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Commentaire de Mourey

sur Les gènes, la violence et les religions expliqués aux enfants


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Mourey (---.---.184.186) 28 novembre 2006 18:03

à l’auteur

Votre article est un résumé intéressant de la démarche scientifique moderne à laquelle je souscris mais qui soulève néanmoins des interrogations quand elle aborde le problème des religions.

En effet, en poursuivant cette démarche « évolutionniste et pragmatique », vue sous l’angle de la compétition des espèces entre elles, puis des groupes sociaux, on pourrait l’extrapoler jusqu’à considérer dans la logique de l’évolution la compétition entre eux des grands ensembles culturels/religieux/ethnique d’aujourd’hui... et l’élimination du plus faible par le plus fort (qu’on se rappelle les thèses très intéressantes d’Alexis Carrel, pourtant dévoyées par les intellectuels du nazisme).

Heureusement, si je poursuis votre raisonnement sur la nécessaire cohabitation des individus et des groupes sociaux, ce serait parce que le plus fort se rendrait compte qu’une telle élimination l’entraînerait dans sa chute que ce processus de compétition s’arrêterait et que celui de coopération s’enclenche (la guerre Occident/Orient n’aura pas lieu). Dans cette logique d’évolution à l’échelle de notre terre, les hommes pourraient devenir tous frères dans une seule humanité enfin rassemblée... prête à se défendre désormais contre toutes les autres formes de civilisation extra-terrestre dans le cadre d’une future compétition éventuelle à l’échelle de l’Univers (cette dernière phrase uniquement pour mieux me faire comprendre).

La pierre d’achoppement, dans ce raisonnement, me semble être que la morale - nos valeurs - ne serait que le produit de la nécessité, à savoir la survie du groupe, de la nation, de l’humanité, et que, par conséquent, les religions ne seraient qu’adjuvants ou opium du peuple même si elles ont contribué à extraire l’homme de son état premier d’animalité.

Marcel Gauchet, bien que considérant la sortie de la religion comme la condition indispensable pour l’évolution future de la société, reconnaît toutefois que cette « libération » qui marque une étape importante dans l’histoire de l’homme n’a pu et ne peut se faire que parce qu’elle a été précédée par la pensée développée par le christianisme.

Cela nous amène à replacer l’histoire des religions dans le processus normal d’une évolution de la pensée non pas seulement guidée par la nécessité mais aussi par une sorte de prise de conscience de valeurs qui nous dépassent.

Si nous nous remettons dans l’esprit des Anciens, dans leur époque et dans le milieu des connaissances dont ils disposaient, probablement que nous aurions raisonné comme eux dans leurs tentatives d’appréhender le grand mystère « qui les dépassait » et qui nous dépasse toujours. « C’est là où j’aurais tendance à nuancer votre propos car vous semblez ne voir qu’errements dans les récits des mythes fondateurs ainsi que dans les textes religieux qui ont fait ce que nous sommes » Je pense, pour ma part que tout dépend de la façon dont on lit ces textes. Ce langage symbolique et allégorique qui était celui des Anciens, ce style d’écriture, ce goût du merveilleux, ce désir de miracles, nous avons perdu tout cela car nous sommes devenus autres.

Parallèlement à l’interprétation matérialiste, la facette spiritualiste que l’on peut y découvrir ne pourrait-elle pas nous aider également à mieux comprendre l’homme que nous sommes ? Au-delà de toutes les contingences liées à l’évolution, la question de « Ce qui nous dépasse » n’est-elle pas toujours là, immuable et incontournable, et cela depuis que l’homme réfléchit ?

Enfin, pour en revenir à Marcel Gauchet, sortir de la religion est une possibilité d’évolution qui pourrait, certes, régler bien des problèmes actuels. Mais est-ce possible ? Est-ce souhaitable pour certaines sociétés que cela déstabiliserait ? Quant aux sociétés qui seraient prêtes, il y a deux façons de sortir : ou par rupture ou par réinterprétation des textes, sans dénigrement et sans obliger les populations à renoncer, ni à leur mémoire, ni à leur histoire, ni à la spiritualité. Je n’ai pas d’idées arrêtées sur ce point. Actuellement, c’est la deuxième solution qui me paraît la plus intéressante mais c’est une opinion personnelle.

Cordialement

E. Mourey Site internet ; http://www.bibracte.com Voir aussi les articles que j’ai publiés sur Agoravox


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