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Accueil du site > Actualités > Société > Ceci est mon corps

Ceci est mon corps

Me voilà ! J’y suis. En sous-vêtements dans un bureau cossu, devant un homme que je ne connais pas. Il y a quelques mois encore, cela aurait été impensable. Me retrouver subitement contrainte d’habiter ce corps qui m’est tellement étranger. Depuis tellement longtemps, que je ne sais même pas s’il a déjà été mien.

Je me souviens du sentiment d’étrangeté totale que j’avais ressenti en détaillant attentivement ma propre main, un soir de fièvre, alors que je n’avais que huit ans. Je n’arrivais même pas à focaliser mon propre regard sur ces étranges brindilles fines qui se mouvaient pourtant selon ma volonté, mais avec, toujours, comme un temps de retard. Peu après, on m’opérait en urgence d’une appendicite et regagner ma petite carcasse m’avait valu, en salle de réveil, un interminable mal de mer.

J’ai toujours eu du mal à ne pas penser cette chair comme un par-dessus mal ajusté. Trop petit, trop gros, trop lourd, trop faible, toujours à la traîne de mes rêves et de mes envies. Toujours tellement insuffisant. Tellement encombrant, tellement de trop. Et toujours si instable. À peine le temps de m’étendre jusqu’à remplir le bout de mes phalanges et le voilà qui m’échappe encore, avec ces deux masses de chair qui tendent la maille de mes pulls que je choisis pourtant toujours trop grands. De plus en plus grands. Et ces poils ! Ces ignobles poils noirs qui colonisent mon sexe, mes aisselles, mes cuisses, mes jambes, que je pourchasse avec une pince à épiler avant de capituler sous le nombre et d’enfiler une burqa mentale de plus.
Je le déteste ce corps de femme qui m’encombre quand je cours, qui m’interdit de lire à plat ventre sur la plage, qui me force à abaisser mon cul dans l’herbe pour uriner à petits jets furtifs et gênés. Je déteste ces seins proéminents et insolents qui aimantent les regards ; gênés pour les garçons ; envieux pour les filles ; lourds et intrusifs pour les hommes. Je ne veux pas n’être qu’un sexe, qu’un corps, qu’un genre. Je ne veux être limitée en rien, ni pour personne et surtout pas pour moi. Mais je n’ai pas le choix et je subis ma condition de femme quand tant d’autres la subliment, la revendiquent fièrement, la brandissent comme un étendard. J’entre en guerre contre moi-même, relais complaisant d’un monde d’hommes, pensé par et pour des hommes.

Je ne me contente pas de cacher ce corps. Je le nie. Je le soumets à ma volonté totalitaire. Je le refuse tellement que je ne supporte pas mon propre reflet, ma propre existence.

Allons, allons, ne faites pas de cinéma !
Et pourtant, c’est une femme !
Brusque, brutale même, elle enfonce son spéculum dans mon corps de gamine comme pour me punir d’exister. Je ressens l’intrusion jusqu’à l’intérieur même de mon ventre. Et je déteste ça. Je déteste ma nudité froide et médicalisée, je déteste ce corps, cette viande réduite à ces fonctionnalités biologiques.
Je suis l’esprit.
Il est la machine.
Je veux le soumettre à ma volonté, lui faire payer son inadéquation fondamentale. Je n’aurai jamais un regard complaisant pour lui. Il est mon geôlier. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Même adouci par un amour immense et un désir encore plus grand, le regard de l’autre ne me guérit pas de moi-même. Jusqu’au cœur de notre intimité, ce putain de corps continuera de me contrarier, de me renier, de me faire souffrir là où il ne devrait y avoir que de la jouissance. Le divorce est consommé. La guerre en moi est totale.

Ses doigts courent sur ma peau, palpent attentivement mes muscles encore naissants, s’arrêtent sur les articulations, explorent les tensions nerveuses.
  • ... Il y a cette hanche...
Une non-chute, au ski, quand j’avais 17 ans. La carre intérieure avait accroché la pente pendant que le ski inférieur avait continué à glisser sur la neige dure et verglacée. Un grand écart violent avait sorti la tête de mon fémur droit de sa niche d’os dans un hurlement dément qui avait voyagé un moment dans les montagnes. Le moniteur avait pris la situation en main et remis en place l’articulation déboîtée dans une nouvelle vague de douleur fulgurante. L’un de ces petits moments intenses où mon fichu corps se rappelle à mon bon souvenir. Depuis, cette articulation avait gardé comme une faiblesse que mon ostéopathe avait lu sur mon corps comme un aveugle parcourt un livre en braille. Ça et les cervicales, jamais remises d’une lourde chute dans la douche, et puis le dos, fragilisé par de longues heures avachies sur des chaises informes et bancales et puis toutes ces tensions, tous ces refus, profonds, implacables.
  • Et votre grossesse ?
  • Nickel, la grossesse, rien à dire, même pas malade, rien.
  • Et l’accouchement ?

Une petite boule bien dure, calée entre l’estomac et la glotte, qui me hache le souffle quand j’y pense. Je me souviens des paroles des autres femmes, avant : tu verras, une fois que c’est fait, tu es tellement heureuse que tu oublies la douleur.
Manifestement, nous n’avons pas la même faculté mémorielle et sensorielle.

Pourtant, tout avait plutôt bien commencé, avec une sensation d’étrangeté supplémentaire entre mon corps et moi, une sorte de lévitation interne qui m’avait poussée à acheter le seul et unique test de grossesse que je n’ai jamais utilisé de ma vie. Sensation de vertige tiède et doux à la lecture de la confirmation de mon soupçon, absolue légèreté de l’être en lui annonçant que nous avions mis au but du premier coup. Et quelques degrés de séparation de plus entre ce corps et moi, cette arche de Noé destinée à perpétuer l’espèce, ce vaisseau spatial lancé vers un avenir incertain et dont les flancs hébergent l’Alien.
Je suis la matrice, la circonférence, l’enceinte fortifiée qui ne forcit pas et dont le ventre est comme en sous-location. Mon corps ne m’appartient plus, il est une extension anonyme du grand corps médical tout puissant. Soixante euros la poignée de main avec l’illustre accoucheur béarnais dont le pas pressé emplit de son écho industrieux les couloirs de la clinique. Un Comment allez-vous ? purement formel et médical, présentation du sexe dont je suis définitivement dépossédée, clic-clac, merci, au revoir et à la prochaine. Dix minutes chrono pour une heure de route à l’aller, autant en salle d’attente et les récriminations de mon patron qui exige que je bascule mon suivi prénatal sur mes congés. Mon corps dérange le corps social, le ventre mou de l’entreprise productiviste. Tout devient plus rond, plus lourd, mais, à l’intérieur, je surfe sur une sublime vague de détachement.

