Cher Michel,
Je ne suis pas certain que le clivage soit sur « la démocratie », car c’est un mot aux sens multiples dont on use et abuse. Je préfère la république. Mon républicanisme tient en deux idées :
1° la liberté, c’est de n’être pas dominé, ce qui distingue le républicanisme du libéralisme qui, lui, définit la liberté comme la non-ingérence (sur ce point, lire Skinner, Spitz ...)
2° la liberté suppose la loi qui précisément protège l’individu contre la domination. Ce qui oppose encore le républicanisme au libéralisme, puisque ce dernier considère que la liberté est limitée par la loi, même si à la différence de l’anarchisme, il admet que cette une limitation nécessaire.
C’est bien pourquoi, comme tu le sais, je n’ai pas grande considération pour le discours « antilibéral » parce qu’on occulte ainsi les questions essentielles. On donne aux libéralisme le monopole de la liberté alors que la question porte sur la nature de la liberté.
Quittons une minute les abstractions : les lois sociales et le code de travail, en dépit de leurs imperfections protègent l’individu contre la domination. Le contrat de travail est un contrat asymétrique et un contrat de soumission. Seule la loi peut corriger cette asymétrie et empêche que la condition du salarié ne s’approche dangereusement de celle de l’esclave.Or sur ce point, nous pouvons noter une convergence intéressante entre M.Sarkozy, Mme Royal (et même ex-concurrent M.Strauss-Kahn) : plus de contrat, moins de loi, clament-ils en choeur !
On pourrait prolonger ces distinctions. Les libéraux sont tolérants, mais nous, républicains nous sommes laïques et ce n’est pas du tout la même chose. Les lois laïques et la stricte séparation de l’Etat et des églises (toutes les églises !) protègent la liberté de tous les citoyens, y compris les croyants hérétiques et les incroyants.
On pourrait ainsi continuer longuement. J’ai développé tout cela dans mon Revive la République, que tu as eu la gentillesse de citer.