Article intéressant qui pose une bonne question à laquelle je n’ai vu jusqu’à présent aucune réponse dans les réactions. A savoir, le droit d’un individu de quitter toute organisation particulière prétendant parler en son nom, lorsqu’il ne s’y reconnait plus. Droit fondamental mais dont la déclinaison est moins qu’évidente surtout si la séparation est onéreuse, par exemple dans la relation entre un artiste et une société de gestion de droits d’auteurs. Les cas les plus difficiles sont bien sûr aux deux bouts : la famille (quoi qu’en disent les discours ambiants prétendant qu’elle n’existe plus), et la communauté nationale, car ce sont deux communautés qu’un individu ne peut quitter sans une décision lourde, et dont il n’est pas question d’exclure un individu sauf à aller vers un système totalitaire. La démocratie et le droit sont là pour y répondre ou au moins tenter de fournir des garde-fous.
Pour ce qui est du référendum suisse, facile de juger depuis un écran. Toutefois j’aurais trouvé courageux, même si quelque peu irréaliste, que le gouvernement suisse en tire les conséquences, considère qu’il n’est pas en mesure de faire appliquer une telle loi, et démissionne en bloc en convoquant des élections générales. Aux Suisses alors la liberté et la responsabilité :
- soit de voter l’UDC, initiateur du référendum et de supporter les conséquences d’être gouvernés par l’extrême-droite, en escomptant que les traités internationaux et les usages du temps servent de garde-fous à la mise en place d’une dictature,
- soit de voter pour la coalition au pouvoir, mais alors d’accepter que la question soit remise sur la table en étant reformulée d’une manière plus démocratique, dans le sens ou démocratie diffère de dictature majoritaire.
Après tout, si à l’époque de Louis XIV on avait organisé un référendum en France pour interdire la « religion prétendument réformée », je pense que le « oui » l’aurait emporté de manière écrasante. L’« identité nationale » française est aussi faite de cette histoire que nous traînons encore comme un boulet faute de l’avoir regardée en face.