Oh la la, voilà qu’on me répond par article interposé, maintenant... me voilà bien. Je sens que mes migraines ne vont pas s’arranger, foutu ordinateur...
Mon cher Fouad,
Tout d’abord, merci de vous être donné la peine d’écrire une réponse aussi complète. J’arrive un peu après la guerre, et je m’en excuse : déjà pas loin de 200 réactions, mais je vais éviter de les lire et de les commenter, pour me concentrer, autant que faire se peut, sur vos remarques.
I) Le nom du Prophète
Effectivement, Mahomet est une retranscription un peu bancale... en toutes circonstances, la traduction est une trahison, et bien plus encore lorsque l’on passe de l’arabe à une langue comme le français. Néanmoins je me suis déjà expliqué sur mon choix : Mahomet est la forme courament utilisée en français, et, étant du genre traditionaliste en ce qui concerne la langue, je me tourne vers l’Académie française, qui n’a pas invalidé cette retranscription.
Je sais que selon certains Mahomet dériverait d’une formule juive « ma houmid », le « non béni », mais je n’ai aucune intention de me lancer dans des querelles sémantiques. Le jour où les dictionnaires rayeront le nom « Mahomet » de leurs pages, je le rayerai de ma mémoire dans la foulée.
II) Les persécutions
Comme je m’en suis déjà expliqué dans les commentaires de mon article, le premier jet de mon article faisait une petite quinzaine de pages, et j’avais déjà essayé de faire court. C’est la partie strictement biographique, notamment concernant l’enfance et la jeunesse, qui me posait le plus de soucis, aussi bien ai-je été contraint à des coupes sombres et, oui, arbitraires. S’agissant de l’épisode que vous mettez en exergue, je ne vois pas bien en quoi il invalide mon propos : le fameux Otba fut effectivement envoyé par les Mecquois pour qu’il persuade Mahomet/Mohammed de renoncer à ses prédications, lui proposant en retour argent et femmes quoiqu’en des termes peu amènes, proposition que ce dernier rejeta.
Et, quant à la citation en gras : “ses prêches lui valent également bon nombre de railleries, puis l’hostilité pure et simple de nombreux habitants de La Mecque, notamment parmi la classe dirigeante qui redoutait sans doute de voir le prédicateur isolé se muer en un chef politique de premier plan", je vous invite à consulter les différentes sources bibliographiques indiquées dans mes commentaires, et notamment les ouvrages de Dominique Sourdel.
III) La triple fonction politique, militaire et religieuse du Prophète
L’accent mis sur le politique et le militaire, au détriment du religieux, relève d’un choix, choix qui constitue le prolongement de mon refus de citer le Coran. Je m’explique à nouveau brièvement sur ce point : je tenais à éviter une guerre des citations, que bon nombre de commentateurs, bréviaire du parfait petit islamophobe en main, n’ont pas manqué d’essayer de démarrer. Oui, le Coran contient des appels au meurtre, mais il n’est pas le seul texte religieux dans ce cas, et là n’est justement pas mon sujet. C’est davantage la pratique et l’histoire de l’Islam qui m’intéresse, non la théologie musulmane. De ce point de vue, il était donc logique que je me concentre sur l’homme politique et le chef de guerre, laissant de côté le religieux. Je veux bien croire que la fraternisation entre les premiers musulmans exilés de La Mecque et les bédouins de Yathrib fut un « acte d’amour » mais, en toute honnêteté, cet aspect des choses m’intéresse bien peu : non pas dans l’absolu, n’allez pas croire que la psychologie ne m’intéresse pas, mais je devais restreindre mon champ d’étude afin de conférer à la suite de portraits un semblant de logique et d’unité. Cela devrait aussi vous permettre de comprendre pourquoi je n’ai pas cherché à faire la psychanalyse posthume du Prophète : je n’ai pas les compétences ni les éléments pour le faire, et une telle analyse ne présentait guère d’intérêt dans le cadre de ma démarche.
A noter également que vous exagérez un peu, me semble-t-il, lorsque vous m’accusez d’être injuste en taxant d’impitoyable le Prophète. Il me semble justement -cela m’a d’ailleurs été assez reproché- essayé de relativiser certains actes de violences, tels que, effectivement, le massacre des hommes du clan juif des Qurayzah après la bataille du Fossé, en les replaçant dans leur contexte historique, celui de la guerre entre La Mecque et Médine. « Impitoyable » n’est pas, en ce qui me concerne, une injure, à l’inverse de « barbare » ou « sanguinaire ». Deux termes que je n’ai pas employés.