C’est comme une épée qui se serait fichée au creux de mes reins. Mon ventre est lourd et dur comme une pierre. Réveil en fanfare au cœur de la nuit, le soir de mon 32e anniversaire. Ressac. La douleur s’efface et je replonge dans le sommeil. La nuit s’étire au rythme des contractions. Toutes les 30 minutes. Trop long. Attendre. Un jour entier à faire les cent pas, à manger debout pour soulager la tension interne, dormir un peu. Une nouvelle nuit, encore plus inconfortable, sans sommeil. Deuxième jour. Rien de neuf. Impossible d’aller en clinique tant que les contractions sont espacées de plus de cinq minutes, sinon, c’est une heure de route dans le froid et la neige qui menace de tomber pour être renvoyée dans ses pénates au bout du compte. Précision médicale au service de la rentabilité des rotations des lits. Le jour s’achève enfin et je traîne ma fatigue immense et mes kilos en trop entre deux contractions violentes. Dix minutes. Encore trop long pour décoller, bien trop court pour se reposer. 23 h, deuxième jour, le seuil des cinq minutes est enfin franchi, encore une heure de route et je confie ma souffrance à la toute-puissance médicale. Une heure du matin, le travail patine toujours, la douleur omniprésente me transforme en bête apeurée, l’épuisement est complet : je commence le gros du travail sans aucune force en réserve. L’apprentie sage-femme de nuit, tout en douceur et compassion, me propose une dose de morphine pour dormir un peu. Je m’enfonce presque immédiatement dans un vertige cotonneux et sans fond dont j’émerge au petit matin par une contraction d’une violence encore inconnue et dont l’intensité va pourtant crescendo.

La sage-femme de jour est un masque de sévère compétence, raide, sèche comme un coup de trique, toute entière projetée dans le respect du protocole. Je suis chair, je suis un corps malade, je suis une succession de gestes techniques chronométrés.

La salle de travail est purement fonctionnelle et pensée pour faciliter le travail du plateau technique. Nous y sommes des intrus. C’est un hall de gare dont les portes battantes laissent parfois passer une petite foule en blouse de couleur qui vient s’informer sans aucune forme de civilité de l’état de ma dilatation et qui commente cette violation de ma chair intime avec la même indifférence que si j’étais un objet. De la salle de travail jumelle et attenante, s’échappent le brouhaha rassurant des affaires rondement menées : quelques poussées, quelques cris, et voilà le nouveau-né qui vagit et l’équipe qui évacue prestement les lieux pour la fournée suivante. Je pensais avoir opté pour la meilleure clinique de la région, je suis juste échouée dans un pondoir industriel où l’on purge efficacement les flancs de toutes les inconséquentes à près de 100 km à la ronde.

De temps à autre, la sage-femme de jour s’engouffre dans ma propre salle, le pas lourd de ses silences réprobateurs, et enfonce un doigt inquisiteur et quelque peu vengeur dans mon vagin tout en me fusillant du regard. Femme au rabais, me voilà parturiente encombrante et de mauvaise foi, qui fait traîner son travail et grippe la petite machine à dépoter les bébés. La pose de la péridurale a soulagé la douleur intense quelque temps, mais la perfusion a encore accéléré le rythme des contractions pendant que mon col, mon fichu col rebelle, refuse de s’effacer. Mon corps entier vibre d’indignation contre le traitement qui lui est infligé. Les heures s’égrènent et la douleur revient sans que je retrouve le contrôle de mes muscles. Vers 11 h 30, la sage-femme rébarbative décide que la comédie a assez duré et me rabat les genoux derrière les oreilles. Je proteste faiblement et me débats contre les étriers qui emprisonnent mes pieds et forcent mon bassin à basculer en arrière. C’est absurde. Mon périnée est en surtension et le crâne de ma fille ne cesse de repartir en arrière à la fin de chaque poussée péniblement arrachée à la pesanteur. Je suis totalement à bout de force. Je n’ai ni dormi ni mangé depuis deux jours, l’effet protecteur de la péridurale s’estompe, mais je n’ai toujours pas retrouvé le plein contrôle de mes muscles. Je suis en train de m’éloigner de toute cette souffrance et je ne me rends même plus compte que c’est moi qui suis en train de hurler comme une bête blessée. Du coin du regard, je vois la sage-femme nazie monter sur un tabouret pour mieux s’affaisser ensuite de tout son poids sur mon ventre énorme qui refuse de se vider. J’ai seulement peur. Par flash confus, je me rends compte que je vais mourir. Je pousse, je pousse, à m’en déchirer les entrailles, mais il n’y a plus rien, plus de jus. Je crois bien que la sage-femme m’engueule. Puis, après un temps flou et indéterminé, je vois les bottes blanches de l’obstétricien emplir mon champ de vision. Ce sont les mêmes que celles que chaussent les ouvriers dans les abattoirs à canards. On a glissé un seau à la verticale de mes fesses pour y recueillir tous les fluides qui s’écoulent abondamment de moi. L’homme est en train de monter bruyamment une sorte de gros couvert à salade. Qu’il enfonce sans préavis dans mon sexe pour y chercher la tête de ma fille. J’ai l’impression d’être écartelée. Quelqu’un pose une petite chose vagissante sur ma poitrine lourde et tendue comme un tambour, mais mes bras sont tellement faibles que je n’arrive pas à la tenir. Je cherche du regard quelqu’un pour m’aider, mais déjà, tout le monde s’affaire sur autre chose. C’est finalement son père, pâle, ravagé, en état de choc, qui aura la présence d’esprit de me tenir le coude pour que je ne laisse pas échapper mon enfant par terre, du haut de mon étroit lit de souffrance. Je devrais être heureuse. J’ai juste froid et envie de pleurer. Voilà tout ce qui reste de ce qui aurait pourtant dû être le beau jour de notre vie.

