Bush au Vietnam, une mission sans résultat très brillant
Deux thèmes principaux ont été à l’ordre du jour du sommet
annuel du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), qui a eu lieu à
Hanoï les 18 et 19 novembre : la réduction des taux des barrières douanières au
sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les menaces posées par
l’essai nucléaire nord-coréen.
Ils ont aussi insisté sur la nécessité de respecter les résolutions
du Conseil de sécurité des Nations unies, mais ils n’ont pas décrit avec précision
les sanctions décidées contre Pyongyang.
Cette déclaration n’a été que "verbale". Les représentants du Vietnam se sont opposés à ce que cette question controversée figure dans le communiqué final, a-t-il été indiqué de source diplomatique.
Le sommet n’aura pas été complètement vain, estime-t-on dans
ces milieux, car il aura été l’occasion pour les six acteurs des négociations à
six d’envisager les initiatives qui pourraient être demandées à la Corée du Sud
comme préalables à la reprise des discussions. Samedi, la Russie avait mis en
garde contre les risques d’acculer le régime nord-coréen par une trop grande
fermeté.
Faute de l’approbation de la Chambre des représentants à Washington,
M. Bush n’a pas pu signer avec Hanoï l’accord de coopération américano-vietnamien
qui était un des buts de son voyage. Mais la face était partiellement sauve car
lors sa visite, a-t-on indiqué de source américaine, le président a pu
s’entretenir avec son homologue chinois, ce qui a permis un début de consensus sino-américain
sur cette question nucléaire qui empoisonne l’atmosphère diplomatique particulièrement
dans cette zone asiatique extrêmement sensible.
Pourtant, la visite officielle du président des Etats-Unis
au Vietnam, le second avec Bill Clinton à visiter Hanoï, ne s’est pas déroulée au
milieu de la même ferveur.
Contrairement au succès qu’avait remporté le président
Clinton, premier président américain à être accueilli par des
acclamations après la Guerre du Vietnam,
pour M. Georges W. Bush, seuls des curieux sont venus voir passer son cortège. Des
honneurs officiels au Palais du gouvernement sous le buste du défunt père de la
Patrie, Ho Chi Minh, mais pas plus. On savait déjà que la nouvelle Chambre démocrate
des représentants l’avait privé de la satisfaction de signer le « traité historique
de libre-échange » qu’il avait projeté de conclure avec le Vietnam. Une dépêche
de Reuters affirme qu’il a néanmoins cherché à rassurer les Vietnamiens sur sa
capacité à mener à bien ses objectifs en matière de libéralisation des échanges.
« Je pense que cela se fera », a prédit G.W. Bush lors
d’entretiens au palais présidentiel vietnamien.
Sa visite apparemment tournée vers l’avenir devra néanmoins évoquer
le passé. Le président doit se rendre au Bureau de recensement conjoint des
prisonniers de guerre et des disparus au combat. Trente et une années se sont écoulées
depuis la fin des combats. Mais on est toujours sans nouvelles de près de 1800
soldats américains.
Lors d’une visite à l’Université de Singapour, le président
Bush a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de demeurer engagé en Asie. Mais
quelle est la valeur d’une promesse exprimée par un chef d’Etat parvenu à mi-course
de son mandat et affublé pour le temps qu’il lui reste d’un congrès d’opposition
?
Pendant ce temps, les nations européennes et leurs instances
gouvernementales, parlementaires ou économiques, ne paraissent pas se rendre
compte, absorbées qu’elles sont par des problèmes quasi paroissiaux, que depuis
une bonne vingtaine d’années, le bassin de l’Océan pacifique est en train de
devenir le nouveau centre de gravité de la planète.
C’est là que vivent - ou survivent - les populations les
plus pauvres, les plus actives et les plus nombreuses du monde, aux côtés de
quelques puissances dont la croissance économique - pour être partie de plus
bas - laisse statistiquement loin derrière elles celle des nations européennes.
Créée en 1989, L’Apec est composée de vingt-et-un pays situés en
bordure de l’Océan pacifique. Ce regroupement d’économies représente 55 %
du produit intérieur brut (PIB) mondial et 47 % du commerce mondial. Ces
données en font le forum le plus important de la région Asie-Pacifique.
L’assemblée de leurs représentants va se retrouver le 28
novembre pour sa quatorzième réunion à Hanoï, capitale de la République populaire du
Vietnam, où le président des Etats-Unis les a précédés et ville,
dans cette République, dont la sévérité des institutions communistes est légendaire
depuis l’entrée triomphale des « Bodoi » dans Saïgon, devenu Ho-chi-Minh. On
n’a pas oublié le pont aérien constitué d’hélicoptères lourds « Shinook » de
l’US Navy qui évacuait dans l’urgence vers la 6e flotte, depuis le toit de
l’ambassade des Etats-Unis, les diplomates et leurs amis, ainsi que les derniers
militaires d’un contingent qui avaient connu et fait connaître sans succès à ce
pays ce qu’une grande puissance peut faire subir d’horreur à un peuple qui se
bat pour son indépendance.
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