Il me semble que votre article gagnerait à être plus nuancé. Au fond, on ne sait pas grand chose de concret sur cette histoire. Ce qui est avéré, c’est que cet homme, quand il a financé des opérations un peu politiques, à choisi en général des trucs plus démocratiques et ouverts que la moyenne (encore que de mémoire, à un moment, il arrosait un peu tous le monde PC compris) qu’à vue de nez, beaucoup d’autres oligarques n’ont sans doute pas moins à se reprocher sur les plans fiscaux et éventuellement criminels mais se sont montrés plus soumis.
Personnellement, j’ai du mal à avoir une opinion définitive. Le régime actuel est certes extrêmement corrompu, souvent peu efficace. D’un autre côté, l’état de déliquescence de l’État était tel à la fin de la période Eltsine, qu’il était peut être inévitable que les organes de force, seuls à tenir encore un peu la route, reprennent la main. Il est certain que par « culture d’entreprise » ils ne sont pas très portés sur le libéralisme tant économique que politique.Il est non moins évident qu’ils ont obtenu un certains nombre de résultats positifs pour la population (salaires payés, un peu d’investissement dans les équipements publics, relative stabilité politique et économique, services publics qui fonctionnent un peu etc...)
Il est gênant qu’à chaque fois, les oligarques boucs émissaire aient été des juifs investissant dans des médias un peu plus libres que les autres. ( Berusovski, Gussinski,...) Il n’était sans doute pas très sain non plus que le destin politique du pays se joue entre quelques milliardaires vite enrichis quelle que soient leurs qualités personnelles.
Même si les élections ne sont que très partiellement démocratiques, un Poutine à malgré tout vraisemblablement plus de légitimité politique que n’importe quel oligarque. Khodorkovsky, comme personne, ressemble peut être plus au moins en apparence à un occidental, mais Poutine est certainement à bien des égard ce que souhaitaient beaucoup de russes.
Personnellement, je pense que le peuple russe est potentiellement parfaitement apte à une vraie démocratie, mais beaucoup de russes pensent le contraire. Ils croient en la nécessité d’un pouvoir autoritaire. A priori, il n’est pas impossible qu’ils connaissent mieux la question que moi....
Il me semble que seul un peu de recul permettra de juger si l’épisode Poutine était une étape autoritaire obligée de remise sur pied de l’état avant le passage à plus de démocratie ou une « réaction de la classe » conservatrice de la bureaucratie post socialiste pour défendre ses « acquis sociaux », son pouvoir et ses privilèges.