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Commentaire de Christian Delarue

sur Et si le racisme n'était avant tout qu'une réaction de nature sexuelle ?


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Christian Delarue Christian Delarue 3 décembre 2009 08:12

Je propose la modestie phalique en ce cas

Retout sur Autoriser mais limiter l’emprise du religieux sur l’espace public .

I - En défense de « Equilibration contre emprise ».

Equilibration vient de Proudhon au sens « d’équilibration des contraires » La formule est réactualisé par Philippe Corcuff dans son Esquisse d’une méthodologie altermondialiste pour l’émancipation au XXI ème siècle. (Médiapart)

Ce n’est pas parce que l’autre camp procède à des amalgames que nous devons faire de même. Le gros du vote anti-minarets est sans doute xénéophobe mais pas tous loin de là. Et la vision globalisante, pratiquant la confusion et le campisme constant n’aide pas à gagner ceux qui pensent différemment hors des deux schémas.

*

1) Aspects culturels : trois conceptions du monde.

- Certains aiment les villages avec clocher et estiment que c’est là la terroir et la ruralité qui forme l’identité de la France (Agoravox hier) en différence avec les villages musulmans des pays arabes. Nous sommes différents restons-le chacun chez soi.
- D’autres aiment la pluralité par réaction à ce chauvinisme et veulent un mixte de bâtiments religieux comme paysage de tolérance.
- D’autres encore n’approuvent ni l’un ni l’autre : le premier pour sa préférence catholique fondée sur la subculture chrétienne qui perdure, le second car ils se font plus religieux que les religieux en autorisant un envahissement du religieux pluriel . Ici il peut y avoir deux positions l’une laique radicale plus d’église, synagogue et mosquées l’autre plus modérée qui les acceptent mais limitant leur cararactère ostensible et grandiose tant pour les grands minarets que les grands clochers

2) Aspects idéologiques : une double dégénérescence qu’il faut critiquer :


- cellle islamistophobe (critique de l’islam radical) qui dégénère vers la musulmanophobie (peur de tous les musulmans assimilés aux islamistes radicaux) . Exemple de lecture : En 1998, le premier ministre Turc actuel, M Erdogan, disait : "Les mosquées sont nos casernes, les coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes et les croyants nos soldats." A partir de là on imagine que les dirigeants des mosquées sont tous des islamistes radicaux. On ne sait que peu de chose sur le sujet d’ailleurs. Mais la raison impose de penser que la présence-absence de minaret n’est pas très déterminante sur leur activité qu’ils peuvent mener sur les autres lieux de prières, rues ou caves.


- celle de l’ islamophobe (entendu ici au sens strict comme simple critique de l’islam) qui dégénère vers l’islamophobie raciste, la musulmanophobie (de Redeker à Wider) . Ce discours opère tôt ou tard un passage de la critique d’une croyance à une stigmatisation des croyants. Le passage peut être plus ou moins net dans « l’incitation » ce qui fait qu’il n’y a pas toujours procès juridique.

Christian D


DELARUE a écrit :

II - Autoriser mais limiter l’emprise du religieux sur l’espace public .

Dans cette affaire de minaret le peuple suisse semble - prudence à ce jour - avoir été pris entre deux radicalismes : les anti-musulmans d’extrême droite et les autres dans la caricature inversée du tout accepter. Or pour convaincre une position juste et relativement équilibrée était possible. Elle devait être dite haut et fort.

* Equilibration contre emprise.

L’espace public devrait être neutre. Cet idéal n’est évidemment pas respecté. Il subi l’emprise de la marchandisation et celle du religieux. A défaut d’être totalement neutre on devrait limiter cette double emprise.

- *COTE EMPRISE MARCHANDE

Les panneaux d’affichage associatif de quartier (souvent moches certes) disparaissent au profit des grands panneaux publicitaires (très propres évidemment). Cette dynamique va dans le sens de l’emprise de la marchandisation du monde. Une autre dynamique plus respectueuse de la vie locale (mêmes avec ses quelques débordements) viserait à favoriser l’expression associative de quartier avec plus de panneaux et à limiter la prolifération des grands affiches commerciales. Il en va de même pour l’emprise historique du religieux qui est mon propos principal.

- *COTE EMPRISE RELIGIEUSE

Autoriser des locaux de prière pour les différentes religions ne fait pas problème pour l’immense majorité des gens mais sous certaines conditions. Les religions disposent toutes de locaux sauf l’islam. Ce que l’on nomme l’islam des caves qui devient l’islam à ciel ouvert - euphémisme d’islam dans la rue - n’est pas une solution. L’exercice du culte doit être privé. Ce qui suppose des locaux. Les religions ont de l’argent pour en construire. Reste à examiner les conditions. Il convient de rassurer la population sur ce point . Si aucune garantie n’est prise sur les conditions d’installation alors on trouve des réactions de protection qui ne font pas dans la nuance. La caricature de démocratie avance sur des insultes mais elle s’éloigne avec des compréhensions et des arguments.

* Un compromis, un équilibre des tolérances est nécessaire .

Il y a besoin que les élites politiques affichent leur sens du compromis dont elles sont par ailleurs coutumières à l’ordinaire . Ce compromis devrait limiter l’emprise du religieux dans l’espace public . Autoriser certes mais en donnant des limites. Ce qui pose problème ce n’est pas l’existence de minarets discrets c’est l’existence de grands minarets et de minarets faisant appels bruyants à la prière. On dira que les cloches qui sonnent ne semblent pas poser problème. En toute logique si. De la même manière que l’appel du muezzin. Mais il semble que ces appels sont rares.

* Que comprendre alors ?

C’est le caractère ostentatoire et même impérialiste de certaines constructions qui gêne , qui suscite la réprobation.

Qu’est ce qu’un grand minaret demandera-t-on ? La réponse vient de la ville de Genneviliers - lue dans Ouest France de ce jour - c’est un minaret plus haut que la mairie. Autrement dit on prend un bâtiment symbolique de la République et on dit pas plus haut ! Moins de grandiose et plus d’humilité pour les religions ne saurait faire de mal à la tolérance mutuelle. Si l’on veut bien regarder les choses ainsi, alors on évite l’affrontement et de traiter de racistes et de fascistes des gens qui ne le sont pas.

Christian DELARUE


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