IV) Les rapports avec les juifs
Là encore, votre interprétation de mes propos me semble un chouïa sévère : je n’ai pas prétendu que Mahomet/Mohammad avait exterminé tous les juifs d’Arabie, et j’ai bien montré que les rapports évoluèrent dans le mauvais sens du fait de la loyauté « fluctuante » de certains grands clans juifs, notamment les Qurayzah. Je n’ai en revanche pas trouvé trace, dans mes ouvrages, de cet arbitrage que vous évoquez. Je ferai donc des recherches supplémentaires, car ce sujet m’intéresse.
Concernant la prière, je vous renvoie là encore à ma bibliographie.
V) Islam, religion et totalitarisme
Je regroupe sous cette dernière section le reste de mes réponses à votre article.
Vous contestez l’usage du verbe « imposer » s’agissant de l’expansion de l’Islam. Outre le fait que l’on peut imposer quelque chose sans nécessairement recourir à la force -ce que j’ai précisé dans mon article- je m’inscris en faux sur ce point. Est-ce à dire que, selon vous, l’Islam ne fut jamais, ô grand jamais, imposée par la force, celle des armes ou même de la seule autorité gouvernementale ? La Mecque elle-même fut bien convertie au terme d’une guerre, n’est-ce pas ? Et les sultans ottomans -guère des extrémistes, contrairement à une idée largement répandue- n’ont-ils pas inventé le devshirme , ce système consistant à retirer des enfants chrétiens à leur famille pour les convertir à l’Islam et en faire des esclaves tout dévoués au service de la Sublime Porte ?
Par ailleurs, j’ai contesté l’idée que la séparation du spirituel et du temporel n’était pas intrinsèque à l’Islam, pas plus en tous cas que la laïcité serait la conséquence logique du Christianisme, et qu’elle découlait avant tout d’une pratique : celle du Prophète et de ses successeurs. Je peux bien sûr me tromper, mais il me semble que le Califat n’est pas mentionné, en tant que tel, dans le Coran, son institution ne découle donc pas d’un commandement religieux. De fait vous écrivez que le Califat fut institué par le Prophète lui-même, alors que j’ai jusqu’ici toujours lu qu’il était le fait d’Abu Bakr et des trois autres Râshidûn, Omar, Othman et Ali, tous trois élus selon des procédures diverses et non intangibles, ce qui contribua au schisme entre sunnites et chiites.
Et l’Islam n’induit pas le totalitarisme, en effet. Il n’est pas une idéologie qui aurait vocation à assurer un contrôle, absolu et total, sur les masses afin d’assurer la domination d’un homme ou d’un groupe. Et je vous rejoins là-dessus : toute idée politique, économique, religieuse ou philosophique contient en elle les germes d’un totalitarisme, même mou. Cela vaut pour la démocratie. Notre beau pays en est la preuve.
En conclusion, je vous dirai ceci : quoiqu’on pourra dire, je suis avant tout un républicain -au vrai sens du terme- et un défenseur de la laïcité, et c’est en tant que tel que j’écris. Mon intérêt pour l’Islam, hautement suspect aux yeux de certains, est ancien, profond et sincère, si bien que j’ai toujours essayé de me départir de tout préjugé susceptible de me pousser vers cet ethnocentrisme que pourtant vous semblez avoir détecté chez moi. Je ne calque pas l’histoire européenne sur celle du monde musulman pour voir « ce qui ne collerait pas » en terre d’Islam, bien que, n’étant qu’un homme j’analyse aussi à partir de certains automatismes hérités de mon éducation et de mon instruction. J’espère cependant qu’au terme de mes Portraits d’Islam j’aurai réussi à vous convaincre du sérieux de ma démarche.
En vous remerciant encore pour votre article,
Bien cordialement,
Frédéric Alexandroff
27/03 17:19 - tourn en ron
laicité+ français =le monde, non ,la colonisation ideologique capitalo-occidentale sa marche (...)
08/11 02:34 - ELCHETORIX
lieberman ne serait -t-il pas de la droite-extême ! belle déMONcratie que ton état retourne (...)
08/11 02:21 - ELCHETORIX
le sieur RAMADAN possède une « culture » et une diatribe qui sont à mille lieues de tes (...)
07/11 06:35 - Jojo
Pas plus les lapins albinos que les chats turcs ne vous ont fait quoi que ce soit. Cela dit (...)
07/11 06:28 - Jojo
:-o Je vous jalouse Fred Lyon. Tout est si clair pour vous, plié et définitif au premier coup (...)
06/11 19:46 - fouadraiden
Doc Moi je m’en fous si tu considères le coran comme le produit d’une conscience (...)
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