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Commentaire de Furax

sur Un pape, un Papon ?


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Furax Furax 27 décembre 2009 22:17

Document fourni par : www.de-ecclesia.com

PIE XII ET LES JUIFS
La vérité « oubliée » par les médias...

Origine de la « légende noire » sur Pie XII

Rien d’autre qu’une pièce de théâtre du dramaturge allemand d’extrême gauche Rolf Hochhuth, « Le Vicaire », écrite en 1959 et publiée en 1963, répandue avec le soutien de... Costa Gavras, qui en tirera son film « Amen », insulte quasi raciste à l’égard de l’Eglise.

Pourtant, le Saint-Office avait publié, en 1928 - donc avant la pièce ! - une condamnation claire et nette de l’antisémitisme. Certains, aujourd’hui, veulent faire croire qu’il a fallu attendre le Concile de Vatican II pour entendre l’Eglise s’élever contre l’antisémitisme. On voit aisément que cette critique est faite de mauvaise foi.

Un exemple de mensonge professionnel parmi d’autres...

On aura vu fleurir les initiatives médiatiques pour salir la mémoire de Pie XII. Comme toujours, leurs auteurs sont incapables de prouver la valeur de leur recherche historique...

La plus belle preuve de mensonge médiatique s’obtient aisément en comparant deux éditoriaux contradictoires du New York Times :

25 décembre 1942 : "La voix de Pie XII est bien seule dans le silence et l’obscurité qui enveloppe l’Europe ce Noël... Il est à peu près le seul dirigeant restant sur le Continent européen qui ose tout simplement élever la voix"

18 mars 1998 : "Une enquête complète sur la conduite du pape Pie XII est nécessaire... Il revient maintenant à Jean Paul II et à ses successeurs de franchir un nouveau pas vers la pleine reconnaissance de la faillite du Vatican à s’opposer correctement au mal qui a balayé l’Europe".

Oui, certainement, ce ne sont pas les mêmes journalistes qui ont écrit ces deux éditoriaux. Mais si les deux savent écrire, on peut en tout cas vérifier que le second ne sait pas lire. Dommage, pour un journaliste !

Autre exemple lamentable, celui du journaliste anglais John Cornwell, auteur de "Le pape de Hitler. Histoire secrète de Pie XII", qui a prétendu proposer par cet ouvrage la "première approche scientifique de Pie XII" (Sunday Times du 12 septembre 1999), et avoir été le premier et le seul à accéder aux Archives Vaticanes de la Secrétairerie d’Etat de Sa Sainteté dans le courant de l’année 1997.
Problème pour Cornwell : la présentation qu’il fait de sa visite est non seulement niée par une note du Saint-Siège (Documentation Catholique n°2216), mais aussi par d’autres historiens.

En effet de nombreuses personnes ont effectué cette visite avant lui, dont Madame Emma Fattorini qui avait publié cinq ans auparavant "L’Allemagne et le Saint-Siège. La nonciature de Pacelli entre la grande guerre et le République de Weimar" aux éditions Il Mulino. Donc l’ouvrage de Cornwell ne constitue certainement pas la « première » approche scientifique de Pie XII !
Mais John Cornwell aura menti deux fois. En affirmant de surcroît qu’il avait effectué un travail de recherche sur Pie XII, il a soigneusement omis de préciser que ses investigations avaient porté uniquement sur les périodes 1913 - 1915 et 1918 - 1921. Or... Pie XII n’était pas encore pape ! Et la « recherche » n’est en fait qu’un fragment de recherche. Au total, un ensemble d’erreurs que même un universitaire débutant ne commettrait pas.

Lors de ses visites, qualifiées de « sporadiques » et "parfois très brèves" par les gardiens des archives, John Cornwell aura donc construit « sa » vérité à lui, et non celle de l’Histoire. On attend toujours ses explications...

