Mais revenons au Japon. Ces techniques d’extermination de populations ne furent pas développées à la fin de la guerre à l’époque des Kamikazes dans une sorte d’accès ultime, dans un sursaut de défense désespéré mais au contraire mises au point dès 1930, très posément, très méthodiquement. Le Japon se sentait à l’étroit sur son île où il ne disposait pas de ressources énergétiques et minières. Il avait des visées expansionnistes. Les stratèges nippons savaient que des peuples nombreux pourraient se dresser contre eux, y compris le géant américain. Les leaders nippons développèrent ce qu’on appela plus tard « la bombe atomique du pauvre » et, s’ils avaient pu le faire, ceux-ci auraient massacré froidement des dizaines de millions ou des milliards d’être humains en déchaînant sur leur sol les épidémies les plus meurtrières. Si ces gens-là avaient pu développer les bombes à fission et à fusion, ils l’auraient fait, non pas pour se « défendre » mais pour exterminer les habitants de terres qu’ils auraient aussitôt perçues comme un nouvel espace vital, un « lebensraum » à conquérir. Quand on voit les images montrées par la chaîne ARTE on a réellement l’impression que dès le début des années trente, pour les leaders japonais tout ceux qui étaient « non-japonais » n’avaient que deux issues possible : devenir des esclaves ou disparaître. Mais, somme toute, les Nazis chevauchaient les mêmes thèses en particulier vis à vis des Slaves. On dispose de textes extrêmement clairs sur ce point.
Si j’ai bien entendu (si je fais une erreur que mes lecteurs me reprennent), l’empereur Hiro-Hito lui-même aurait été parfaitement au courant, ayant fait des études de biologie. Dans ce centre de recherche ont donc été étudiées toutes sortes de souches comme le choléra et la dysenterie. Les premiers incubateurs testés, ô combien primitifs, dont on montre des images étaient initialement était emplis de viande avariée et leur durée de fonctionnement était de quelques jours. Dans cette émission de nombreux témoins passèrent à l’antenne, des japonais ayant participé à cette entreprise. « Chaque bactérie avait une odeur précise », dit l’un d’eux.
Tout de suite les Japonais entreprirent d’effectuer des essais sur la population chinoise. Les premiers essais furent faits en infectant les puits de villages avec des germes de la dysenterie. Cette action fut évidemment menée secrètement, et une campagne de désinformation fut entreprise parallèlement. En avertissant les populations des environs qu’une épidémie de dysenterie. s’était déclarée, celle-ci auraient été à cent lieues de penser que les Japonais auraient pu eux-même provoquer la chose. Quand c’est trop énorme, les gens restent sceptiques. Les exemples abondent dans ce sens, partout, dans tous les domaines. Les médecins japonais purent ainsi aisément décréter des quarantaines, isoler les villages touchés et faire semblant d’en soigner les habitants avec des placebos. Grâce à ce stratagème il leur fut possible de suivre de près les effets de leurs propres actions. Ils disséquèrent des paysans chinois atteints encore vivants après les avoir anesthésiés. Il prélevèrent ainsi de nombreuses pièces anatomiques. Puis les corps furent recousus et jetés dans les puits. Quand tout fut terminé les japonais brûlèrent les villages ainsi « traités ». Un personnage nommé Kakamura témoigne de sa participation à de telles opérations qui portaient sur des petites agglomérations, entraînant en général la mort d’une trentaine de personnes.
L’unité 731 était implantée dans une localité nommée Pin Fang. Ayant appris que son mari avait été arrêté pour être emmené à la « prison de Pin Fang » une chinoise fit le voyage pour tenter de faire parvenir à son mari des provisions. C’est en arrivant sur place que les habitants de la région lui firent comprendre que Pin Fang n’était pas une prison, mais un lieu qu’il serait préférable de fuir immédiatement, ce qu’elle fit, terrifiée. Dans le film d’Arte, elle témoigne. Quant à son époux, il trouva là-bas la mort la plus horrible qui soit.
Les Japonais voulurent tester l’efficacité d’un largage de souches bactériennes à partir d’avions. Pour ce faire ils utilisèrent des lots de 200 prisonniers utilisés comme cobayes humains. Comme le raconte un des japonais ayant participé à ce genre d’opération : « nous prenions des prisionniers chinois par lot de ceux cent. Quand nous en avioins fini avec ces deux cent-là, nous en prenions d’autres ». Ceux-ci étaient attachés tous les cinq mètres à des pieux, en pleine campagne. On procéda sur eux à des épandages de souches diverses. Les soldats munis de masques à gaz forçaient les victimes à tenir la tête en l’air et à respirer les spores du charbon, de la peste bubonique. Les résultats s’avérèrent « satisfaisants ».
