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Commentaire de Voltaire

sur L'identité nationale expliquée aux nuls


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Voltaire Voltaire 14 janvier 2010 16:37

« La France est blanche »

Historiquement, c’est largement vrai jusqu’à la colonisation débutée au milieu du 19è siècle, encore que Joséphine de Beauharnais ou Alexandre Dumas démontrent que le metissage, grâce aux antilles, avait commencé bien avant, sans que cela ne pose de problème d’ailleurs. Bien entendu, la colonisation, puis la décolonisation, puis la mondialisation, ont bouleversé tout celà. La France est, « ethniquement », totalement métissée (elle l’était bien sûr avant, mais efectivement entre ethnies majoritairement blanches, si on excepte la venue des Huns et des Sarasins aux 5ème et 8ème siècles).

« De culture gréco-latine ».

Même historiquement, c’est plus difficile à défendre : d’influence majoritaire gréco-latine sans doute, mais difficile d’être absolu. Après la domination romaine, qui a effectivement durablement influencé la culture française, les invasions et installation des francs, d’origine germain, ont eu une influence très importante, y compris dans notre droit. Et bien sûr les particularités des différents peuples non soumis à la domination romaine se sont toujours fait sentir (basques, flamands etc...). Donc, même avant les évènements de colonisation/décolonisation/mondialisation, la France avait une « culture » très mélangée, qui est bien sûr devenue totalement métissée, même avant la venue nombreuse d’immigrants d’asie et d’afrique (avec des vagues d’arméniens, de russes, d’espagnols, d’italiens, de polonais, de portugais très importantes au 20ème siècle).

« De religion chrétienne »... là aussi, je dirais plutôt d’influence chrétienne majoritaire, tellement la religion a été combattue en France depuis la fin du 19ème siècle, puis bien sûr mélangée avec les vagues d’immigration non-chrétiennes.

En démocratie représentative, le peuple délègue à ses représentants le pouvoir executif et législatif. Le fait que 55% des français, malgré la situation économique, accepte l’idée dun vote des étrangers aux élections locales, suggère qu’en réalité, une majorité de français, même d’origine européenne est confortable avec l’idée de la nationalisation d’immigrés non-européens, et seule une minorité de français (votant largement pour les partis « nationalistes », soit peut-être 20%) apparait comme hostile à cette idée.

En réalité, la mixité, aussi bien génétique que culturelle, de la France est une chance exceptionnelle, si on se réfère à l’histoire comme à la science. Elle permet un brassage très enrichissant et productif (le succès des Etats-Unis par exemple en est une belle illustration). Mais en situation de tension, l’immigration a toujours été source de tensions, par un mécanisme classique de protection.

Pour en revenir au texte de l’auteur, celui-ci pointe parfaitement le ridicule de la situation actuelle : alors que la France a bâti sa force et sa richesse sur un mécanisme d’intégration de ses immigrés, elle pratique actuellement une exclusion de ses propres nationaux d’origine étrangère (et pas seulement africaine ; il suffit de constater les tracasseries administratives subies par des français d’origine européenne).

Mon illustre homonyme soulignait déjà, au 18ème siècle, la stupidité de la France qui excluait ses propres citoyens, alors pour des questions religieuses, se privant d’autant de ressources et richesses considérables, et prenait en exemple l’empire ottoman d’alors, infiniment plus tolérant à cet égard à cette époque pour les différentes religions (l’exemple n’était pas forcément bien choisi en termes d’efficacité politique d’ailleurs), et aussi l’Angleterre, où cohabitait différents courants religieux.

Enfin, il convient peut-être de rappeler que la notion de patrie française date de la révolution, et donc d’essence assez récente. Tout cela pour suggérer que par ces politiques tatillonnes et frustrantes, on passe à côté de bien des richesses : l’intégration ne peut commencer par la vexation... 


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