L’américanisation de la vie politique française ?
Sur le fond des idées, c’est contestable, il s’agit souvent de thèmes typiquement franco-français.
Par contre c’est intéressant de constater l’américanisation de la pratique politique depuis peu, et notamment sur la question des « primaires » devenues incontournables à droite comme à gauche. Et d’abord l’analyser le glissement sémantique qui s’est opéré en quelques semaines : ces « primaires » ont d’abord été appelées « candidature à la candidature ». Mais, suite aux bafouillages incessants des analystes politiques, un autre synonyme alternatif, et plus sonnant, a été choisi : « investiture ». Le terme pêchait quand même par un grave défaut pour qui veut se présenter devant les français, ou du moins devant les sympathisants de gauche, et pas seulement devant les militants du parti socialiste : cela sentait trop le kolkhoze et la vodka, et allez savoir pourquoi, un rouge brûlant teintait votre langue à sa prononciation. La « modernité » restant encore transatlantique, le terme a donc pris un accent américain : d’où l’invention des « primaires ». C’est sûrement l’actualité des élections mid-term aux États-unis qui l’a voulu ainsi, mais au moins, cette fois, tout le monde s’y retrouve.
L’autre bonne nouvelle, à la différence des primaires américaines, c’est que les débats ne donnent pas lieu à des shows « tarte à la crème ». On se souvient encore avec désolation, et aussi un peu de délice il faut bien l’avouer, des candidats républicains faisant virevolter leurs pancakes devant une foule ébahie. On se souvient alors du malheureux prétendant qui s’affale lamentablement au bas de l’estrade pour récupérer sa galette sous les yeux émerveillés d’un Georges Bush sorti victorieux de cette joute de queues de casseroles. Pour l’instant, rien de tel en France, quoique quelques crêpes suzette verbales bien salées aient fusées.
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