En v’là un autre , compagnon du précédent : ça vient tjrs de http://www.qwoq.com/blog/2006/11/27/tribune-pestilentielle/

34Jay nous dit : Le 28/11/2006 à 10:41 []

Pour avoir été au match avec bibi (et avoir eu à “gérer” à la sortie les deux filles avec lesquelles nous étions), je me permets quelques commentaires.

Boulogne, Auteuil, même combat. Boulogne est politisé, tout le monde le sait. Je pense qu’Auteuil l’est maintenant aussi à sa manière, de l’autre côté (alter-mondialistes) de l’échiquier politique, mais d’une manière tout aussi peu favorable à Israël (et par extension aux juifs, cf la remarque suivante).

Le shit, la bière, et l’absence d’adrénaline (ben oui on a quand même été voir jouer le PSG) à outrance se substituent idéalement aux idéaux fachos et le résultat est bien évidemment le même : un ramassis d’abrutis prêts à en découdre (entre eux, avec la police, avec des supporters opposés) en courant plus rapidement que les joueurs sur la pelouse.

Petite anecdote : lorsque je suis arrivé au stade, je ne portais pas encore les couleurs de l’équipe que je supportais. Cela n’a pas empêché un mec de nous apostropher en nous lançant un : “Heureusement qu’il n’y a pas que des supporters de merde comme vous ! Moi je préfère qu’on soit 5.000 dans un stade avec des gens comme moi plutôt que 30.000 avec des gens comme toi...”.

Il n’était pas question de juifs, il n’était pas question de blancs/noirs : cette remarque est arrivée parce que, venant directement du boulot, j’avais le tort d’être en costume et pas enturbanné avec une écharpe PSG et prêt, dans l’accoutrement ou moins, à bouger, hurler, invectiver, huer, et tout ça par amour du PSG.

Quand on est sortis (un petit différent sur la tactique de sortie nous oppose avec bibi, et je corrige : nous sommes finalement bien partis au coup de sifflet final ! On s’est levés de nos sièges 1 minute avant mais le temps de rejoindre la sortie tout le monde partait en même temps...), les premiers mètres ont été calmes.

Et effectivement, après quelques pas, dans le no man’s land qui sépare le stade du pseudo-cordon policier de la place de la porte d’Auteuil, on a commencé à se faire insulter (à ce moment là je n’étais plus avec bibi) et menacer (des mecs faisaient mine de nous suivre : remarque, c’était peut-être parce que j’étais avec deux filles pas mal . Ensuite, mouvements de foule non identifiés derrière (ma consigne aux filles : vous ne lâchez pas mes bras et vous continuez droit devant), et mouvement de foule devant avec les CRS qui chargent vers nous (et nous dépassent).

Et c’est à ce moment là que c’était le plus chaud : quand les CRS essayaient de gérer derrière les plus kamikazes des supporters, alors que d’autres, tout aussi armés de mauvaises intentions, restaient “seuls” avec les supporters juifs français de l’Hapoël (ben oui, les supporters israéliens ont été assignés à résidence dans leur tribune jusque tard dans la nuit : c’était du cassage de juif français, pas de supporter israélien, et c’est très important de le dire).

Après avoir vraiment eu peur pour notre intégrité physique, après avoir fait le tour de la place en sens inverse et au milieu des voitures pour éviter de se faire cogner dans un coin sombre parce la police sortait difficilement de ses voitures de fonction, on a finalement rejoint la voiture et on s’est tirés rapidement.

Le pire peut-être ? Que je n’étais même pas étonné d’apprendre sur internet la mort de ce jeune homme quand je suis rentré à 3h du mat. Que c’était prévisible. Que ça se reproduira, malgré le flot de bonnes intentions et de fermeté dont nous sommes noyés depuis 5 jours.

Il y a de l’antisémitisme en France. Il y a des gens violents. Il y a des gens cons. Il y a du shit, de l’alcool, et la version moderne des combats de gladiateurs (sauf que ceux-ci sont beaucoup mieux payés) pour lever leurs dernières inhibitions. Il y a des lacunes dans la manière dont on a géré la situation depuis des années, et toujours dans la manière dont on la gère aujourd’hui. Il y a cet insidieux mélange du politique (alter-mondialisme et extrême-gauchisme) et du fondamentalisme religieux, et des “vrais” problèmes dissimulés sous les habits propres des conflits générationnels ou sociaux.

Il va falloir commencer à penser à des plans de secours.

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