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Commentaire de Sylvain Reboul

sur De la pensée unique au service du vote Le Pen


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 26 novembre 2006 09:03

La référence à l’abbaye de Thélème est intéressante en cela qu’elle fait référence à une communauté partageant la même foi et les même désirs (« un disait buvons et tous buvaient » etc..) au même moment ; c’est franchement l’antithèse de la démocratie délibérative pluraliste. On ne peut donc pas prendre ce modèle idéal comme une métaphore de la démocratie, elle serait plutôt celle de la théocratie communautaire parfaite qui prendrait contrairement au monachisme classique en compte la dimension du désir rendu par miracle commun et pacifique, voire pacifiant. Ce qui est précisément impossible chez les hommes réels. Remarquons en outre qu’il s’agit d’une communauté monosexué. Les différences sociales, idéologiques et sexuelles sont effacées. Donc c’est plutôt un anti-modèle de la réalité, inaccessible et dangereux si l’on prétendrait l’imposer : on ne pourrait le tenter, sans succès du reste, que par la terreur !

Je suis d’accord avec vous : le TCE en tant que compromis diplomatique et politique complexe (donnant/donnant), difficile à comprendre pour qui n a pas été impliqué à son élaboration ne relève pas d’un référendum par oui ou par non , mais de la représentation parlementaire et sociale qui a participé, via la convention, à sa difficile négociation . Selon moi le TCE n’est pas mort dès lors qu’il ne l’est pas pour la majorité de nos partenaires et qu’il est nécessaire pour le fonctionnement de l’Europe politique et sociale indispensable dès lors que l’union économique et monétaire fonctionne sans possibilité de retour en arrière(sauf catastrophe inéluctable). Dans le cadre actuel seul le grand marché accompagné d’un droit commercial de plus en plus puissant fonctionne hors tout contrôle politique. Le TCE était une première étape indispensable pour rétablir un encadrement de la construction européenne plus démocratique (pouvoir renforcé des parlements européens et nationaux).

Pour ce qui concerne SR, elle est la seule à poser courageusement le problème du fonctionnement plus démocratique de nos institutions ; ces propositions sont une ouverture qu’il convient d’expérimenter dans le contexte de crise de la représentation que nous savons. Je ne suis pas du tout convaincu par votre interprétation de sa position sur l’encadrement disciplinaire donc de type militaire et compréhensif des jeunes délinquants comme alternative à la prison. Je ne vois pas d’autres possibilités pour les rééduquer à la loi, donc à la sanction et les ramener à la possibilité de se (re)construire y compris sur le plan professionnel et personnel (on peut tout apprendre dans un cadre disciplinaire qui rend possible une nouvelle auto-valorisation) ; voir ce qui se passe à la gendarmerie (militaires) pour ceux qui y font leur service volontaire. C’est cela ou la prison et cela vaut la peine de l’expérimenter.

Le temps de travail des profs : il est piégé par des corrections chez soi sans réel contact avec les élèves : les profs passent plus de temps à sanctionner les performances des élèves qu’à aider à développer leurs capacités. Donc ce n’est pas plus de travail qu’il faut, mais travailler autrement (une évaluation des élèves est meilleure en cours de suivi individualisé et on peut surtout mesurer les difficultés et se donner les moyens de les surmonter) ; La fonction sélective l’emporte dans le système actuel sur celle de la formation, au bénéfice de ceux qui peuvent se faire aider à l’extérieur (en particulier les enfants d’enseignants et je parle d’expérience confirmée par nos références statistiques). C’est un vrai problème et elle a raison de le soulever. Sur l’Iran elle a raison de dire que pour ce pays on ne peut séparer le civil du nucléaire compte tenu de son régime en qui on ne peut avoir confiance, et de ses intentions guerrières ; ce n’est pas un problème juridique comme le pense Fabius (bien que l’agence de non-prolifération se prononce sur la difficulté qu’oppose le régime iranien à tout contrôle efficace sur ce point), mais politique ; ce qui est aussi l’avis du conseil de sécurité l’ONU.

Au lieu de critiquer a priori en déformant les propos de SR en les tronçonnant (la notion de jury populaire que vous avez n’est pas du tout la sienne) et je sais pour vivre en Allemagne que cela peut marcher très démocratiquement sans populisme. Faisons le pari que cela peut fonctionner avec tous les correctifs possibles : nous devons entrer dans une phase d’expérimentation politique (nous n’avons du reste pas le choix) et tout ce qui peut être fait pour recrédibiliser la démocratie représentative doit être fait. Il faut tirer la leçon de 2002 et seule SR me paraît vouloir le faire. « On s’engage et puis on voit » comme disait...Lénine. SR propose une évaluation démocratique régulière et corrective qui peut être contre ? Sa démarche est donc nouvelle : le programme est à élaborer dans le cadre d’une processus d’auto-correction démocratique permanent ; cela me semble plus juste que les pseudo-programmes auto-proclamés tombés du ciel : nous ne savons jamais à l’avance quelles seront les conséquences réelles de nos actions ; Il faut rompre avec l’illusion dogmatique de croire que nous pouvons par des projets préconstruits idéalement transformer efficacement la réalité.


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