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Commentaire de Véronique Anger-de Friberg

sur « Allez vous faire enc… » ont écrit des lycéens à leur professeur. Comment est-ce possible ?


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Véronique Anger-de Friberg Véronique Anger-de Friberg 27 novembre 2009 22:55

Très intéressant votre article !

Ma vision de tout ce cirque, c’est que certains jeunes de lycées publics, qui estiment avoir tous les droits n’ont même pas conscience (et ce n’est pas leur faute d’ailleurs, mais celle de leurs parents et de certains éducateurs) qu’ils vont gâcher leurs meilleures armes pour obtenir de bons emplois lorsqu’ils auront l’âge de s’assumer financièrement.

Rechignant à l’effort, refusant d’apprendre ce qui les ennuie, incapables de se concentrer pendant les cours (d’où cette demande des profs d’au moins couper les portables et fixer leur attention un minimum…) ils se feront doubler par les « bons » élèves du « privé », un marché porteur comme le souligne Paul puisque de plus en plus de parents rejettent ces lycées, qu plus est « insécure », qui ont plus de chance de conduir leurs gamins à l’échec ou vers les filières les moins cotées.

Les enfants des classes sociales moyennes et favorisées qui, elles ne mégottent pas sur les moyens pour offrir les meilleures chances à leur progéniture de phagocyter les meilleurs postes.

Comme ça, rien ne change… L’aristocratie (j’exagère un peu, mais pas tant que cela) se perpétue : les emplois les mieux rémunérés pour les enfants des classes le plus favorisées. Aux autres (sauf très rare exception… même si, pour brouiller les pistes, on adore citer la réussite d’anciens mômes de cités ou de ces gamins de français moyens parvenus miraculeusement, adultes, aux plus hautes fonctions) les emplois subalternes et le chômage. Bien sûr, il arrive aussi que des parents issus des classes moyennes se privent pour que leurs enfants aillent dans les écoles privées ou rusent pour entrer dans les lycés publics qui ont bonne réputation. Mais ces lycées… comme ces enfants sont l’exception, encore une fois. Bourdieu dénonçait déjà les injustices sociales et leur reproduction de décennie en décennie (je recommande à ce sujet,  à ceux qui ne l’auraient pas lu, son livre « Les Héritiers »).

A qui profite ce beau désordre organisé depuis 20 ans ? Qui aurait -dans ce contexte de course aux emplois les plus rémunérateurs et de protection de ses acquis- intérêt à ce que les choses changent ? Qui aurait intérêt à ce que chacun dispose des mêmes chances au sens républicain du terme ? (le fameux « ascenseur social »). Qu’avons-nous fait de nos écoles républicaines ?


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