Ce que je trouve amusant c’est de vouloir décortiquer à l’infini une votation qui exprime avant tout un accès de mauvaise humeur, s’en prenant à un signe bien représentatif d’une minorité perçue, à tort ou à raison, comme ostentatoire dans sa manière de vivre et ses allégeances ; Et ce par le fond conservateur d’un petit pays peu connu pour son cosmopolitisme.... sauf dans le secteur bancaire !
C’est une mesure vexatoire qui répond à une minorité agissante dans l’Islam européen, qui entend imposer sa présence en brandissant les formes les plus voyantes de ses allégeances.
Or ce refus d’une enclave régie par ses propres coutumes se complique du fait que l’Europe moderne n’offre pas la relative unité culturelle, artistique, sociétale, ni la même assurance tranquille qu’elle avait il y a cinquante ou cent ans. Au contraire, nous sommes de plus en plus divisés en tribus de consommateurs, et balayés par une sous-culture mondiale disséminée par la musique, le sport, le ciné, la télévision.
L’Europe - et chacune de ses nations - est desservie par un déficit d’identité, dès lors que celle-ci, dans les textes officiels, n’est qu’un vague ramassis de bons sentiments alliés à la démocratie parlementaire et l’économie de marché.
C’est peut-être cette identité niée qui fait problème et qui taraude l’inconscient européen, suscitant des réactions hostiles à l’égard d’identités étrangères, clairement exprimées comme telles, mais qu’on voudrait imposer comme des choix aussi légitimes que ceux qui appartiennent à une Europe plus traditionnelle.
En d’autres termes, et sans macher les mots, pour les Européens, dans leur ensemble, l’Islam n’a pas la même place en Europe que le christianisme ou le judaïsme. On peut s’en scandaliser, mais c’est ainsi. Comme pour tout nouveau-venu, l’acceptation est difficile et lente - et les actuelles tensions mondiales, impliquant l’Isalm, ou ceux qui s’en réclament, ne facilite pas la tache.