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Commentaire de Loan

sur Un pape, un Papon ?


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Loan 25 décembre 2009 14:32

Sur les protestants, renseignez vous donc. Léon Poliakov, historien français de l’antisémitisme, a toujours été catégorique pour évaluer et condamner la virulence antijuive de Luther, la jauger et la juger — ainsi dans le Mythe aryen : « le Réformateur s’acharne contre les Juifs dans cette langue musclée et puissante dont il avait le secret, avec un débordement torrentiel… que personne d’autre n’a égalé jusqu’à ce jour. » Cette phrase a été publiée en 1971 : ainsi donc, à cette date, pour ce très bon professeur qui n’écrivait pas à la légère, et qui fut un des tout premiers en France à réfléchir et à enseigner sur la situation de la Shoah dans l’histoire de longue durée, même les nazis n’avaient pas « égalé  » Luther, du point de vue de la langue et de ses capacités pour ainsi dire “physiques” : « musclée et puissante, avec un débordement torrentiel  ». Les nazis ont mis au point et employé un autre « secret », les moyens techniques modernes, industriels, du génocide ; mais eux-mêmes savaient que la langue de Luther « contre les Juifs » n’était pas «  égalée  » par eux, et ils y eurent recours, ils lui rendaient… hommage. Dans l’Histoire de l’antisémitisme de Léon Poliakov, cette condamnation définitive de Luther est centrale. Elle continue de détonner en France, où les hommes des Lumières puis les intellectuels, pour les besoins de leur longue guerre civile contre le catholicisme, ont adopté un système du préjugé favorable à l’égard du protestantisme, traité comme une espèce de… laïcité ! Ce qui eût beaucoup étonné, surpris et choqué Luther, qui avait tout de Ben Laden et rien d’Emile Combes : un intégriste ultra-réactionnaire, un fondamentaliste fulminant. Léon Poliakov sait de quoi il parle, il a raison : si “le Réformateur” a été le re-formateur de quelque chose, c’est bien du permis de persécuter et de tuer les Juifs ; de l’incitation la plus véhémente à les persécuter, à les piller, à les mettre à mort. Il a mis l’antisémitisme en formules : lorsqu’un Premier ministre d’Israël, Menahem Begin, prononce le 19 juin 1981 un discours officiel sur les origines du crime antisémite allemand, il le fait à partir de citations anti-juives de Luther. Qui va jusqu’à faire de l’antisémitisme un critère et une condition de la foi chrétienne : « Que les Juifs transmettent leur foi à leurs enfants est une insulte à la personne du Christ ». Cette phrase signée Martin Luther mérite d’être mieux connue. Elle figure dans un texte contre la papauté comme institution : sa tolérance envers les Juifs serait une des pires preuves de la trahison fondamentale de Rome — cette doctrine catholique formelle, réitérée, théologique, d’une protection des Juifs comme « parents de Jésus » et « témoins de sa Passion ».


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