Faits historiques : le Vatican s’oppose fermement à Hitler dès 1938, sous Pie XI

Le pape Pie XI avait prévu, en cas de demande de visite au Vatican de la part de Hitler, qu’il lui soit demandé comme condition sine qua non des excuses publiques pour la persécution que son régime infligeait à l’Eglise allemande : le pape disait considérer « Monsieur Hitler » comme "le plus grand ennemi du Christ et de l’Eglise des temps modernes".

L’incompatibilité entre christianisme et nazisme s’était manifestée clairement lors de la « Nuit des longs couteaux » (30 juin 1934) : Hitler avait fait exécuter les chefs nazis dont il craignait la trahison, mais aussi trois responsables de l’Action catholique allemande : Klausener, Probst et Fritz Beck.

Dès lors Hitler montre qu’il veut créer une « Eglise » à lui (ce processus politique se rencontrera peu après en Thécosolovaquie, et on le trouve aujourd’hui en Chine). La persécution qui s’ensuivit contre les associations et la presse catholiques, en particulier sous forme de procès intentés à des clercs sur fausse dénonciation, incitèrent les évêques allemands, il faut le souligner, à demander à Pie XI de condamner le nazisme. Le pape répondit par sa célebre encyclique "Mit brennender Sorge«  ( »Avec un très grand regret"), qui fut diffusée en Allemagne sous le manteau et lue le Dimanche des Rameaux, 21 mars 1937, en guise d’homélie dans toutes les paroisses catholiques.

Pie XI avait évoqué une possible visite de Hitler au Vatican au cours d’une conversation confidentielle, le 7 avril 1938, avec Bonifacio Pignatti, alors ambassadeur du gouvernement fasciste italien près le Saint-Siège.

Pignatti avait informé Mussolini et son ministre Ciano que Pie XI déplorait « l’apothéose de M. Hitler » qui se préparait à Rome, et comparait le Führer à l’Antéchrist : "La persécution menée contre l’Eglise catholique en Allemagne était son oeuvre, entièrement et seulement sienne, et l’on en savait désormais assez pour pouvoir l’affirmer sans crainte d’un démenti".

Le Saint-Siège ne faisait pas mystère de sa position. Et Hitler ne demanda pas à être reçu au Vatican. De fait, lors de sa venue à Rome, le 3 mai 1938, Pie XI était parti ostensiblement à sa résidence d’été de Castelgandolfo, interdisant que l’on hisse le drapeau du Reich sur quelque édifice de l’Eglise que ce soit, et L’Osservatore Romano de ce jour-là ne dit rien de la visite, mais publia à la Une une déclaration dénonçant le racisme.

Ces faits sont consignés dans un dossier du Ministre italien des Affaires étrangères de l’époque, Galeazzo Ciano, dans les Archives historiques de la Farnesina (le Quai d´Orsay romain), datant d’avril 1938, soit un mois avant le voyage d’Hitler à Rome, à l’invitation du « Duce », Benito Mussolini.

Les documents ont été publiés en mars 2001 à l’Institut polygraphique de l’Etat, par l’historien italien Gianluca André, professeur d’histoire politique internationale à l’université de Rome, dans un nouveau volume des "Documents diplomatiques italiens" (1er semestre 1938). Les documents diplomatiques de l’Europe de l’époque ne sont en effet pas tous publiés et ne cessent d’apporter des lumières sur l’hostilité des papes au nazisme.

Pie XII : opposition immédiate au nazisme

Après la mort de Pie XI, son successeur prend pour nom Pie XII, signe fort du nouveau pape indiquant que la politique de Pie XI serait poursuivie. Le nouveau pape est aujourd’hui décrit comme un personnage hautain et désincarné. L’on se trompe beaucoup à propos de ce pape qui, lorsqu’il utilisait le réseau téléphonique interne du Vatican, se présentait par un simple « Ici Pacelli... ».

