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Commentaire de Tristan Valmour

sur « Ouah ! Elle boite ? Elle s'est fait enculer ou quoi ? » s'écrie en classe un élève au sujet de sa professeur


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Tristan Valmour 10 décembre 2009 15:33

Comment ne pas s’étonner de la multiplication de ces dérives ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

 

Les enfants/élèves agissent en bande quand les adultes sont seuls. Il y a toujours la menace de se prendre un procès. Autrefois, l’éducation était l’affaire de tous : parents, enseignants, famille, amis, personne de la rue qui reprenait les enfants lorsque leur comportement n’était pas adéquat. Multiplication des familles monoparentales, ou chômage qui fait perdre le statut de parent nourricier, donc moins de respect de la part de l’enfant.

 

Le statut d’enseignant a été considérablement dévalorisé. Beaucoup méprisent les profs, y compris le Président de la République. Les profs n’ont plus l’exclusivité du diplôme, largement partagé par bon nombre de concitoyens.

 

Les moyens d’apprendre en dehors de l’école ont été multipliés : manuels parascolaires, sites internets, cours particuliers, parents instruits… Le prof est mis en concurrence, il partage son magistère.

 

Des enfants de familles aisées peuvent compter sur l’appui de leurs parents (et de leurs relations) pour court-circuiter le prof dans ses sanctions quand d’autres ne se gênent pas pour le menacer physiquement.

 

L’administration n’est pas à la hauteur. Beaucoup de chefs d’établissement sont incompétents. Pas étonnant vu la rémunération au regard des responsabilités et de la somme de travail.

 

Les élèves sont parfaitement au courant de leurs droits, immenses, et le font savoir. Le prof est démuni devant cette abondance de lois.

 

Les publicitaires s’adressent aux enfants, leur conférant un immense pouvoir : celui de prescrire l’achat.

 

La société ne donne aucun espoir d’évolution. Les jeux sont faits dès la naissance. Donc, sentiment d’être prisonnier du fatum. A quoi ça sert de faire quand tout est écrit ?

 

La consommation de sucre a explosé, ce qui a un effet direct sur le stress et entraîne la violence, les troubles de l’attention. Le sucre est une saloperie pour le cerveau.

 

Les enfants manquent de sommeil, donc cela entraîne des troubles du comportement.

 

Les enfants sont trop en contact avec des appareils électroniques (portable, ordinateur, télévision) et/ou ils ne se reposent jamais ; ils sont toujours en action. Effets : impossibilité de faire travailler le système d’apprentissage réflectif (évocation, métacognition…) donc déresponsabilisation.

 

Le fait que les enfants ne se reposent pas, c’est-à-dire qu’ils ne passent pas de temps à réfléchir sur eux-mêmes entraîne un disfonctionnement des lobes frontaux (selon Donald Stuss et Franck Benson, deux neuropsychologues). Dans le détail : perte d’ambition et de motivation. Absence de contrôle exécutif (= impossibilité de planifier et anticiper). Absence de conscience de soi, diminution de la responsabilité personnelle.

 

Les cortex frontaux et préfrontaux sont des inhibiteurs et des régulateurs des besoins fondamentaux comme l’agressivité, la violence ou le sexe. Les lobes frontaux nous apprennent aussi ce qu’il faut dire ou ne pas dire.

 

De nombreux scientifiques cognitivistes craignent que les lobes frontaux de beaucoup de jeunes gens ne soient endommagés. Selon Damasio, l’apprentissage réflectif (réflexions sur soi, son passé, son comportement, ce qui a marché ou échoué, son avenir, son passé…) nourrit l’intelligence.

 

Conclusion : les jeunes ont besoin de vivre avec la nature, de passer du temps (30-45 mn par jour minimum) à ne rien faire d’autre que réfléchir sur eux-mêmes. C’est capital. Eloignons les de l’ordinateur, de la télévision et du portable.

 

 


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