"Ce qui est si généreusement appelé aujourd’hui par la Fondation
internationale des femmes dans les médias (IWMF) l’œuvre de ma vie doit
être requalifié. Parce que c’est un échec. Rien de plus qu’un échec.
L’échec d’une vie.
Pensez-y, c’est juste cette partie de ma vie qui pose
question : après tout, c’est environ un tiers de ma vie, pas plus, que
j’ai consacré au journalisme.
Aussi, si cette période de ma « vie » vous donne
l’impression que je vais bientôt prendre ma retraite - alors cette
impression il faut la dissiper. Je n’envisage pas d’arrêter très vite
ce que je fais.
Qu’est-ce que je fais ? On me définit en général comme
journaliste pour les questions palestiniennes. Mais en réalité, mes
articles portent sur la société et la politique israéliennes, sur la
Domination et ses ivresses. Mes sources ne sont pas des documents
secrets ou des comptes rendus divulgués de réunions de personnalités de
Pouvoir et au Pouvoir. Mes sources sont les chemins ouverts à tous par
lesquels les opprimés sont dépossédés de leurs droits à l’égalité en
tant qu’êtres humains.
Il reste tant encore à apprendre sur Israël, sur ma
société, et sur les décideurs israéliens qui inventent des restrictions
comme interdire aux étudiants de Gaza de s’instruire dans une
université palestinienne de Cisjordanie, à quelque 70 kilomètres de
chez eux. Autre interdiction : interdire aux jeunes (de plus de 18 ans)
d’aller voir leurs parents à Gaza, pour s’enquérir de leur santé. S’ils
venaient à mourir, des responsables israéliens respectueux des ordres
permettraient la visite. S’il s’agit de jeunes de moins de 18 ans, la
visite serait autorisée. Mais, d’un autre côté, les parents au second
degré ne sont pas autorisés à rendre visite à des frères et sœurs
mourant ou en bonne santé à Gaza.
C’est une question philosophique curieuse, pas
seulement journalistique. Pensez-y : qu’y a-t-il de si dérangeant pour
le système israélien, dans le fait de savoir si des pères ou des mères
sont en bonne santé ? Qu’y a-t-il de si dérangeant dans le fait qu’un
jeune choisisse et acquiert une meilleure instruction ? Et ce ne
sont-là que deux parmi une longue, longue liste d’interdictions
israéliennes.
Et quand j’écris sur le territoire palestinien de
Cisjordanie, qui est petit à petit détruit et morcelé, ce n’est pas
seulement sur des gens qui ont perdu leurs biens familiaux et leurs
moyens de substances ; ce n’est pas seulement sur des opportunités de
plus en plus rares pour un peuple coupé de tout dans des enclaves
surpeuplées. J’écris en réalité sur l’habileté des architectes
israéliens. C’est une manière de faire savoir comment l’urbanisme
israélien sur le terrain contredit les proclamations officielles, un
phénomène qui caractérise les actes de tous les gouvernements
israéliens, d’autrefois comme d’aujourd’hui. Bref, il y a tant de
choses pour me tenir occupée pendant une autre vie, ou au moins pendant
le reste de ma vie.
Mais, comme je l’ai dit, la véritable correction est
ailleurs. Ce n’est pas d’une réussite dont nous devrions parler, mais
d’un échec.
C’est l’échec de ne pas avoir amené l’opinion publique
israélienne et internationale à utiliser et à accepter les termes et
les mots justes - ceux qui reflètent la réalité. Et non pas le nouveau
langage orwélien qui prospère depuis 1993 et qui a été adroitement
imposé et propagé par ceux qui y ont intérêt.
La terminologie du processus de paix, qui a dominé,
brouille la perception des véritables processus en cours : un mélange
particulier d’occupation militaire, de colonialisme, d’apartheid,
d’autonomie palestinienne limitée dans des enclaves, et de démocratie
pour les juifs.
Ce n’est pas mon rôle en tant que journaliste de faire
accepter par les juifs et mes compatriotes israéliens que ces processus
sont immoraux et gravement imprudents. C’est mon rôle, par contre,
d’exercer le droit à la liberté de la presse afin de donner les
informations et de faire que les gens sachent. Mais, comme je ne l’ai
que trop découvert, le droit de savoir ne signifie pas un devoir de
savoir.
Des milliers de mes articles et des millions et des
millions de mes mots se sont envolés. Ils ne pouvaient rivaliser avec
le langage officiel qui a été adopté volontiers par les médias de
masse, et qui est utilisé afin de décrire de façon trompeuse la
réalité. Un langage officiel qui encourage les gens à ne pas savoir.
En effet, un échec retentissant pour un journaliste."
AMIRA HASS
21/12 23:26 - bob
@ Armand, Selon le profil selon lequel vous vous présentez : Enseignant à l’Université (...)
21/12 23:15 - bob
@ Armand Ou avez-vous vu un quelconque poncif de l’antisémitisme dans mes propos ? Ne (...)
21/12 20:18 - Keshhimef
Eh aRnanD Apprend à mieux défendre le sionisme Les sionistes sont les premiers antisémites (...)
21/12 20:11 - Keshhimef
@ aRnAnd Ton gain pain est de tirer sur les petits palestiniens sortant des écoles et tout ça (...)
21/12 19:29 - armand
Bob, Balaie devant ta porte, crétin, on trouve tous les poncifs de l’antisémitisme.
21/12 19:28 - armand
Kesh, Je ne t’a pas attendu pour savoir me servir d’un fusil, ni d’armes (...)
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