Je me fiche pas mal de savoir que tel commentateur est gaucho ou que tel autre est facho et finalement, c’est avec le sourire et un certain soulagement que j’accueille le commentaire de l’inanérable Demian West, toujours barré dans son délire pédantesque, mais qu’il faudrait inventer s’il n’existait pas, tel Godot.
Plus sérieusement, j’ai lu le bouquin d’Attali et je le trouve édifiant. Peu importe, en définitive, qu’il soit plagiaire ou non, et qu’il ai piqué notamment la première partie de son livre, sur les trois piliers du développement des civilisations humaines, à tel ou tel. Je partage l’avis de Joel de Rosnay : elle est très étonnante et la grille de lecture qu’elle fournit est très intéressante.
Précision : je ne crois pas qu’Attali soit un plagiaire ; Je pense seulement qu’il dispose d’une formidable capacité à synthétiser, de manière très intelligible et très intelligente, les idées des autres et certainement aussi les siennes.
Pour en revenir à son ouvrage, il a au moins cette vertu de m’avoir mis dans un premier temps très mal à l’aise, passé l’euphorie d’avoir eu le sentiment, dans la première partie, d’avoir une lecture limpide et éclairée de l’histoire des civilisations humaines. Pourquoi ? Parce les scénarios qu’il décrit pour l’avenir (hypercapitalisme et hyperconflit, notamment) sont proprement effrayants.
Cela dit, si on avait prédit à un français moyen ce qu’il adviendrait du XXième siècle en 1906, certainement qu’il aurait eu toutes les raisons de rester incrédule ou de se tirer une balle dans la tête. Quoiqu’à la réflexion, des millions de gens ont vécu très heureux pendant ce siècle, et nombre de ceux qui ont été frappés par le malheur ont néanmoins vécu des vies qui valaient d’être vécues. Ce qui permet donc de relativiser les choses. A un ami qui s’inquiétait, au récit que je lui faisais de ce livre, de l’avenir de ses enfants, j’ai répondu qu’au moins avaient-il la chance de ne pas être nés au Darfour, en Afghanistan, ou dans n’importe quelle autre région déshéritée du monde.
Avec une dizaine de jours de recul, je trouve que ce livre est porteur à la fois d’une grande lucidité et de beaucoup d’espoir. Lucidité, parce que loin de prédire l’avenir, Attali nous fait toucher du doigt la manière dont il se dessine déjà, en puissance, dans le présent : capitalisme sauvage des fonds d’investissement privés, mainmise croissante des compagnies d’assurance sur le devenir de chacun, conflits déjà latents pour le contrôle des ressources naturelles (eau, énergie, etc.), hyperterrorisme, hypersurveillance de plus en plus organisée (on peut de moins en moins naviguer dans des zones grises au sein de nos sociétés), perspective des coûts faramineux (1000 milliards de dollars par an à l’horizon 2030 selon les plus récentes estimations) qui seront occasionnés par les changements climatiques et les désordres et déréglements sociaux, migratoires et géopolitiques qu’ils ne manqueront pas d’occasionner, fuite en avant de la recherche technologique et scientifique (nanotechnologies, OGM, cellules souches, etc.) sans véritable garde-fou politique ou sociétal, et j’en passe.
Tout cela est déjà inscrit en puissance dans le présent, de même que l’espoir de voir se développer dans le même temps des formes d’intelligence collective, de démocratie en réseau, d’économie solidaire, de gouvernance mondiale, etc.
Ainsi donc, tout le mal et tout le bien qu’on peut souhaiter à l’homme au cours du demi-siècle à venir est déjà inscrit dans le présent. C’est ce que nous montre avec beaucoup de clairvoyance Attali, quelques soient ses inspirateurs directs ou indirects. Aucun d’eux, que je sache, n’a déjà pondu la somme qu’il vient de pondre.
Les enseignements que je tire de la lecture de son livre, c’est qu’on est très loin de regarder la réalité en face, qu’on se nourrit encore de beaucoup d’illusions, quelles que soient nos convictions politiques, qui restent, dans nos pays riches, somme toute très nombrilistes, y compris chez ceux qui se gargarisent de solidarité et de dénonciation des injustices.
Rien n’est écrit, encore moins dans le bouquin d’Attali. Mais une chose est sûre : l’hypercapitalisme, l’hyperconflit et l’hyperdémocratie sont déjà là, même si la majorité d’entre nous refuse de s’en rendre compte. Et c’est de notre capacité à en tirer quelque chose de bon au bénéfice de l’humanité tout entière que notre avenir dépend.
12/11 08:34 - Alditas
Bonjour ! Ce que dit Monsieur Jacques ATTALI en commençant par une restrospéctive pour (...)
09/12 19:29 - Le bateleur
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18/03 00:57 - Bob O. Scope
Comme vous, je me sens à l’aise dans les livres d’Attali et il m’a amené à (...)
08/01 11:33 - catelin
J’ai lu le bouquin d’Attali. Il dresse un vaste panorama en parcourant les siècles, (...)
02/01 16:59 - danone
Bonjour à Tous... Je viens de finir ce livre qui m’a tour à tour boulversé, inquiété et (...)
30/12 10:35 - gogo mais pas trop
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