d’autres veulent concevoir les ordinateurs de demain. (ce qui est totalement différent !) Il faut donc laisser à chacun le choix de sa carrière !!
Et j’en profite pour rajouter : favoriser la recherche au niveau gouvernemental serait souhaitable, plutôt que de leur mettre les bâtons dans les roues à coup de restrictions budgétaires par exemple...

Bref, en clair : les ingénieurs ne sont pas des produits d’une machine élitiste préformatée au détriment de la recherche fondamentale.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès