Cher Docteur,
Merci d’avoir si bien dépeint les parents adoptants. Nous ne sommes ni des voleurs, ni des « individus en mal d’enfants » (peu importe la signification de cette formule, elle est dépréciative). Vous savez bien que les enfants attendus - et pendant de très longs mois, souvent des années - sont dans nos coeurs, grandissent en nos coeurs alors qu’ils sont encore au loin. Vous savez, de par votre expérience, que nous sommes prêts à les accueillir, à accueillir leurs désarrois aussi, car eux ne sont pas toujours préparés à nous avoir comme parents. Pour tout cela, merci.
Mais (il y a toujours un mais, n’est-ce pas ?) je ne comprend pas pourquoi il y aurait confusion entre enfants en cours d’adoption et enfants isolés ? Les parents attendent leur enfants depuis des mois, ils ne sauraient confondre. D’autant plus que depuis quelques mois, ils se rendent en Haïti pour rencontrer une première fois l’enfant, et témoigner devant un juge de paix qu’ils désirent bien adopter l’enfant qui leur a été attribuer. Les apparentements sont consignés par le Secrétariat à l’Adoption Internationale (Ministère des Affaires Etrangères) en France et par l’Institut du Bien Etre Social et de la Recherche en Haïti.
Comment pourrait-il y avoir confusion entre ces enfants, identifiés, ces procédures d’adoption « traçables » et les enfants isolés suite au séisme ? A moins d’une malhonnêteté fondamentale mimant l’amour filial des adoptants, cela n’est même pas imaginable.
Arrêtons cet amalgame, il fait du mal à tout le monde, aux adoptants, aux enfants en attente et même au institutions que je respecte comme l’UNICEF qui se discréditent en jetant la confusion.
Bien-sûr il ne faut pas se précipiter d’adopter des enfants isolés. Qui a parlé de cela ? Les parents en attente ? Non, ce sont les défenseurs des enfants qui ont mis ce thème sur le tapis (pensant sans doute à l’appel maladroit de Soeur Emmanuelle en 2004). Les enfants en cours de procédure d’adoption, qui vivent en orphelinat depuis des mois, qui dorment aujourd’hui peut-être dehors, qui ont peut-être vu mourir leurs camarades, leurs nounous, qui ont soifs parce que les secours n’arrivent pas. Ces enfants là, ceux des « crèches », quelque soit le stade de la procédure d’adoption où ils se trouvent du moment qu’ils sont enregistrés à la fois par le SAI et l’IBESR, n’attendent qu’une chose : pouvoir enfin vivre en famille...
Je suis maman de deux enfants nés en Haïti dont le QI est certainement supérieur à celui de certains adultes mâles blancs (pour parler des ordures lues sur ce forum), des enfants magnifiques, heureux, MES enfants - les plus merveilleux de la terre quoi ! - vous les connaissez d’ailleurs puisque nous sommes venus plusieurs fois en consultation à Dijon. Je n’étais pas en « mal d’enfant » mon mari non plus : nous voulions simplement fonder une famille. Nous ne sommes pas des voleurs, Nous avons attendu notre fils 19 mois (hors agrément).
Et je suis solidaire des enfants et des parents qui traversent aujourd’hui des épreuves inhumaines.