Bonsoir Beuhrète,
Certes, certes....
Mais c’est justement là où le bât blesse. J’aimerais revenir là-dessus dans un papier, mais déjà pour commencer, on trouvera dans toute la littérature juvénile d’antan des comportements et des violences qui seraient jugés très graves de nos jours. Je ne citerai que la fugue d’Augustin dans le beau roman d’Alain-Fournier (transposé à l’heure actuelle c’est vol de voiture qu’on abandonne en chemin, absence injusitifée de trois jours), le siège en règle de la maison du maître d’école par les potaches, et le guet-apens que ceux-ci tendent à Mealunes pour lui arracher sa carte. J’allais oublier le frère d’Yvonne, Frantz, qui se munit d’un flingue pour disparaître dans la nature...
Or ces actes, inscrits dans le cadre d’une vie plus dure, plus « terrienne », où en outre on devienait adulte soudainement, et très tôt, étaient plutôt vus comme des rites d’initiation, combinant difficultés, dangers, obstination. En somme tout ce qui manque spécifiquement aux garçons de nos jours.
En revanche, jamais cette dureté et cette violence ne débordait du système. Le pire des agités n’aurait jamais répondu mal aux adultes, encore moins au maître d’école. Et pour les véritables réfractaires au système il y avait les maisons de redressement, parfois l’antéchambre de Cayenne pour les plus irrécupérables.
C’est cela aussi - même quand j’étais enfant on savait que si on dépassait la limite, il y avait toute la pyramide idu système, parents, voisins, enseignants, police, tribunaux, juges, etc. qui nous tomberait dessus, sans faille et sans faiblesse. Et de cela on avait peur.
A l’heure actuelle, les jeunes délinquants n’ont absolument pas peur des sanctions - celles qu’ils s’infligent entre eux sont infiniment plus cruelles. Et ils apprennent très tôt à jouer les institutions, éducateurs, magistrats, les uns contre les autres. Quand ce n’est pas la solidarité familiale et territoriale. Les familles se mobilisent, en effet, pour protester en cas de bavure, jamais pour empêcher leurs rejetons de contrevenir à la loi.