Les commentaires favorables à cette mesure ne relèvent aucunement les dangers sous-jacents.
1. Paupérisation de l’école publique. L’école publique est la seule à avoir une obligation d’accueil des élèves selon une sectorisation dont, par ailleurs, on peut discuter (mais ce n’est pas le sujet). La part de budget communal qui partirait vers une école privée amputerait le budget communal, sauf à augmenter les impôts pour maintenir les services.
2. Vous payez des impôts dans une commune. Ce n’est pas pour financer une entreprise privée dans une autre commune ! Or c’est précisément ce que prévoit cette mesure, qui ne concerne, je le rappelle, que les écoles privées situées dans une commune voisine, et non sur le territoire même de la commune concernée.
3. Imprévisibilité des budgets communaux. Les budgets publics, et la fiscalité afférente, sont établis suivant des prévisions démographiques et des objectifs d’investissement et de fonctionnement. Ce qui choque bon nombre de maires ruraux, c’est que, même s’ils disposent d’une école sur leur territoire, ils devront payer pour une autre école, située à l’extérieur, sans même pouvoir prévoir le volume de la dépense.
4. Communautarisation accrue. Aujourd’hui l’école privée est à 90% catholique qui revendique d’ailleurs le fait d’enseigner de façon obligatoire le catéchisme. Demain, par ce mécanisme, les communes seront contraintes de financer des écoles musulmanes, où les règles de la laïcité ne seront pas appliquées, notamment sur l’égalité entre garçons et filles. Nos impôts ont-ils vocation à favoriser les communautarismes en séparant les enfants suivant la religion de leurs parents ?
5. Liberté de choix et financement public. Il n’est pas question de limiter la liberté de choix des familles mais une liberté individuelle ne se finance pas sur le dos de la collectivité. En l’occurrence, si les communes sont contraintes de financer des écoles privées extérieures, elles devront, soit amputer leur budget soit augmenter les impôts pour compenser la dépense. Ce qui revient mécaniquement à faire payer sa propre liberté de choix par les autres.
6. Lorsqu’un service public existe, de l’importance de celui de l’éducation, en répondant à des règles communes de la Nation (dont sont dispensées les écoles privées), il n’y a pas lieu de le dépouiller pour un service privé qui dispose d’autres sources de financement. Sinon, pourquoi ne pas financer aussi les vigiles des grandes surfaces ou les polices privées ?