Une précision. Peut-être me suis-je exprimé trop rapidement. Je ne propose évidemment pas une « unité » entre la gauche et l’extrême-droite ! Je voulais seulement attirer l’attention sur le fait qu’une partie des électeurs de l’extrême-droite ne le sont pas nécessairement parce qu’ils adhèrent aux thèses du FN ou des autres « populistes » (quel terme impropre !) qui semblent avoir le vent en poupe en Europe.
Comme la gauche officielle, en France ou ailleurs, est devenue résolument « mondialiste » (et non plus internationaliste) elle a abandonné de fait la question de la nation à l’extrême-droite. Le Pen s’est permis de faire un de ses numéros habituels à Valmy.
Mais dans cette affaire, aujourd’hui comme hier, la montée de cette extrême-droite est le prix des fautes des chefs de la gauche. La revendication de la souveraineté populaire, être « maître chez soi », est tout simplement la forme classique sous laquelle les peuples revendiquent leur liberté. Que cette revendication soit ensuite manipulée à des fins liberticides, c’est une autre affaire.
Si la refondation de la gauche n’est pas une utopie (je vous concède que c’est peut-être un pari irréaliste), elle ne pourra pas faire l’impasse sur cette question. La liberté s’exerce dans le cadre d’une communauté politique déterminée et non dans les abstractions mondialistes. Kant faisait remarquer qu’un Etat mondial serait ou anarchique ou tyrannique. Les citoyens le savent. Et c’est pourquoi, en dépit des annonces un peu prématurées de son décès, l’Etat-nation a la vie dure. Le socialisme d’avant-hier, celui de Jaurès par exemple, combinait précisément le patriotisme et l’internationalisme : un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ! Repenser la souveraineté, c’est précisément le défi auquel nous sommes confrontés. Sinon ce sera l’extrême-droite raflera la mise.