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Commentaire de René Job

sur Deux millions de nouveaux emplois en France en six mois, c'est possible


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René Job (---.---.131.52) 29 novembre 2006 22:55

Intéressant.

Mais bien que votre démarche soit sympathique, vous commettez la même erreur que Guillaume Scmidt. Vous pensez le lien social en fonction de l’utilitarisme. Ce qui signifie que « les autres » ne sont plus perçus comme des personnes mais comme des choses. Cela dérive du fait que l’individu outre des compétences vend du temps de travail. Et ce temps de travail se confond avec sa vie, son corps, son être.

Les individus deviennent des quantités interchangeables dont la propriété commune est d’être une quantité de force de travail.

Les humains ne sont pas des fourmis. D’ailleurs dans une fourmilière, on sait aujourd’hui qu’il y a 20-30% des individus qui « bossent ».

Je suis navré de ces pensées. Presque tous les gens qui réfléchissent à ces questions sont d’accord : il faut instaurer un revenu de citoyenneté décent. C’est-à-dire allouer à tous, sans autre condition que le fait de citoyenneté, un revenu social.

Le plein emploi, dans nos systèmes économiques, était un accident économique. Un rêve.

De fait les gens demeurent des agents de consommation mais on ne peut pas attendre d’eux qu’ils travaillent toujours, toute la vie, régulièrement.

Vos calculs ne correspondraient à aucune réalité effective. Les personnes ne sont pas des choses. Toutes ne sont pas en état de travailler productivement même pour le monde associatif.

Sans compter que les TPE, PME et PMI se plaignent déjà de la concurrence déloyale des organismes publics et associatifs. Sur de nombreux marchés, ces organismes cassent les conditions en faisant du dumping.

Nous sommes tout simplement irrationnels et mal organisés.

La plupart des français vivent conditionnés par des pensées du XIXème siècle. Nous sommes dans un monde qui était technologiquement impensable alors.

Des laboratoires sortiront bientôt des êtres artificiels « intelligents » à notre image. Ils seront capables de produire nuits et jours,7 jours sur 7. Une petite quantité de personnes seront nécessaires au bon fonctionnement de nos économies.

L’homme ne peut plus se réduire à un temps de travail calculable et classifiable selon les qualités individuelles attendues pour tel ou tel poste. C’est-à-dire à un emploi et à son intitulé social.

Ce que je dis peut sembler être de la science-fiction pourtant ça arrive très vite. Alors quand je lis ce genre de « papier », je me dis que vraiment, les dormeurs sont nombreux.

L’emploi, ne sera plus une fin en soi. Aujourd’hui, le problème fondamental porte sur la répartition des richesses. Donc sur des questions d’enrichissement personnel liée à des questions de possessions, de propriété et de justice.

Nous avions régler le problème avec la notion de travail liée à la notion d’emploi. Mais c’est cette notion même qui disparait sous nos yeux. On ne peut plus se définir par l’accès à l’emploi. D’ailleurs l’air de rien, quand on vous dit que vous devrez changer de métier plusieurs fois dans votre vie, que vous dit-on ?

Qu’il faut être dynamique, volontaire, etc. ? Non, on vous dit que vous connaitrez de nombreuses périodes de chômage. On vous dit que vos études initiales ne détermineront plus ce que vous ferez demain. On vous dit aussi que vous ne serez plus déterminés toute votre vie par un métier ou une corporation ou une fonction sociale... par un emploi (pour soi ou pour autrui). On vous dit qu’il va falloir vous ré-inventez vous-mêmes.

Et le réel, c’est que nos éducations ne nous ont pas préparé à cette nouvelle donne. Nos politiques sont tout simplement dépassés.

Quant à la question du temps de travail global de l’économie française (question macroéconomique) : c’est tout simplement une question stupide dont la seule fonction est de maintenir les auditeurs dans la peur permanente, ce qui conduit à accepter n’importe quoi. C’est ça qui est au centre des débats : la peur.

Si certain ne perçoivent pas ce que signifie ce changement paradigmatique, je les aide : c’est la libération de la créativité humaine tout azimut. Une forme nouvelle de liberté. Celle-là même que certains libéraux classiques du XVIIIème siècle espérée. Les existences ne se définissant que très partiellement par l’activité rémunérée - sauf pour certains groupes sociaux. Tout cela sans préjudice de la possibilité de s’enrichir par ses trouvailles personnelles ou ses nouvelles capacités développées (pour ceux qui le désirent). Initialement, le socialisme c’était la reprise au XIXème siècle de cette dimension très vite abandonnée par les soi-disants « libéraux ».

Il y aura donc des retombées économiques importantes mais imprévisibles dans les détails. Un peu comme les créateurs de logiciels gratuits ou les artistes qui font sans avoir nécessairement reçu une commande préalable ou bien comme ces inventeurs qui cherchent sans fin et sans but précis apparent. Idem pour des techniciens/ingénieurs/chercheurs qui auront le temps puisqu’un revenu.

La stratégie de Lisbonne, ça devrait être aussi ça.

Il suffit de comprendre que tout travail ne correspond pas forcément à un emploi. C’est l’emploi qui permet la rémunération pas le travail. L’emploi est lié à la notion d’utilité. Le travail en soi ne disparaîtra pas.

Il faut sortir d’une vision « minière » du monde.


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