Dans notre Administration, la DGI (les impôts) textes de loi et réformes inapplicables, procédures incompréhensibles, rapprochements de services faits dans l’urgence, changements d’outils informatiques non finalisés, simplifications très très compliquées, le tout s’empile à une vitesse exponentielle. Il n’y a pas d’architecte en chef. Le fonctionnaire de base que je suis se retrouve bien seul devant son contribuable, comme abandonné en première ligne. Faut vous dire que notre hiérarchie proche et lointaine n’a plus aucune connaissance sur le terrain d’une « matière » toujours plus technique et que c’est de toute façon au pioupiou de se démerder. Avec les moyens opérationnels du bord, c’est à dire pas grand chose (bordel d’imprimante toujours en panne, de logiciels buggés...)
Alors que font nos chefs ? En dehors de quelques tâches de gestion purement administratives, en fait ils font des choses vachement emmerdantes, ils font des statistiques dans tous les sens (on dit des bâtons dans la police-bâtonnets de comptage) pour rendre compte plus haut, et ainsi de suite je suppose. Les statistiques (qu’on peut bricoler à souhait) c’est pas top pour mesurer qualitativement la marche d’un service mais c’est pas important parce que la qualité, cette bizarrerie pas bien mesurable dans le monde numérique, on s’en fout (plus encore, je finis par croire qu’ en haut lieu on n’en veut carrément pas). Faut traiter le flux (eh oui les bâtons) bien ou mal (pas grave demain on traitera les anomalies, y’ a du bâton à se faire). La qualité, rien à cirer sur toute la ligne. Il n’y a d’ailleurs plus guère que nous, les opérationnels de première ligne pour être sensibles à la dégradation des choses. Contribuables, réjouissez-vous on va bientôt finir par paumer vos déclarations !
Je réfléchis (faudrait pas je sais...) je me dis que si on voulait donner une image désastreuse de nos services publics on ne s’y prendrait pas mieux. A cinq mois des élections, je me demande à qui profite le crime. Une petite couche d’ « avantages acquis » de temps en temps comme rappel à la chasse aux fonctionnaires, ces nantis, et le tour est joué. Trop simple je vous dis.
On est en train de tout casser ; certains vont s’en réjouir, pas moi parce que ce sont mes outils de travail de tous les jours qu’on massacre. J’ai pas du tout le sentiment de la recherche d’une amélioration non non non !
Je suis aux impôts depuis 12 ans, je ne suis pas syndiqué mais j’y pense de plus en plus.