Bonjour Jojo
Intéressante recherche
Ne pas oublier JP Sartre :

"...Sartre, un grand homme assurément, dont on a dit qu’il était à lui seul le siècle, comme une vague est toute la mer, n’entrera jamais dans l’église. Il est certes aux premiers rangs du panthéon de la philosophie, mais eût ri si on lui avait prédit ne serait-ce qu’un strapontin au Panthéon. Il a raconté un jour l’un de ses rêves. Il assistait à un banquet organisé en son honneur par une université étrangère. Le recteur lui dit : « On a voté des crédits pour vous ériger une statue dans le jardin. » Et lui de répondre : « Je sais, mais dans quelques années je serai ou bien trop connu ou complètement oublié pour avoir ma statue dans le jardin. » C’était en 1960, au cours d’un voyage à Cuba, ou au Brésil. Quatre ans plus tard, il refuse le prix Nobel de littérature, qu’on voulait lui attribuer « pour son œuvre abondante en idées qui, par l’esprit de liberté et la recherche de la vérité dont elle témoigne, a exercé une vaste influence sur notre époque ». Le geste fait scandale. Sartre l’explique ainsi au secrétaire de l’Académie suédoise : « J’ai toujours décliné les distinctions officielles. Lorsque, après la guerre, en 1945, on m’a proposé la Légion d’honneur, j’ai refusé […]. De même, je n’ai jamais désiré entrer au Collège de France comme me l’ont suggéré quelques-uns de mes amis […]. L’écrivain doit refuser de se laisser transformer en institution même si cela a lieu sous les formes les plus honorables comme c’est le cas. »

Il ajoutait qu’il ne voulait pas se prévaloir d’une quelconque distinction honorifique pour mener ses combats - en faveur du socialisme, alors - et qu’il aurait tout aussi bien refusé un « prix Lénine » si quelque institution s’était avisée de le lui donner. C’est que Sartre n’était « à l’aise que dans la liberté », avait en horreur les honneurs, et redoutait encore plus d’être « réduit » à quoi que ce soit, d’être figé en un rôle, un genre, une fonction, d’être fait prisonnier par le regard d’Autrui - ce que, somme toute, enseignait sa philosophie. Entrer au Panthéon est le point le plus élevé de ce « regard d’Autrui », puisqu’il est celui de l’Etat lui-même, qui vous fige à jamais dans l’image du « Grand Homme »...."