@ l’auteur Philippe Bilger
Parce que vous êtes une personnalité influente (et
parce que je considère que c’est à juste titre) je veux espérer que, durant
l’année qui vient, vous serez de ceux qui feront avancer l’UNESCO sur un point
selon moi extrêmement important, et directement en rapport avec le sujet que
vous traitez ici.
Cette année 2010 sera la dernière
de la Décennie UNESCO de la Promotion d’une Culture de la Non-violence et de la
Paix « au profit des enfants du monde ».
Je rappelle que, durant les neuf
années précédentes, et malgré les très nombreuses violences effectivement
commises au nom de Dieu, non seulement les institutions religieuses n’ont pas
rejeté leur conception violente de Dieu, mais elles ont même refusé de
réfléchir à la nécessité de ce rejet. Les animateurs de la belle Décennie ne
leur ont pas demandé de le faire.
J’ai alerté sur ce gâchis
notamment dans deux textes diffusés par Internet, et qu’on peut considérer
comme deux volets d’un même article publiés à deux ans d’intervalle :
« La Décennie »au profit
des enfants du monde« va finir en catastrophe » (déc 2007) :
http://www.centpapiers.com/la-decennie-au-profit-des-enfants-du-monde-va-finir-en-catastrophe/1633/comment-page-1/
"Irina Bokova voudra-t-elle
pacifier les religions ?" (nov 2009) :
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/irina-bokova-voudra-t-elle-64907
Vous y verrez mis en évidence le rôle très négatif de
Benoît XVI en la matière. Mais j’insiste sur ce point faible de votre article
(très présent d’ailleurs chez de nombreux observateurs) : Jean-Paul II n’avait
pas « fait de la morale une politique ». II n’est pas maintenant le bon
pape à opposer au méchant Benoît XVI car il partage avec celui-ci la
responsabilité de ce qu’il a fait de pire. Ce sont ces deux papes qui ont réanimé,
re-justifié, « re-sacralisé » même, en quelque sorte, dans le nouveau
catéchisme de l’église catholique, la conception violente, criminogène de Dieu,
cultivée depuis toujours dans toutes les religions monothéistes.
Je rappelle par ailleurs que c’est Jean-Paul II qui a
décidé, en septembre 2000, de béatifier son lointain prédécesseur Pie IX,
celui-là même qui, au 19e siècle, avait égaré l’église catholique
dans l’invention de l’infaillibilité papale et de nouveaux dogmes stupides,
celui qui condamna la liberté de conscience, l’école laïque, la séparation de
l’Eglise et de l’Etat, celui qui, même, persista dans la justification
ecclésiale de l’esclavage. Selon ce pape béatifié par Jean-Paul II l’esclavage
pouvait en effet « avoir plusieurs raisons justes » qui "se
réfèrent à des théologiens approuvés« , il »n’était pas contraire au
droit naturel et divin pour un esclave, qu’il soit vendu, acheté, échangé ou
donné« .
Les mauvais papes sanctifient leurs mauvais
prédécesseurs en espérant pouvoir être sanctifiés eux-mêmes à l’avenir. Pie XII
n’est assurément pas Papon mais Benoît XVI, même s’il est parmi les
« théologiens approuvés » est un théologien très dangereux, un de ceux
qui s’entêtent à maintenir l’église dans ses pires conceptions obscurantistes.
Qui tout particulièrement, en maintenant sa conception violente de Dieu,
contribuent à la schizophrénie des croyants de tous les monothéismes et, par
suite, au passage à l’acte criminel de certains d’entre eux "pour le bien
de l’humanité« .
Il faut insister avec force sur le fait que ce
maintien n’est nullement fatal.
Il faut aussi remarquer que bien des adversaires du
pape actuel contribuent à le maintenir dans son comportement réactionnaire.
Parce que, contre toute évidence et pour des raisons démagogiques, ou/et de
basse politique, certains d’entre eux veulent absolument faire passer l’islam
pour une religion de tolérance et de paix, une religion qui ne pose pas de
problème, ils vont jusqu’à accuser le pape des pires intentions quand il
suggère que ce n’est pas vrai. Ainsi de stupides protestations se sont élevées
quand Benoît XVI, à juste titre cette fois, fit indirectement et mollement
remarquer à Ratisbonne que l’islam est une religion violente.
Pour tout observateur honnête et un peu attentif
l’islam est une religion beaucoup plus violente aujourd’hui que le judaïsme ou
le christianisme. Mais ceux-ci n’en restent pas moins eux-mêmes, partiellement
et indirectement, responsables des violences encore commises au nom de Dieu.
Vous avez raison, Philippe Bilger, »d’oser un
peu d’impudence« . Comme nous tous vous avez le droit de vous
»immiscer« dans le »formalisme forgé par les siècles" et="et" qui="qui" a="a" conduit="conduit" les="les" religions="religions" tant="tant" avec="avec" agnostiques="agnostiques" croyants="croyants" pacifiques="pacifiques" de="de" toutes="toutes" y="y" compris="compris" ceux="ceux" la="la" plus="plus" violente="violente" nous="nous" devons="devons" tout="tout" faire="faire" pour="pour" amener="amener" raison="raison">
p>
La volonté de Benoît XVI de béatifier Pie XII
confirme « l’imperméabilité cultivée » du pape actuel aux vrais besoins
de l’humanité. S’il va jusqu’au bout de sa démarche en 2010 il enfoncera encore
un peu plus son église dans l’impasse de la théologie dogmatisée et de la
violence sacralisée. Je souhaite aux catholiques de trouver les pacifiques moyens
de l’en empêcher.
Je souhaite, pour vous-même Philippe Bilger comme
pour tous les internautes qui se sont exprimés ci-dessus, que 2010 soit l’année
du basculement définitif vers une véritable culture de la non-violence et de la
paix.
Et je souhaite que les animateurs de la Décennie
UNESCO comprennent enfin, avant qu’il ne soit trop tard, le rôle qu’ils ont à
jouer auprès des religions pour que cette belle initiative des Prix Nobel reste
dans l’Histoire une décennie consacrée VRAIMENT au profit des enfants du monde.