Cher Salsabil,
Votre question est complexe, et je crois que je devrais y consacrer un Billet
En fait, la faculté de penser n’est pas entravée pendant la période de mutisme, ni celle de comprendre. MAIS la résection de l’aire motrice supplémentaire, qui était infiltrée et rendue silencieuse par la tumeur, amène la personne à ne plus retrouver les gestes moteurs qui permettent d’articuler le langage, et cela peut également affecter, durant un temps, l’écriture. En effet, la motricité du bras et la capacité à traduire en gestes graphiques la pensée peuvent également être touchées car il existe des liens entre penser, parler, écrire, lire.
Une jeune patiente de 28 ans, qui avait totalement perdu le langage suite à la résection de cette zone, n’avait pu dire qu’un seul mot : « Merde ! » au chirurgien à la fin de l’intervention, ce qu’il avait jugé de bonne augure ! Et lorsque j’étais allée la voir après l’intervention, elle était sur son lit avec son pyjama à nounours, elle me parlait avec des gestes, et quand je lui ai demandé si elle se souvenait de ce qu’elle avait dit au chirurgien, son œil s’est éclairé et elle a sorti un vigoureux « Merde ! ». Toute sa merveilleuse force de caractère était là, se traduisant dans ce seul mot articulé !
L’une des patientes qui a subi cette période de mutisme est en train d’écrire un livre sur son expérience. Son écriture est d’une grande fluidité.
Un autre patient, qui a subi la résection de cette même zone, n’a eu qu’un léger trouble d’accès au lexique : il peinait un peu à retrouver la forme des mots pour les formuler
Merci de vos questions et bien amicalement. A suivre...