On ne peut pas confondre irrégularités et variantes d’orthographe et pauvreté d’expression : on orthographiait comme on voulait au XVIe siècle, mais on s’exprimait sacrément bien. Le mal-être culturel de nos jours est lié à plusieurs facteurs :
Tout d’abord une véritable saturation par la grande distribution : on n’y échappe pas. Baladeurs, musique de fond dans ls magasins, pub manipulatrice ; tout est fait pour diviser les êtres en niches de consommateurs qui s’ignorent et consomment à fond dans leur « tribu ». Il est évident que ça laisse peu de temps à l’école.
Le contenu de cette culture de masse est souvent axée sur la facilité, la satisfaction immédiate, le clinquant, voire même le comportement de prédateur. Elle est souvent ouvertement méprisante par rapport à la « grande » culture, voire la culture tout court. La provocation et l’outrance faisant vendre, elle véhicule souvent des messages qui sont incompatibles avec la vie en société.
Cela n’a rien de nouveau : depuis les années ’50 on oppose systématiquement une culture « jeune » généralement importée des Etats-Unis ; et le sociologue anglais Hobsbawn fait remarquer à la même époque un renversement des valeurs : la mode ne vient plus d’en haut, mais d’en bas.
Mais-comme on l’a fait remarquer plus haut - la culture de masse est très diverse et les fameux feuilletons américains si décriés peuvent être de grande qualité. Sans parler d’un phénomène de masse comme le Seigneur des Anneaux qui a fait décourvrir à des millions de jeunes et moins jeunes les grands mythes de l’humanité.
Reste le problème de l’enseignement : certes, il y a un laissez-aller frappant dans l’enseignement des outils de base. Mais il y a aussi une pratique pédagogique néfaste, comme celle qui consiste à enseigner en littérature non pas l’amour des beaux textes, mais un vocabulaire critique jargonesque, obscur, incompréhensible. Il est parfaitement possible de transmettre une culture classique (assurant une transmission entre générations qui fait défaut à l’heure actuelle)de façon attrayante, utilisant ce qu’il y a de mieux dans la culture de masse.
Reste le problème des outils de base et de l’autorité requise pour les transmettre. Dans trop d’établissements du secondaire, avant même de penser à éduquer, on est obligé de passer par le case « dressage ».