L’histoire a parlé
« Il n’y a pas à revenir là-dessus »
D’accord, mais l’histoire fut plus compliquée...
Que devinrent les harkis, désarmés et abandonnés au massacre , comme c’était prévisible, quand l’armée française se repliait ?
Comment ceux qui survécurent furent traités dans des camps indignes en France ?
"Selon Rémi Kauffer, de Gaulle voyait dans les harkis des « jouets de l’Histoire », et non des éléments de l’armée française[5]. Peu après son retour au pouvoir, en 1958, de Gaulle
se met à douter de l’intégration des musulmans d’Algérie qui était
sous-jacente à la constitution de harkas. Ainsi, le 5 mars 1959, il se
confie en ces termes à Alain Peyrefitte :
« Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères
d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcher de
venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est
tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus
Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! »[6].
Il accepte cependant, lors de la nomination du général Challe comme
commandant suprême en Algérie (fin 1958), sa proposition de porter
l’armée au niveau nécessaire pour défendre tout le territoire, en
enrôlant massivement des musulmans[7].
Au conseil des ministres du 25 juillet 1962, peu après l’indépendance de l’Algérie, lorsque Pierre Messmer,
ministre des armées, déclare : « Des harkis et des fonctionnaires
musulmans, les moghaznis, se disent menacés, d’où des demandes qui
viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre
une position de principe. », de Gaulle répond : « On ne peut pas
accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer
qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de
rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans : ils ne
retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne
s’agit que de réfugiés ! Mais on ne peut les [?] tels que s’ils
couraient un danger ! ». Le Premier ministre Pompidou
ajoute alors : « Deux camps militaires ont été installés pour eux en
métropole ; ils sont submergés. Ces gens ne veulent pas travailler… »
et de Gaulle conclut « Il faut les mettre en demeure de travailler ou
de repartir ». Et alors, selon Peyrefitte, plusieurs ministres
baissèrent la tête[8]...."
Qu’en pense l’auteur ?