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Commentaire de Jean Lasson

sur La Servitude Climatique : un livre qui tombe à pic


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Jean Lasson 19 décembre 2009 20:37

@ PapyJako,

Vous êtes fermement dans le camp des « cornucopiens » (croyants en la Corne d’abondance). Vous n’avez, à mon avis, ni tout à fait tort, ni tout à fait raison. Permettez-moi de tempérer votre optimisme.

Deux chiffres tout d’abord : il se produit (et se consomme) dans le monde environ 84 Millions de barils de pétrole (tous liquides) par jour, soit près de 31 milliards de barils par an.

"Alors, voici ma question : Dans 50 ans, en 2059, combien d’années de pétrole restera-t-il ?... vous savez répondre ? moi pas, mais j’ai ma petite idée, et elle n’est pas plus stupide, historiquement, que celle des « spécialistes » qui se sont, toujours, plantés.« 

Pas tous ! En 1956, le géologue Marion Kink Hubert a annoncé que la production américaine (hors Alaska qui n’avait pas encore été prospecté) culminerait en 1970. Et c’est bien ce qui s’est passé. Depuis, et malgré la découverte et l’exploitation des gisements d’Alaska, la production américaine est passée de près de 10 Mbbl/jour à 3 Mbbl/jour. En 1974, Hubert a prévu le pic mondial (pas l’épuisement, le maximum de production) un peu avant l’an 2000. Le maximum a été atteint en 2005 et, après une légère baisse, très temporairement au début de l’été 2008. Pas trop faux, non ? Sur ce sujet, les meilleures prévisions et prédictions sont établies par les géologues indépendants de l’ASPO (Association for the study of peak oil).

Voyons un peu les découvertes : »alterego" cite le chiffre de 4 milliards de barils au large du Brésil et vous celui de 33 à 50 milliards. Vous avez tous deux raison : le gisement Tupi est estimé à 5-8 Gbbl et l’ensemble du bassin de Santos à, peut-être, 50 Gbbl. Seulement, pour l’extraire, il va falloir percer 5 km de roche sous 2 km d’eau ! Sans parler de l’investissement qui se chiffrera en dizaines de milliards de dollars, on ne sait pas encore exactement comment faire techniquement. Il y a aussi les gisements de l’Arctique, estimés à 100 Gbbl. Là aussi, forer sous la banquise pose quelques problèmes...

Mais comparons ces chiffres à la consommation mondiale annuelle (31 Gbbl) : l’ensemble du bassin de Santos représente moins de 2 ans. Les gisements de l’Arctique 3 ans. La consommation mondiale est un ogre qui avale tout à un rythme effrayant. En fait, quand on consomme 3 barils, on en trouve un seul.

Le cas des sables et schistes bitumineux est à part : les réserves semblent très importantes, mais le débit restera limité, disons 10-20 Mbbl/j. Il semble inéluctable que la production pétrolière soit passée dans la seconde partie de la courbe de Hubert : elle va descendre inexorablement. La seule question vraiment débattue est le rythme de cette descente.

D’un autre côté, les réserves de charbon représentent plusieurs fois celles de pétrole. Si on les exploite - et c’est bien ce qu’on fait et fera toujours plus - la décroissance énergétique globale sera repoussée de plusieurs dizaines d’années... Et là, nous retrouvons le lien avec l’hypothèse du RCA...


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