Mon corps a nourri ma fille. C’est ce que je voulais. Créer du lien avec elle. Tenter de me connecter avec moi-même. Malgré la chair, abondante, qui refuse de refluer. Malgré l’épisiotomie qui m’empêche de m’asseoir, de marcher correctement, qui me blesse et qui rend mon sexe encore plus étranger qu’il ne l’a jamais été.

Mais quelque chose a quand même changé. Pas mon regard, pas mon divorce de longue date, non, de nouvelles sensations, de nouvelles envies. La fin des migraines. C’est long, presque insidieux, il me faudra encore quelques années pour comprendre et cesser toute intrusion chimique dans ce fichu corps. Me reconnecter. Prendre possession de la chair. Enfin. Comprendre le jeu des muscles sous la peau, entendre le murmure du flux sanguin. Décider d’entretenir la carcasse plutôt que de la mépriser. Comprendre, enfin, que je ne suis pas une femme-machine, un esprit perdu dans une prison de chair, mais bien un être complet, entier, relié à l’ensemble du monde par son interface corporelle. Apprécier l’effort. Goûter le plaisir du corps qui complète l’esprit et l’emmène sur d’autres chemins. Jouir des flots d’endorphine que l’activité sportive libère dans mes veines. Reprendre contact avec moi-même, pouvoir enfin sourire à mon propre reflet. Contempler avec indulgence et apaisement les ridules et la petite brioche. Se réjouir de pouvoir habiter pleinement ce vieux corps, si familier et si nouveau à la fois. Partir avec lui sur les routes du Gers, l’emmener en balade vers les sommets, lui donner le soin qu’il mérite et recevoir en échange un univers de sensations nouvelles et délicieuses.
Ne plus avoir honte. Ne plus avoir peur.
Exister, pleinement. Profiter de la vie. Tant qu’il y en a.
Être libérée de mon carcan mental pour habiter enfin mon être entier.
Courir, grimper, souffler, ressentir.
S’abreuver à l’étang salé de mon humanité retrouvée.
Enfin.

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53 réactions à cet article    


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 20 janvier 2010 11:26

    C’est tellement beau qu’on dirait que c’est Amélie Notomb qui l’a écrit !

    Vous écrivez pour elle ?


    • faxtronic faxtronic 20 janvier 2010 13:33

      t es vache la, alois !


    • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 13:38

      Ouais, j’avoue, c’est rude. D’un autre côté, j’aimerais bien avoir son compte en banque...


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 20 janvier 2010 15:21

      Non franchement c’est bien écrit et tout , mais, j’avais l’impression de pénétrer dans votre intîmité ce qui m’a mis un peu mal à l’aise...

      Je ne suis pas habitué à ce genre de confidences.

      Sinon, le bébé va bien ?




    • Bardamu 20 janvier 2010 16:20

      Amélie, ce n’est guère un compliment que cela !
      Et heureusement pour la jeune dame qui écrit... son verbe est un cran au-dessus ! 

      Pour dire, ce n’est pas mal !... un peu poseur néanmoins : on n’est pas encore au coeur des mots, d’une réalité palpable, mais en une belle périphérie !


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 20 janvier 2010 23:08

      Pourtant, Amélie Notomb a aussi eu une relation problématique avec son corps, sa féminité et sa sexualité : c’est pour ça que je trouvais qu’il y avait une sorte de connivence entre les deux auteures.


    • Monolecte Monolecte 21 janvier 2010 00:05

      C’était une boutade : j’aime bien aussi ce qu’écrit Nothomb. C’est juste que les comparaisons et les étiquettes me mettent parfois un peu mal à l’aise.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 21 janvier 2010 01:43

      @ Vous.

      Vous aidez la beauté à naître de la condition humaine. Brillant, une habile obstétrique, mais cruel comme d’avoir fermé cette boîte, vous savez, avant que que ne s’en soit échappée l’espérance... Hier, c’était mon anniversaire et je suis bien vieux.... Parlons donc de politique et autres vanités...


      Pierre JC Allard



    • Bardamu 21 janvier 2010 09:01

      @Alois :


      Oui, vous avez raison de comparer nos deux dames, cela en regard au « corporel » !... c’en est même lénifiant, lassant, soporifique car nombriliste, cette psychologie à deux balles !

      C’est même ici la marque d’une écriture féminine, à présent : le tripal à Angot, les délires Nothombiens, l’hystérie de Darrieussecq, le romantisme infantile et gnangnan de Chapsal, et j’en passe.

      J’attaque fort !... je n’ai pas pour habitude de pointer à l’armée du salut, de flatter la victime auto proclamée, de pleurer sur qui s’épanche déjà si bien sur lui, remplit des sceaux, en chiale des litres !... mais je crois bien qu’en se féminisant ainsi, s’analysant à outrance, s’étudiant avec complaisance, s’affectant jusqu’au dégoût de soi, des autres, la littérature n’est rien moins qu’agonisante.

      Aurais-je l’idée, moi, de faire un bouquin en monologuant avec ma verge -d’autres nous endorment bien de leurs monologues vaginaux !-, ou d’étaler, sans pudeur aucune, mes états d’âme ?

      A la différence, Céline -mon maître !-, lorsqu’il décrivait la douleur, le faisait avec virilité, entendons par là non en une plainte, une approche victimaire, mais sur le versant du combat, de la survie presque.
      Aussi avait-il vécu la guerre, et ne rendait-il pas seulement compte de ses séances de psychanalyse.

      Alors, eh bien ! lorsque l’on a pas grand-chose à dire, force est d’admettre qu’il vaut mieux ne pas écrire !

      Ici, c’est un peu « asinus asinum fricat », un âne gratte l’autre : en d’autres termes, ceux qui ont enterré la littérature flattant ceux qui l’enterrent... une entente entre fossoyeurs donc !


    • Pierre de Vienne Pierre de Vienne 20 janvier 2010 11:52

      Cueilli à froid par ce beau texte, âpre et sans concessions, on reste un peu éssouflé et admiratif.

