@ Namja :
Je pense qu’on s’écarte un peu du sujet « Tamiflu », mais je prends le temps de te donner mon avis sur ta remarque.
Plusieurs remarques rapides :
> Tout d’abord la définition de
l’OMS, très large, n’a pas de valeur normative pour le soignant en
pratique. Cette définition est non contraignante en pratique
courante. Dans les faits, c’est plutôt le patient, dans l’échange
singulier avec son médecin, qui manifestera une plainte, un état de
non-santé ressentie. C’est bien davantage la plainte du patient qui
aura valeur de « non-santé » qu’une quelconque définition
fut-elle de l’OMS.
> Les implications économiques de
la santé sont une réelle question. Du point de vue du médecin, il
me semble essentiel de préserver au maximum son jugement de tout
conflit d’intérêt, d’interférences liées à des intérêts
économiques. Il existe tout un mouvement au sein du monde médical
en France qui est attaché à cette « indépendance » des
médecins vis à vis des laboratoires pharmaceutiques, mais également
vis à vis des institutions gouvernementales. Indépendance ne veut
pas dire rejet ou approbation systématique, mais liberté assumée
d’approuver ou de rejeter tel médicament, telle recommandation en
visant avant tout le bien réel du patient, ce qui concrètement veut
dire une balance bénéfice/risque clairement favorable au profit du
patient. La Revue Prescrire est probablement l’organe fédérateur
naturel de ce mouvement (minoritaire cependant...) au sein du monde
médical en France. Cette démarche repose notamment sur une analyse
exhaustive et croisée de la littérature existante. On peut
rattacher à ce courant tout ce qui concerne ce que l’on appelle
l’EBM (Evidence Based Medecine), la médecine basée sur les
preuves... Une telle attitude est exigente pour le prescripteur, tant
en terme intellectuels que en temps investi.
> Une « protection » simple
face à tout conflit d’intérêt que peut adopter chaque médecin est
de ne plus recevoir les « visiteurs médicaux » que l’on
devrait plutôt appeler « représentants médicaux » qui sont
en pratique assez chronophages et ne présentent leurs médicaments
en vue d’une prescription plus grande par le médecin démarché.
Cela tourne parfois au quasi-harcèlement d’ailleurs... Lorsque l’on
sait que le coût total annuel pour les laboratoires pharmaceutiques
de la « visite médicale » des médecins est de 25 000 Euros
par an et par médecin (source IGAS), on se doute bien que ce n’est
pas dans un simple but philanthropique ! (Voir :
http://www.lefigaro.fr/sciences/20071106.FIG000000013_les_visiteurs_medicau x_epingles_par_l_igas.html)
> Une autre protection simple pour
le médecin est de baser (avec un regard critique cependant) ses
comportements de prescripteur sur les référentiels fixés par l’HAS
(Haute Autorité de Santé) pour la plupart des affections de longue
durée et pathologies courantes. Voir : http://www.has-sante.fr