Cher Michel,
« Ceci dit, René : tu me sembles regretter prioritairement la non émergence d’une candidature antilibérale (et néanmoins crédible sur le plan économique) et anti-autoritaire, je me risquerais presque à me dire que tu t’inscris un peu dans la logique « anti-systémique » de Wallerstein. »
Oui, c’est un regret profond et un non regret. Un regret profond car ça ne nous laisse que les produits prêt-à-consommer qu’on nous sert. Aucun n’est à mon goût. Mais aussi un non-regret car étant donné les acteurs de la « gauche anti-libérale » mieux vaut rien que quelque chose. Au moins, on reste tranquillement avec ses rêveries.
En ce qui concerne la pensée de Wallerstein, j’y suis sensible.
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« « et alors ? » ... »
Rien. Sinon le triste spectacle auquel nous assistons depuis trop longtemps. En un sens rien de neuf.
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« Par contre ta conclusion, René, me paraît prendre figure de celle d’un spectateur (plus qu’acteur), désabusé si ce n’est déprimé, de ce qui nous arrive : je n’ai pas identifié de réponse possible au « et alors ? » si ce n’est le « qui vivra ... verra ».
Oui, en effet, je suis une sorte de solitaire de gauche. Car des « gens de gauche », j’en connais. Oui oui, un tas. Affolant ce qu’ils ont l’air d’être convertis au néo-libéralisme dès qu’il est question de leur vie personnelle (revoir ma schématique dans mon premier commentaire). Je m’abstiens de tout commentaire avec eux. Ça casse le lien social.
Donc, je suis assez voltairien dans mes conclusions de vie personnelle.
En ce qui concerne le collectif, je trouve qu’une des petites phrases de Mélanchon est très appropriée pourvu qu’on lui donne de l’extension : « descendez de vos arbres ! ».
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« En fait, au bout du bout, quel est l’enjeu ? de « refonder la gauche » comme nous y invite la contribution de Denis ? ou de faire « revivre la république », « une république, indivisible, laïque et sociale » ?
Où est la ligne de clivage principale aujourd’hui ? sur le « libéralisme » ou sur la démocratie ? »
Beaucoup de questions. Peu de réponses à disposition.
Toutefois, mon leitmotiv est que la république est un régime oligarchique et aristocratique qu’il ne faut pas confondre avec la Démocratie qui est bien le pouvoir de tous en direct. La Démocratie suppose donc une organisation institutionnelle finement réfléchie.
Modèle Romain contre modèle Grec Athénien.
Donc la refondation de cette République m’intéresse fort peu. Je la trouve dans son évolution conforme à elle-même.
Rien de franchement troublant dans ce que nous vivons. Que de bonnes analogies à bien goûter comme il se doit.
La « gauche » n’est finalement qu’un positionnement dans un hémicycle et une façon condensée de désigner les pseudo-idées des gens assis conventionnellement à cet emplacement. La dérive étant qu’à la fin « être de gauche » ne signifie plus rien en soi. Le fond de réflexion a disparu dans l’opération. On ne sait même pas s’il y en a eu un, un jour.
On peut dire la même chose des gens assis à droite. Les vrais libéraux ont été obligés eux aussi de s’inventer des noms pour se distinguer : les libertariens (par exemple).
Les électeurs-citoyens se fichent des doctrines. Ils veulent du manifeste dans leur vie. De l’imaginaire puissant et de la jouissance matérielle. Ou des promesses telles que la déclaration de reconnaissance de l’existence de la fracture sociale et sa réduction. C’est tout.
Je penche aussi vers la démocratie.
Mais je n’espère rien de l’avenir. Ça fera au mieux de bonnes surprises et au pire, rien qui change.