      La réincorporation comme première étape vers la liberté, la connivence restaurée avec son corps qui passe par la description d’une dépossession opérée par le regard des autres, le corps médical, les conventions, et aussi par le sentiment d’étrangeté au monde.
      Merci d’avoir su mettre des mots pour décrire cet aprentissage, bonnes promenades dans votre nouveau corps. 
       

      • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 13:40

        Non, il est toujours trouvable sur Lulu.com. Je cherche un éditeur normal pour une sortie normale à un prix normal.


      • Gabriel Gabriel 20 janvier 2010 12:48

        Que dire après un tel écrit ? Une si belle maîtrise du langage et de la douleur décrite au scalpel. Je m’interroge, Votre corps a-t-il une chance de guérir si votre cœur est malade ? Nos corps sont le résultat d’incidents biologiques et comme vous le dites si bien, il n’est que le véhicule. Ce véhicule est un ami douteux ; il produit souvent ce que nous n’aimons pas ; car il y a trop de choses dans le corps qui ne peuvent être mentionnées. Le corps nous sert souvent psychologiquement à personnifier notre ombre. En contre partie, la croissance de l’esprit est à l’inverse de la croissance du corps. Si celui ci grandit en prenant de la taille. L’esprit grandit en perdant de la hauteur. La sainteté renverse les lois de la maturité. L’homme y est la fleur, l’enfance le fruit. Nous sommes tous des imposteurs dans l’ensemble de ce monde, nous prétendons tous être quelque chose que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas des corps qui vont et viennent, nous ne sommes pas des atomes et des molécules, nous sommes des idées de l’Être, indestructibles, impérissables….. Bonne prise de tête, et parcours toujours en devenir. Aussi pour respirer, comme vous, sur les parois de calcaires, je vais me grimper afin d’oublier pendant quelque temps l’inéluctable.

        Beau texte. Merci


        • PhilVite PhilVite 20 janvier 2010 13:01

          Peut-être nait-on vraiment le jour où le corps et l’esprit fusionnent ?

          Avant ça, c’est un peu le bordel.


          • Bardamu 20 janvier 2010 13:53

            Ah, la médecine, quelle drolatique farce humaniste !

            Les médecins ?... des corbeaux ! cols relevés et de blanc vêtus !... va, « que la fête commence » !

            Pas pire qu’un hôpital !... infantilisé, chosifié, t’es plus qu’une maladie, un diagnostic à accoucher à grands coups de symptômes.

            Des pitres, vous dis-je !... et de la pire espèce, celle qui se veut humaine, bafouille sa leçon : le patient à choyer, à réparer d’office !

            Jamais sans gants pour vous toucher les morbides !... vous, la sale bête !... masque sur le museau, il se défie de la mort notre carabin !... l’a trop peur qu’elle gonfle ses statistiques.

            Jamais connu aussi stupide qu’un qui se serait engagé en cette affaire médicale et d’autant castratrice ! 
            Si !... deux peut-être !... mieux encore, tout ce que la Terre peut porter de blouses blanches.

            De vrais pingouins, vous dis-je !

            Alors, bravo à la jeune dame qui, à sa manière, a si bien vu la chose !... l’infâme imposture, et si vite expédiée !

             


            • kitamissa kitamissa 20 janvier 2010 13:56

              pour ma part,c’est un de mes fils qui s’est marié dare dare,vu que sa dulcinée était presque au bout de son terme ...
              après le repas du midi,le restau du soir ...douleurs et perte des eaux à la sortie du repas,vite l’ambulance,la maternité ,et trés rapidement pour une parturiente,naissance de sa fille ( comme une lettre à la poste !)

              tout ça mené tambour battant en une journée de l’an 2000 !

              beau père le matin ,grand-père le soir ! qui dit mieux ? smiley


              • sissy972 20 janvier 2010 14:33

                Que c’est beau un homme racontant son accouchement !
                pour mon aîné mon mari était là, normal je me suis dis c’est le premier, faut qu’il y soit pour qu’il voit ce qu’il m’a fait ! pour la deuxième, j’étais seule et c’était aussi bien !
                 
                Monolecte,
                Très beau texte, surtout la partie où vous racontez votre délivrance. Rien que de le lire j’en ai les entrailles (je voulais écrire tripes mais cela aurait fait charcuterie) qui se serrent.
                Ces douleurs de l’accouchement ! quelle horreur. Cétait pour les messieurs qui s’imaginent qu’ils sont venus au monde comme une lettre à la poste. Ne vous êtes vous jamais retrouvés avec une longue et large enveloppe à vouloir mettre dans la fente de la boite aux lettres et qu’elle ne rentrait pas ?
                Sylvia 


                • Sandro Ferretti SANDRO 20 janvier 2010 14:35

                  Monolecte, comment vous dire... ?
                  Je vous aime bien, vous écrivez plutôt bien, vous avancez à visage découvert, nonobstant le pseudo. Voilà pourquoi je perds quelques minutes à écrire ces mots sur vos maux, après avoir pas mal hésité.
                  Je suis partagé entre quelque chose qui ressemble à du respect ( écrire sur soi sans pudeur, et je ne parle pas de celle du corps, mais celle du dedans)et le stupeur de voir étalé, pour la deuxième fois sur le site, tant d’intimité vaine.
                  Pour qui, pour quoi ? Est-ce votre petit mot sur le frigo pendant que vous ouvrez le gaz ? Mais alors, pour qui ?
                  S’y joute aussi un malaise sur la façon que vous avez de « sexuer » vos propos, avec un féminisme larvé. Ne pensez vous pas que le quinquagénaire guetté par l’adénome prostatique a aussi de la gêne lors du toucher rectal annuel ? ( et plus, si affinité).

                  Ne croyez -vous pas, homme/ femme confondus dans le grand naufrage, que cela va aller de mal en pis avec l’âge ? Que celui qui n’a pas « torché » sa mère et vidé son bassin dans le lit médicalisé , elle qui fut une resplendissante hotesse d’Air France dans les années 50/60 passe son chemin, il ne sait pas de quoi je parle.
                  Alors, pourquoi tout ce déballage ?
                  Monolecte, vous « écrivassez », alors je vais vous raconter deux histoires, moi qui, comme le dit mon pict, n’aime pas trop raconter sa vie.
                  Il y a quelques années , j’appréciais un écrivain qui avait un blog, et pondait des billets brillants, qui causaient de descentes en rappel dans les Dolomites et les Drus, de filles qui couinaient sous ses coups de boutoirs, de la vie, de tout, en mouvement. On avait un peu correspondu, anonymement, par mail. Avant de se tirer une balle, il m’avait confié qu’il était tétraplégique depuis 17 ans. Ce jour là, j’ai pris une leçon, je n’avais rien vu, rien deviné. Un écrivain. L’écrivain n’écrit pas sur lui, c’est une des rares choses que je sais.