Dès 1942 les Anglais s’intéressèrent aux armes bactériologiques en effectuant des essais sur l’îlot de Gruinard, à l’ouest de l’Écosse. Ces recherches ne furent révélées en montrées qu’en 1997. Jusqu’à cette date les dossiers anglais furent frappés du sceau du secret défense et tenus hors de vue du public. L’idée était de créer des « bombes au charbon » (le charbon est synonyme d’anthrax, une affection pulmonaire mortelle). Les biologistes anglais amenèrent donc sur l’île des moutons qu’ils placèrent face au vent, la tête dirigée vers une « bombe à anthrax ». La question était de savoir si les spores pourraient résister en étant dispersées à l’aide d’un explosif. Les résultats furent positifs. Les Anglais brûlèrent les corps des moutons, mais l’îlot ne put jamais être totalement décontaminé, semble-t-il, ne serait ce que parce que les vers de terre et les insectes fouisseurs emmenèrent les spores en profondeur, ce qui n’avait pas été prévu (...).
Les Japonais ont continué leurs recherches et assemblèrent 4000 bombes UJI au charbon (anthrax). En 1940 ils décidèrent d’essayer de provoquer la peste dans la population civile d’une localité chinoise. Dans l’émission un unique rescapé chinois témoigne. Il a vu l’avion et le nuage de « poussière » que celui-ci largua à basse altitude et qui se déposa sur les habitations voisines. Aussitôt après la peste se déclara. Les Japonais avaient constaté que les bacilles de la peste, en dehors d’un « vecteur », s’avéraient relativement fragiles et vulnérables, donc d’un emploi problématique. Le vecteur classique est le rat, c’est bien connu. Ils eurent l’idée d’avoir recours aux puces du rat, également infectées. En octobre-novembre 1940 un avion largua un jour au dessus d’une petite ville chinoise des kilos de puces porteuses de la peste. La maladie se déclencha instantanément et il y eut 500 morts. Là encore les Japonais se présentèrent comme s’ils avaient été soucieux de combattre une épidémie naissante et les habitants n’imaginèrent pas une seule seconde évidemment que ceux-ci avaient provoqué eux-mêmes ces cas de peste. Il y eut là aussi des prélèvement d’organes sur les êtres humains encore vivants, préalablement anesthésiés, puis tués à l’aide d’une injection mortelle.
Mais la démarche la plus inimaginable consista à utiliser des civils chinois comme « incubateurs vivants » pour produire différentes bactéries. En effet, se dirent les médecins nippons, si nous récupérons les souches qui ont tué des hommes ce seront par essence les plus virulentes puisqu’ayant survécu à la contre-attaque du système immunitaire humain. Un Japonais ayant participé à ces actions explique donc dans le film que les gens étaient d’abord infectés à l’aide d’une injection. Quand on estimait que leur décès était proche on les anesthésiait totalement, puis on les vidait de leur sang. Pour ce faire le soldat qui avait amené le prisonnier ainsi anesthésié lui sautait à pied joint sur le coeur, brisant même les os de la cage thoracique, pour mieux provoquer l’expulsion du sang par l’intermédiaire d’une veine sectionnée. Sauf erreur ces activités de l’unité 731 firent 3000 morts.
Les Américains découvrirent les vertus des armes bactériologiques lors de l’effondrement du Japon. Je me rappelle au passage que les Japonais avaient largué de nombreux ballons qui, traversant le Pacifique, étaient réglés de manière à descendre lorsqu’ils atteignaient les reliefs, par exemple en Californie. On ne sait combien de ballons furent lâchés. Quelques uns atteignirent effectivement la côté américaine mais les autorités locales établirent un total black out sur ces succès. N’ayant pas d’information en retour, les Japonais n’intensifièrent pas ces actions. Il est maintenant hors de doute que celles-ci visaient des actions de guerre bactériologique car les charges explosives que des ballons auraient pu transporter au travers du Pacifique auraient causés des dommages insignifiants. Par contre des ballons porteurs de puces infectées par la peste s’abattant dans des grandes villes américaines ou dispersant des spores de charbon auraient pu causer la mort de nombreuses personnes. Dès le départ le Japonais ont démontré que la guerre devait, pour eux, être menée avec le plus total mépris de la vie humaine. Quand les Américains préparaient les bombes qui devaient être lâchées sur Hiroshima et Nagasaki ils ne devaient sans doute pas savoir ce que les Nippons auraient été capables de faire sur les populations civiles des USA. Dixit le commentaire d’Arte « avec leurs bombes atomiques les Américains coiffèrent les japonais au poteau ».
06/12 05:48 - Le voyageur
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26/11 00:18 - Thanh
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25/11 21:31 - robin
:-(Mais revenons au Japon. Ces techniques d’extermination de populations ne furent pas (...)
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