Pie XII, donc, s’inscrit dans la démarche de Pie XI. A peine élu, il écrit sa première encyclique : « Summi Pontificatus ». Les polémiqueurs actuels reprochent à Pie XII de ne pas y avoir mentionné les juifs. En quelque sorte ils ont raison. Car Pie XII a fait bien mieux : il les nomme « fils bien-aimés »  ; de ce fait, effectivement, le mot « juif » n’est pas écrit (! !!). La stratégie de Pie XII est probablement trop subtile pour certains esprits actuels, qui ne comprennent pas l’enjeu : il s’agit de contrer l’idéologie nazie. Pie XII écrit que ces « fils bien-aimés » font partie de la « famille humaine ». Peut-on mieux contredire les théories racistes des nazis, qui présentent les juifs comme des « sous-hommes » ? Le comportement même de nazis nous permet de comprendre la valeur de l’encyclique « Summi Pontificatus » : 88.000 exemplaires sont lâchés par les avions alliés sur l’Allemagne... or la jeunesse hitlérienne reçoit l’ordre de ne pas en laisser subsister un seul exemplaire. Voilà bien la preuve que le propos de Pie XII était détesté par les nazis.

Pour preuve encore son message de la Noël 1942, qui provoque une grosse colère de Hitler.

Témoignage d’un officier allemand (décembre 2000)

Dans l’Osservatore Romano du 19 décembre 2000 est paru l’entretien de Helmut Ruppert, journaliste du « Katolische Nachrichtenagentur », avec Nikolaus Kunkel, 80 ans. Ce dernier, officier pendant la seconde guerre mondiale, fut affecté en 1943 au quartier général allemand de Rome.

Son témoignage est sans ambiguité. Profitant de moments d’incertitude et de désordre dans les organes dirigeants italiens, les SS avaient résolu d’appliquer à Rome "la solution finale de la question juive".

Le quartier général s’attendait à recevoir l’ordre d’occuper le Vatican, et l’ambassadeur d’Allemagne auprès du Saint-Siège connaissait l’intention d’Hitler decapturer le pape Pie XII et de tirer sur lui en cas de fuite (rapporté dans « L’Osservatore Della Dominica » du 28 juin 1964 par un de ses collaborateurs).

Les organismes dirigeants italiens étaient alors divisés entre pro et anti collaboration. Cette pagaille arrangeaient alors le commandant allemand du Q.G., un catholique peu soucieux d’aider la Gestapo à se saisir du pape (rappelons ici que la Gestapo étaient généralement détestée par les Militaires allemands).

Le 16 octobre 1943 les SS entreprirent la rafle des 8000 juifs résidant à Rome. Ce jour là, 1000 d’entre eux furent arrêtés. Pour tenter de faire cesser cette opération, le supérieur général des Salvatoriens ainsi qu’un autre prélat se rendirent immédiatement au Quartier Général allemand pour informer l’occupant que Pie XII s’adresserait à l’opinion publique mondiale si les persécutions ne cessaient pas. Cette tentative réussit, puisque la rafle prit fin le lendemain sur ordre d’Himmler.

Le lieutenant Nikolaus Kunkel estime aujourd’hui que parmi les 7000 juifs passés à travers les mailles du filet nazi, beaucoup ont trouvé refuge au Vatican dont les accès sont toujours restés ouverts. Il remarque aussi que le commandant du quartier général allemand, qui était catholique, a été muté quelques jours après sur le front russe malgré une santé fragile. Il estime d’autre part que si Pie XII s’était publiquement opposé à Hitler, les catholiques Allemands ainsi que ceux des pays occupés auraient à leur tour subi des persécutions.