                  L’autre histoire, c’est celle d’Alain Fournier. Ecrivain brillant, clown triste de Desproges dans certaines de ces prestations télévisuelles, que j’avais briévement rencontré, sans savoir.
                  Et puis, il y a deux ans, il sort « Où on va , Papa ? », sur ses deux enfants trisomiques, tout de noirceur ironique et brillante, la catharsis des mots. Mais personne n’en savait rien. Il eut un prix, mais perdit la mère de ses enfants, qui depuis écrit sur son blog tout le mal qu’elle pense de ce déballage, fut-il brillant.

                  Voilà, Monolecte, vous étes intelligente, donc vous m’avez compris, je pense. Et je regrette déjà d’avoir posté.


                  • Sandro Ferretti SANDRO 20 janvier 2010 14:45

                    Jean -Louis Fournier, pardon (et pas l’Alain Fournier du Grand Meaulnes, c’est ma mémoire reptilienne qui me joue des tours...)


                  • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 15:01

                    Vous savez donc très bien, Sandro, que malgré les apparences, ce n’est jamais sur moi que j’écris vraiment, que ces brides de vie que j’expose sur la place publique ne sont que le terreau sur lequel j’espère planter le débat, ouvrir le dialogue, créer l’échange. Je ne suis pas un cas particulier. Je suis une parmi toutes les autres et c’est pour cela qu’il n’y a pas de question d’impudeur dans ces écrits. Un accouchement, un viol, le sentiment amoureux, la trahison, la colère, les relations au corps, tout cela est de l’ordre de l’universel. C’est parce que je n’ai rien de particulier que je peux livrer ce genre de chose. Ce qui m’est propre est de l’ordre de l’intime, du privé et ne sort pas de mon clavier, sauf pour mes proches.


                  • Imhotep Imhotep 20 janvier 2010 15:01

                    Monolecte un de mes auteurs préférés.


                    Euh, et l’enfant ?

                    • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 16:55

                      Sept ans et en pleine forme. Mais ne comprend pas mon manque d’allant manifeste à l’idée de lui dépoter un petit frère smiley


                    • Jean-Fred 20 janvier 2010 16:16

                      Merci Monolecte pour ce billet comme toujours écrit avec beaucoup de talents.
                      C’est un vrai plaisir de vous lire, votre écriture me fait penser à une prof de français que j’ai connu à une époque.

                      Néanmoins, mis à part l’accouchement très touchant, cette femme que vous racontez ne me donne pas très envie de la connaître, je me demande bien quel homme la voudrait pour femme.

                      Honnêtement, une femme qui déteste son corps à ce point doit être invivable, elle ne doit pas savoir jouir, non pas qu’elle en soit incapable mais simplement parce qu’elle ne le veut pas. Bref encore une frigide qui n’assume pas sa féminité !

                      Autre chose, ce monde n’est pas un monde d’hommes pensé par et pour les hommes, qu’elle entre en guerre contre son corps parce que relais complaisant d’un monde d’hommes OK, mais ajouter que ce monde est pensé par et pour des hommes me semble inexact et déplacé !


                      • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 16:57

                        Ben tu vois, j’ai eu du bol. je suis tombée sur un homme patient qui a su m’aimer au-delà de ce problème. Tout n’est pas résolu (peut-on réellement tout résoudre un jour, j’en doute), mais c’est en bonne voie et c’est ce qui rend ce papier possible.


                      • PhilVite PhilVite 20 janvier 2010 17:09

                        « ...et à nos chevaux et à ceux qui les montent ! »

                        Ben voilà que je cite JC maintenant... smiley


                      • A. Nonyme A. Nonyme 20 janvier 2010 16:22

                        Magnifique texte !


                        • plancherDesVaches 20 janvier 2010 16:30

                          Pour avoir aidé ma femme à se sentir à nouveau bien dans son corps aprés l’ablation de son sein, il se pourrait peut-être que vous ayez un souci d’image.

                          Mais je ne suis qu’un humain lambda et n’ai surtout pas à vous juger. Juger est se mettre au dessus des autres. Imaginez...


                          • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 16:59

                            Le soucis d’image est plus global que ma petite personne. les dysfonctionnements de la perception du corps féminin sont très importants dans notre société et nous n’allons clairement pas dans la voie de l’apaisement.


                          • plancherDesVaches 20 janvier 2010 21:23

                            Bon, ben...

                            Si vous essayez de faire semblant de lutter contre quelque chose qui semble d’après vous augmenter, je ne peux que vous souhaitez bonne chance dans un combat perdu d’avance.


                          • Georges Yang 20 janvier 2010 16:37

                            Au debut, avec cette detestation du corps, on s’attend a voir virer le texte vers une histoire d’anorexie mentale> Apres, les disgressions sur la grossesses ne peuvent etre comprises que de celles qui l’on vecu>
                            Ayant eu a pratiquer (quelqus ) accouchements, je n’y ai jamais eprouve la moindre satisfaction, c’est probablement ce qui m ;’attire le moins en medecine> J’aime trop les femmes pour aimer les meres


                            • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 17:02

                              Non, pas d’anorexie mentale, mais tout de même des troubles du comportement alimentaire : une hyperphagie socialement acceptable dans mon coin de Gascogne. Réinvestir mon corps nécessite aussi d’apprendre à refuser qu’on me resserve 4 fois du même plat. C’est d’ailleurs un problème qui ne touche pas que les femmes et j’ai des amis hommes qui doivent compenser pas mal dans le sport pour ne pas se laisser envahir par la bouffe.
                              Maintenant, j’ai consacré une bonne partie de mes études supérieures à l’étude du comportement alimentaire humain !


                            • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 20 janvier 2010 16:53

                              Ce texte est magnifique ! Ce n’est pas un article mais une œuvre charnelle.


