Je donne à lire un cheminement, une base de réflexion non pas sur moi (effectivement, on s’en fout un peu, de moi), mais sur la condition humaine à laquelle je suis aussi soumise. Ce texte est relié par lien à des textes précédents qui explorent certaines problématiques propres à la condition féminine contemporaine. J’ai mis du temps à explorer cet aspect des choses, parce que, justement, il y a comme l’idée tacite dans cette société que la cause des femmes n’est presque plus à défendre, que nous avons l’égalité (sauf pour les salaires, cette broutille), que nous avons le meilleur système de santé au monde (oups, ça donne pas envie de savoir ce qui se passe ailleurs) et tout ce genre de choses qui laissent à penser qu’il faut nécessairement se taire.
Le premier papier sur ce thème est assez récent dans ma trajectoire d’écriture, c’est La Sorcière des mers, et il fait parti de ces papiers qui devaient sortir absolument, ne serait-ce que pour exprimer la colère profonde que j’ai ressenti en me rendant compte à quel point le corps médical et social m’avait floué de ma propre existence, alors que je croyais en effet sincèrement que ce genre de problème était derrière nous.
Je ne pensais vraiment pas continuer à écrire sur ce thème, mais j’ai reçu tellement de témoignages affolants, tellement d’histoires qui corroboraient la mienne que j’ai compris que cette histoire dépassait très largement le cadre de mon nombril et qu’il y avait encore bien des combats à mener.
Alors, je prends ma pelle et je creuse, quitte à y laisser quelques plumes, quitte à en faire chier certains, parce que je pense que ces textes sont au-delà du déballage indécent, ils participent à la hauteur de mes faibles moyens, à poursuivre un combat que les mères et les grandes-sœurs ont pensé un peu hâtivement avoir gagné.