Le Monde : 19/12/2007
« soupçons » de fraude scientifique dans l’entourage de Claude Allègre
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Les principaux griefs formulés contre le travail de M. Courtillot
et de ses coauteurs ont été adressés à la revue EPSL, sous forme d’un
« Commentaire » - litote qui désigne, dans le jargon des revues savantes,
une communication contestant des travaux déjà publiés. Signé par
Edouard Bard (Collège de France) et Gilles Delaygue (Cerege), cette
réponse formelle a été revue, acceptée par l’éditeur d’EPSL et publiée
en ligne sur le site Internet de la revue, en attendant une publication
formelle et définitive.
Parmi les erreurs relevées, deux revêtent une gravité particulière. Un des graphiques exhibés par M. Courtillot
et ses coauteurs montre la correspondance entre les variations de
quatre données : celle de la température moyenne globale d’une part,
celle de l’éclairement du soleil et celles du champ magnétique
terrestre en deux points du globe. Les quatre courbes apparaissent
parfaitement corrélées.
Mais ce que les auteurs présentent comme la variation de la
température moyenne terrestre est en réalité la variation de la
température estivale des continents, dans les régions de l’hémisphère
Nord de latitude supérieure à 20°. Quant à la variation de l’irradiance
du Soleil, il s’agit en fait d’un modèle de variation de la fraction
des ultraviolets du spectre solaire - de surcroît invalidé en 2002.
Ces deux fautes étaient relevées dans une "note ajoutée aux
épreuves", à la fin du commentaire de MM. Bard et Delaygue. Or cette
note, très embarrassante pour M. Courtillot,
a disparu de la version définitive du Commentaire après être demeurée
en ligne pendant un mois, accessible à toute la communauté
scientifique. "Des changements étranges ont eu lieu sous la direction
de l’éditeur responsable, Robert Van der Hilst. Il a effacé la "note
ajoutée aux épreuves" de la version finale du 0commentaire de Bard et
Delaygue, écrit M. Pierrehumbert. Bard et Delaygue ne l’ont découvert
qu’en recevant les épreuves de leur texte." Ce type de coupe, très
inhabituel dans les revues savantes, soulève lui aussi le soupçon,
d’autant que, comme le rappelle M. Pierrehumbert, M. Van der Hilst,
professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est
également chercheur affilié à l’IPGP.Confirmant ces informations, M. Bard refuse de les commenter.
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Fin de l’article.
Après une affaire comme ça, la confiance n’est plus permise y compris avec des explications après coup.