                              • Monolecte Monolecte 20 janvier 2010 17:03

                                Merci ! smiley


                              • Proudhon Proudhon 20 janvier 2010 18:30

                                Que dire de plus.
                                Moi, les textes de Monolecte, j’aime. Point barre !


                                • Lisa SION 2 Lisa SION 2 20 janvier 2010 18:48

                                  bonjour Monolecte,

                                  " ces brides de vie que j’expose sur la place publique ne sont que le terreau sur lequel j’espère planter le débat, ouvrir le dialogue, créer l’échange. " Terreau fertile sur lequel je n’ose venir semer ma petite graine, de peur de féconder chez vous de cinglants sentiments. En effet, vous apportez un regard sur le corps médical d’une froideur sans borne, avec une acuité digne de la plus pointue frappe chirurgicale...En quelques lignes, vous dévoilez toute la dérive de cette religion qui a remplacé l’Eglise au centre de nos cités et qui s’est installée entre l’école et le cimetière. C’est si vrai : http://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/bonjour-deshabillez-vous-68083

                                  votre écriture peut provoquer l’accouchement chez les emburkés mentaux, bravo.


                                  • Salsabil 20 janvier 2010 20:07

                                    Bonsoir Monolecte.

                                    La vie est bouleversante comme le fut la lecture de ce superbe billet.

                                    Cruelle impuissance...


                                    • rocla (haddock) rocla (haddock) 20 janvier 2010 20:17

                                      La raison pour laquelle a été inventée la beauté , l’ art , la danse , la couleur musique rythme cadence pour oublier le triste état qu ’ on gère .

                                      J’ aurais pas osé écrire ce texte , merci de l’ avoir fait .

                                      Moins lucide , ça passe ...


                                      • Sébastien 20 janvier 2010 20:45

                                        J’arrive pas à déterminer si l’article est plus chiant que les commentaires ou l’inverse...

                                        En tout cas continuez comme ça au moins ça vous occupe.


                                        • Biaise Biaise 20 janvier 2010 22:00

                                          Oui, heu, « Amélie Nothomb », comme insulte, il y a bien pire. Qui plus est, savez-vous qu’on n’ est pas obligé de considérer un écrivain contemporain célèbre à succès comme un vendu écrivaillon de basse qualité ? Bon, je dis ça, c’« est juste que j’ai du mal à accepter le fait de faire des jugements de valeurs aussi radicaux en les prenants pour des preuves de bon gouts au sujet de la littérature qui est l’histoire d’une relation entre un écrivain et son lecteur. Il n’y a pas de bons ou mauvais écrivains dans l’absolu, mais dans le relatif, c’est à dire le lecteur »correspondant" à l’écrivain, la bonne union.

                                          Au sujet de l’article : relation réussie donc. Vos mots m’ont capturée. je suis restée scotchée à mon écran, la bouche entrouverte et le cœur battant.


                                          • nightflight nightflight 20 janvier 2010 22:32

                                            Votre texte est tout simplement une merveille !

                                            Tout commentaire de ma part serait superflu.

                                            Merci


                                            • Deenye Deenye 20 janvier 2010 23:03

                                              Perso, je trouve que cela relève du ’déballage’ malsain.

                                              Je cherche encore l’intérêt de ce texte...en vain.

                                              C’est une idée ça : je vais faire un bouquin pour raconter les examens passés récemment dans un hosto, avec force détails graveleux...

                                              On a l’impression en vous lisant d’assister malgré nous à une séance avec votre psychiatre...


                                              • A. Nonyme A. Nonyme 20 janvier 2010 23:09

                                                Cherche encore !...


                                              • Deenye Deenye 20 janvier 2010 23:33

                                                J’ai assez perdu de temps comme ça...


                                              • Hieronymus Hieronymus 20 janvier 2010 23:59

                                                bonsoir
                                                avis aux thuriferaires nombreux ici :
                                                serait p’tet bon d’apporter un bemol, une p’tit nuance des fois
                                                sinon la Madame, elle va avoir la grosse tete, croyez pas ?
                                                plus serieusement chere Monolecte, je m’incline devant votre franchise
                                                on etait habitue avec vous a des trucs + ou - douloureux, plutot + en fait
                                                mais la pour le coup, c’est du hard, fout meme un peu les boules ...

                                                je dois etre qq’un de pas tres malin passe qu’a suivre votre echange avec Sandro
                                                ben j’sais pas si votre texte c’est du live ou de la fiction, y a comme du 2nd ou 3eme degre
                                                ds vos echanges, j’ai impression que y a ambiguite voulue et vous preferez comme cela ?

                                                un autre truc aussi qui m’interpelle ds votre prose, c’est la detestation que vous clamez haut et fort de votre corps feminin, oui, car ce que vous visez specialement ce n’est pas la condition charnelle d’incarnation que nous deplorons tous depuis Cioran mais l’etat de femme que vous semblez particulierement incriminer, je me demande si qd meme vous n’en rajoutez pas un peu expres a ce niveau la, avec vous ce n’est plus « de l’inconvenient d’etre ne » mais « de l’inconvenient d’etre femme » ... hmm ?
                                                est ce afin de provoquer les hommes que vous maudissez tout specialement ces exquises protuberances charnelles qui sont objet de concupiscence ?
                                                cette plastique corporelle n’est tout de meme pas que desagrement, il y a forcement des contreparties valorisantes, physiques et/ou psychologiques ... ou detrompez moi ?


                                                • Deenye Deenye 21 janvier 2010 00:46

                                                  « ben j’sais pas si votre texte c’est du live ou de la fiction, y a comme du 2nd ou 3eme degre
                                                  ds vos echanges, j’ai impression que y a ambiguite voulue et vous preferez comme cela ? »

                                                  C’est tout le problème...

                                                  Soit c’est du 1er degré, et auquel cas, ça sonne comme une exhibition de sentiments très intimes, dont on cherche en vain le but recherché par l’auteur.
                                                  Au fil de ma lecture, je m’attendais après cette longue introduction, à finir par tomber sur un événement, un fait, qui expliquerait le pourquoi de l’article, mais finalement...rien...

                                                  Soit c’est du 2nd degré, et là encore, on se demande où l’auteur veut en venir :
                                                  Le thème du problème de l’acceptation de son corps ?
                                                  Si c’est le cas, la méthode pour poser le problème paraît un peu inutilement glauque...

