Vous écrivez Lorsque Ségolène Royal propose en Poitou-Charentes de faire liste commune au premier tour des Régionales avec le Modem en leur tendant la main, elle prend au mot François Bayrou.

C’est faux. Et il est important de s’en rendre compte.

François Bayrou a toujours défendu le principe selon lequel le premier tour est celui du choix, et le second celui des rassemblements. Et il a raison. Sinon, pourquoi faire deux tours ? Dans cette logique, qui me paraît saine et responsabilisatrice pour les électeurs, on vote au premier tour pour des projets et des valeurs, et des gens qui les incarnent. Et le résultat permet de fixer le curseur pour les nécessaires rassemblements du second tour.

François Bayrou a enfoncé le clou, et proposé une méthode, lors de l’université de rentrée du Mouvement Démocrate en septembre, en indiquant qu’un des objectifs du congrès d’Arras qui vient de se conclure serait de coucher sur le papier une base programmatique pouvant servir de base de discussion pour préparer ces rassemblements, pas simplement pour les élections régionales mais pour que puissent se parler concrètement tous ceux qui voudraient échapper à 10 ans de sarkozysme. C’est ce qui s’est passé, et cette base existe (voir
Le Projet Humaniste).

Ségolène Royal est parfaitement au fait de cette approche, et semble faire tout son possible pour la saborder. Ne nous y trompons pas. Ce n’est pas une main tendue mais une claque qu’elle propose car elle sait très bien que son offre sera rejetée, pour la raison évoquée ci-dessus.

Mais elle en tire bénéfice à cause de l’inanité du traitement médiatique des sujets électoraux en général. Il semble que des efforts herculéens soient faits pour transformer toute nouvelle échéance électorale en plébiscite de l’action présidentielle, ou en match retour des élections de 2007. C’est catastrophique pour la démocratie et infantilisant pour les électeurs.

François Bayrou soutient sans relais médiatiques une approche qui redonne sa noblesse à la politique et à la démocratie. Ségolène joue le jeu de la manipulation, avec la complicité gourmande de ces mêmes media. Je crois que Sarkozy doit être mort de rire, de ce qu’il considère sans doute comme de la naiveté chez le premier, et de l’idiotie utile pour lui chez la seconde.