Témoignage d’un prêtre (février 2001)

Le 19 février 2001 le Père Peter Gumpel, sj, postulateur de la cause de Pie XII, raconte la réaction du pape à la nouvelle de la rafle de Rome :

Pie XII fut informé tôt le matin par la princesse Pignatelli Aragona. Il appela immédiatement par téléphone le secrétaire d’Etat, lui ordonnant d’appeler l’ambassadeur d’Allemagne le baron Hans Von Weizsäcker, et de protester formellement. Mais il ne se limita pas à cela. Il fit le choix décisif d’utiliser l’un de ses étroits collaborateurs secrets, le Supérieur Général des Salvatoriens, le Père Pancrazio Pfeiffer, qu’il envoya auprès du général Stahel, commandant à Rome, qui eut ensuite le courage de donner un coup de téléphone furieux à Himmler.

Himmler, prit peur et ordonna immédiatement la cessation de cette persécution. Toutes les maisons ecclésiastiques de Rome reçurent alors l’ordre de procurer toute l’aide possible à la population juive persécutée, et ainsi des milliers de vies humaines furent épargnées. On estime que pour la ville de Rome, l’Eglise sauva 4.447 personnes. A la suite des protestations de Pie XII, l’opération, qui devait durer deux jours, fut arrêtée le jour même à 14 heures : mille des huit mille Juifs réclamés par Hitler furent cependant déportés.

Témoignages de juifs durant l’après-guerre

Les arguments historiques ne suffisant pas aux pseudos historiens, il faut donc écouter ceux dont on n’osera pas mettre en doute la parole. Qui ? Des allemands ? Des catholiques ? Non : des juifs ! Beaucoup d’entre eux n’ont pas peur de dire la vérité, parfois contre d’autre juifs, plus jeunes (beaucoup trop jeunes d’ailleurs  !). Voici donc un rappel des principaux témoignages, sans commentaires.

Le grand rabbin de Rome, Israele Zolli (contemporain de Pie XII) : "La rayonnante charité du Pape, penché sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes correligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me convertir au catholicisme". Oui : le grand rabbin de Rome s’est converti au catholicisme après avoir obeservé Pie XII !... Quel démenti sans appel pour les accusateurs de ce pape !

(Ce témoignage est a rapprocher de cet autre juif, caché à la basilique St-Jean de Latran, pour qui l’on fit faire une soutane pour qu’il soit caché parmi les servants d’autel durant les cérémonies religieuses. Son souvenir fut tel que peu après il se convertit lui aussi au catholicisme !)

29 novembre 1944 : soixante-dix juifs sauvés par Pie XII viennent au Vatican pour lui dire leur reconnaissance.

9 février 1948  : une quarantaine de représentants de "l’United Jewish Appeals" effectuent la même démarche.

26 mai 1955 : un orchestre de 94 instrumentistes juifs venant de quatorze pays différents interprètent devant Pie XII la 9ème Symphonie de Beethoven "en reconnaissance de l’oeuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale".

Lors du décès de Pie XII, en 1958, Madame Golda Meir, Premier Ministre israélien, déclare devant l’O.N.U. : "Nous partageons la douleur de l’humanité pour la mort de Sa Sainteté Pie XII (...) nous pleurons un grand serviteur de la paix et de la charité. Pendant les dix années de la terreur nazie, quand notre peuple a souffert un martyre effroyable, la voix du Pape s’est élevée pour condamner les bourreaux et pour exprimer sa compassion envers les victimes."

Retenons enfin l’affirmation du juif le plus célèbre, Albert Einstein lui-même, qui affirmait dès 1940 : "L’Eglise catholique a été la seule à protester contre les assauts hitlériens portés à la liberté".

Car s’il faut dénoncer des silences, ce n’est certainement pas Pie XII qu’il faut pointer du doigt, mais bien plus Roosevelt et Churchill qui dans le même temps se sont gardés de dire quoi que ce soit. Pour la France ce n’est guère mieux : le général de Gaulle n’a jamais fait la moindre déclaration pour condamner l’anti-sémitisme nazi ! Voilà un sujet tabou  ! Ainsi les piètres historiens qui dénoncent les silences de Pie XII veulent faire du bruit avec du vide, et par contre ferment les yeux sur un autre silence...


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