                                                  Vraiment, je suis curieux de comprendre...

                                                  Merci d’avance à l’auteur pour sa réponse.


                                                • Monolecte Monolecte 21 janvier 2010 08:07

                                                  Je donne à lire un cheminement, une base de réflexion non pas sur moi (effectivement, on s’en fout un peu, de moi), mais sur la condition humaine à laquelle je suis aussi soumise. Ce texte est relié par lien à des textes précédents qui explorent certaines problématiques propres à la condition féminine contemporaine. J’ai mis du temps à explorer cet aspect des choses, parce que, justement, il y a comme l’idée tacite dans cette société que la cause des femmes n’est presque plus à défendre, que nous avons l’égalité (sauf pour les salaires, cette broutille), que nous avons le meilleur système de santé au monde (oups, ça donne pas envie de savoir ce qui se passe ailleurs) et tout ce genre de choses qui laissent à penser qu’il faut nécessairement se taire.
                                                  Le premier papier sur ce thème est assez récent dans ma trajectoire d’écriture, c’est La Sorcière des mers, et il fait parti de ces papiers qui devaient sortir absolument, ne serait-ce que pour exprimer la colère profonde que j’ai ressenti en me rendant compte à quel point le corps médical et social m’avait floué de ma propre existence, alors que je croyais en effet sincèrement que ce genre de problème était derrière nous.
                                                  Je ne pensais vraiment pas continuer à écrire sur ce thème, mais j’ai reçu tellement de témoignages affolants, tellement d’histoires qui corroboraient la mienne que j’ai compris que cette histoire dépassait très largement le cadre de mon nombril et qu’il y avait encore bien des combats à mener.

                                                  Alors, je prends ma pelle et je creuse, quitte à y laisser quelques plumes, quitte à en faire chier certains, parce que je pense que ces textes sont au-delà du déballage indécent, ils participent à la hauteur de mes faibles moyens, à poursuivre un combat que les mères et les grandes-sœurs ont pensé un peu hâtivement avoir gagné.


                                                • Hieronymus Hieronymus 21 janvier 2010 23:52

                                                  bonsoir Monolecte
                                                  devrais je avouer que votre reponse me laisse assez circonspect
                                                  - on ne sait pas a qui vous repondez vraiment primo, reponse package ?
                                                  - j’avais en gros 2 questions :
                                                  1) votre recit est autobiographique ou romance ? la dessus vous entretenez le meme flou
                                                  2) je m’interrogeais sur votre detestation affichee du corps feminin, la c’est carrement zappe

                                                  par contre vous nous servez ensuite (j’imagine que vous repondez aux 2) un long passage qu’on pourrait pour resumer qualifier de brulot feministe, « combat a continuer », « lutte pour l’egalite », « cause des femmes », « condition feminine contemporaine » et j’en oublie, bref les poncifs habituels que je trouve (excusez moi) d’un chiant total et en plus franchement a cote de l’esprit general de votre texte, bcp plus litteraire, ds la melancholie et la reverie...

                                                  dites Monolecte, la complainte de la pauvre femme victime, trouvez pas que ca fait un peu rengaine ?
                                                  il y a de la complaisance et du nombrilisme a se poser en victime en tant que categorie sociale, on sent le militantisme, la personne qui va chercher a nous faire la morale en nous culpabilisant nous les hommes (bah oui puisse qu’on est pas des femmes), c’est quasi automatique, si vous insinuez que vous etes lesee en tant que categorie sociale cela signifie que la categorie sociale opposee en profite !
                                                  j’ai aucune envie de rentrer ds cette polemique la (meme s’il y a Gul en dessous qui aimerait bien) le discours feministe n’apporte generalement rien de constructif, aucune idee nouvelle, c’est juste l’exploitation d’un sentiment de culpabilite chez les hommes a fin de revendications supplementaires voire de jouissance revancharde (revanche de quoi d’ailleurs ?)
                                                  bref interet zero, fatigue totale
                                                  cordialement


                                                • Salsabil 22 janvier 2010 00:05

                                                  Ta ! ta ! ta ! Hieroymus !

                                                  Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

                                                  Je n’aime pas plus que vous le discours féministe borné et agressif.

                                                  Il me semble par contre intéressant d’aborder le sujet sous une forme de discussion cordiale. Dire la vérité n’est pas systématiquement se poser en victime. C’est vous qui voyez une victime, ne faites pas de votre interprétation du texte et des réactions qui le suivent une équivalence absolue avec ce qui est dit d’autre part....

                                                  Enfin, de mon point de vue, je trouvais comme je l’ai dit plus bas que cet article pouvait amener à une discussion plus générale sur la dignité humaine (sans notion de genre) et l’intimité qui s’y rapporte.

                                                  Cordialement.


                                                • Hieronymus Hieronymus 22 janvier 2010 04:00

                                                  chere Gul
                                                  quel plaisir de vous voir
                                                  dommage qu’il n’y ait plus votre photo
                                                  vous etiez parfois si jolie ...

                                                  oui le feminisme, je suis contre toute forme de feminisme
                                                  c’est comme l’islamisme, je ne pense pas qu’il existe une version soft
                                                  il ne s’agit pas de misogynie non plus, simplement je ne vois pas en quoi ce debat me concernerait, accepter d’y repondre c’est deja un aveu de reconnaissance auquel je suis oppose, circulez y a rien a voir

                                                  oui la misere de notre condition physique, vaste debat
                                                  cela renvoie directement a des problemes eschatologiques
                                                  comme le mystere de l’incarnation, question quasi insondable
                                                  mais ce n’est pas vraiment la direction prise par l’auteure ds le fil
                                                  si j’en juge par ses reponses nettement plus « feministes » que son article
                                                  cordialement


                                                • Salsabil 21 janvier 2010 07:40

                                                  Bonjour Monolecte,

                                                  Je viens de lire encore une fois ce texte après avoir vu les différents commentaires dont un certain nombre sont emprunts d’une espèce de mépris, on sent le « balayage d’un revers de main », ce n’est pas outre mesure surprenant mais quelque part dérangeant.

                                                  Je me dis que les tabous sont encore tellement présents, (et ce n’est pas forcément toujours une mauvaise chose), qu’ils en arrivent à provoquer un rejet de la réalité.

                                                  Les mots existent et tu as su, comme souvent, fort bien les utiliser pour exprimer un de ces mal-êtres que l’on ressent parfois au cours de la vie. Je crois qu’il est sans doute difficile pour beaucoup de se regarder en face, d’accepter un questionnement pas forcément moralement correct... C’est tellement insensé que la naissance d’un enfant, l’heure H de la séparation corporelle ne soit pas « le plus beau jour de ma vie », n’est-ce pas ? smiley

                                                  Et enfin ce voile levé sur la douleur, l’incompréhension, le sentiment d’impuissance, l’effacement de ce que l’on croyait être soi, toute cette belle prose est pour moi l’expression même d’une dignité et d’une intimité justement respectées. Il n’y a aucune vulgarité, aucun voyeurisme dans ton écrit. Il y en a à qui ça manque peut-être ?... smiley

                                                  Et puis il est aussi étonnant que presque personne ne relève cette note d’espoir à la fin qui explique la réconciliation cheminante d’un corps et de l’âme qui l’habite. Il y a pourtant un apaisement qui transparaît et qui touche comme la caresse d’un aïeul sur les cheveux de sa plus jeune descendance.

                                                  En conclusion, je confirme ce que je disais plus haut, ce texte est superbe, à tous points de vue.

                                                  Cordialement.


                                                  • Monolecte Monolecte 21 janvier 2010 08:14

                                                    Merci à toi d’avoir tout lu et compris dans cette démarche qui n’est, effectivement, pas évidente.
                                                    ceux qui me lisent depuis des années (chez moi depuis 2004) savent que cette thématique est récente, mais je la ressens aussi comme une nécessité, non pas pour m’autopsychanalyser en public (comme tu le notes justement, c’est parce que je suis en train de dépasser tout ça que je peux écrire) mais pour sensibiliser, faire prendre conscience du chemin que la cause féministe doit encore parcourir.
                                                    Sinon, allez aussi voir La domination masculine au ciné : ça éclairera tous ceux qui pensent encore que le féminisme est un combat d’arrière-garde ou une victoire acquise depuis longtemps !


                                                  • bonnes idees 21 janvier 2010 11:06

                                                    En lisant la première ligne de l’auteur, je me suis dit « on va avoir droit à la promotion canapè ». Après avoir hésité à lire le texte entièrement, je me suis plongé dedans ce matin même. Le texte est fluide et très bien orchestré. L’accouchement est ci bien decrit que je me dis d’avoir de la chance d’être un homme. L’interprétation parfaitement chronométrée entraine un certain « ralentit » dans la perception des douleurs. Le temps s’allonge à n’en plus finir. Distortion désagréable du temps dans un corps tordu. Un corps qui ne vous appartient plus pendant ces longs moments pénibles.


                                                    • Deenye Deenye 21 janvier 2010 12:01

                                                      Je vais mettre les pieds dans le plat :

                                                      « Dix minutes chrono pour une heure de route à l’aller, autant en salle d’attente »

                                                      Comme tout le monde, quoi...
                                                      On va pas se mettre à pleurer sous prétexte que vous n’avez pas de passe-droit...
                                                      Perso, je passe ma vie à poireauter dans des salles d’attente de médecins, et je n’en fait pas un article sur Agoravox.

                                                      "La salle de travail est purement fonctionnelle et pensée pour faciliter le travail du plateau technique. (...) C’est un hall de gare dont les portes battantes laissent parfois passer une petite foule en blouse de couleur qui vient s’informer sans aucune forme de civilité de l’état de ma dilatation et qui commente cette violation de ma chair intime avec la même indifférence que si j’étais un objet.« 

                                                      Vous préféreriez peut-être être accueilli dans un endroit »pas fonctionnel« , sale, par des gens incompétents ??
                                                      Le personnel médical fait son job, ils ont autre chose à faire que de perdre leur temps dans le ’protocole’...
                                                      Si c’est si problématique, vous pouviez accoucher toute seule chez vous...
                                                      Là, personne ne serait venu vous parler de dilatation...

                                                      Juste 2 exemples mais le reste est du même acabit.
                                                      Ca me fait penser à une discussion que j’avais hier : ma cousine s’est rendue dans un centre pour avoir des adresses de nourrice pour son fils.
                                                      Une fois le papier récupéré, scandale : »non mais je rêve, la c**** elle m’a filé 250 numéros, qu’est-ce que je vais me faire ch*** à faire le tri, c’est inadmissible etc..."
                                                      Sans penser un seul moment que la plupart des gens rêverait d’avoir le choix de la nounou, et que donc, elle se plaint alors qu’elle est extrêmement privilégiée par rapport à la moyenne, et que donc, la décence et la dignité voudraient qu’elle se taise.

                                                      Voilà, j’ai exactement le même sentiment en lisant ce texte. (qui m’a d’ailleurs ’travaillé’ toute la nuit tant je le trouve indécent)

                                                      Des professionnels sont là pour vous accoucher, dans un endroit propre, spécialement prévu à cet effet, et vous nous faites un scandale parce que la sage-femme n’a pas dit bonjour...
                                                      Savez-vous que dans de très nombreux pays, vous auriez été obligée de vous débrouiller toute seule, sans la moindre hygiène ?

                                                      Ensuite, est-ce que savez combien de femmes ’crèvent’ de ne pas pouvoir avoir d’enfants ?
                                                      Ca ne vous paraît pas un peu insultant, votre texte, par rapport à toutes celles qui ont eu moins de chance que vous (et qui n’en font pas tout un plat...) ?


                                                      • Minga Minga 25 janvier 2010 03:13

                                                        Nous avons publié un texte du Dr Marc Girard qui reconsidère la nécessité de certains actes « médicaux » inutilement dégradants et/ou douloureux pour les femmes, à partir des données cliniques disponibles. Au delà de la clinique, il propose une analyse à la fois historique et psychanalytique (d’inspiration freudienne) des non-dits cléricaux et patriarcaux autour des tabous relatifs au corps féminin. Vous pouvez le lire ici en html ou là au format pdf.
                                                        Accessoirement, ça répond aux messages comme celui de Deenye autrement que par un déni éponyme ...

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